Analyse microéconomique

Perspectives macroéconomiques canadiennes – Juin 2025

Garder le cap dans une économie marquée par des bouleversements commerciaux et géopolitiques.


En bref

  • L’effet d’entraînement de l’ambiguïté tarifaire dépasse les conséquences financières immédiates.
  • Cela peut orienter les décisions d’embauche, les stratégies d’innovation et l’ensemble des trajectoires de croissance de l’entreprise. 

Alors qu’avance le deuxième trimestre de 2025, l’économie canadienne se trouve à la croisée des chemins, sous l’influence de l’interaction complexe entre les dynamiques économique, politique et commerciale. Les récentes élections fédérales ont marqué le virage vers un nouveau contexte politique, susceptible d’estomper les incertitudes associées aux attentes stratégiques nationales. Cependant, les effets de ces changements, combinés à la persistance des tensions commerciales avec les États‑Unis, continuent de poser des défis à l’économie. 

 

Élections au Canada et stabilité politique

Les dernières élections sont susceptibles de stabiliser le contexte politique au Canada, favorisant ainsi la prévisibilité propice aux investissements d’entreprise. Un gouvernement déterminé à relever les défis économiques intérieurs pourrait renforcer la confiance chez les consommateurs et les entreprises. Toutefois, l’efficacité de la nouvelle administration dans la gestion des relations commerciales avec les États-Unis jouera un rôle crucial dans l’évaluation de l’étendue des retombées positives connexes.

 

Dynamique commerciale

L’ambiguïté et l’incertitude associées à la politique commerciale américaine, y compris les tarifs de base imposés à presque tous les pays, devraient entraîner des conséquences économiques mondiales d’envergure. L’interconnexion du commerce mondial implique que ces tensions commerciales affecteront le Canada et se répercuteront sur les marchés internationaux. En outre, l’imposition prolongée de tarifs sur l’aluminium, l’acier et les automobiles est susceptible d’exercer des pressions supplémentaires sur les secteurs canadiens et de compliquer la route vers la reprise économique.

 

Attentes en matière d’inflation

Les contre-mesures tarifaires du Canada à l’égard de plusieurs marchandises, dont l’aluminium, l’acier et les automobiles, y compris les tarifs de 25 % visant les automobiles non conformes à l’ACEUM importées des États-Unis, sont susceptibles de provoquer des pressions inflationnistes au Canada, puis de conduire à la hausse des coûts pour les consommateurs et les entreprises, ce qui pourrait freiner les dépenses de consommation et les investissements d’entreprise.

 

Le Canada pourrait connaître une récession en 2025

En raison de tensions commerciales persistantes, l’économie canadienne pourrait connaître une récession technique vers la mi-2025, clôturant l’année avec une croissance modeste de0,5 %. Toutefois, une reprise est prévue en 2026, avec une croissance susceptible d’atteindre 1,6 %.

En réponse au ralentissement de la croissance économique au cours de l’année dernière, la Banque du Canada a entrepris d’assouplir sa politique monétaire, abaissant le taux directeur d’un sommet de 5,0 % au taux actuel de 2,75 %. En avril, la Banque a renoncé à d’autres baisses de taux en raison de la hausse des attentes en matière d’inflation, principalement attribuable aux effets prévus de l’imposition des tarifs américains. Dorénavant, la Banque du Canada est susceptible de maintenir une posture de prudence, surveillant étroitement la conjoncture avant d’apporter tout autre ajustement au taux directeur associé aux pressions inflationnistes attribuables aux tarifs.

Le marché du travail canadien éprouve des difficultés 

Les tensions géopolitiques ont semé l’incertitude économique au Canada et nui au rythme de la croissance de l’emploi. Dans le secteur automobile, certains investissements ont été reportés en raison des tarifs visant le secteur en particulier, y compris un nouveau projet de véhicules électriques en Ontario, tandis que d’autres usines fonctionnent à capacité réduite. Cette situation pourrait conduire à la hausse du taux de chômage dans les régions concernées, compliquant davantage la conjoncture. 

L’incidence des tensions géopolitiques devrait continuer à se faire sentir tout au long de 2025. Par conséquent, le taux de chômage devrait culminer à 7,0 % au troisième trimestre de 2025. En outre, on prévoit que le salaire réel et les dépenses des ménages stagneront vers le milieu de l’année.

Alors que les difficultés du marché du travail perdurent, dont la hausse du taux de chômage et la stagnation de la croissance des salaires, les consommateurs sont susceptibles de ressentir de plus en plus d’insécurité quant à leur capacité de maintenir leur train de vie. L’insécurité d’emploi peut pousser à faire preuve de prudence en matière de dépenses, les ménages préconisant l’épargne au détriment des dépenses discrétionnaires. Au premier trimestre de 2025, la confiance des consommateurs a connu une baisse importante de 27,4 %, soit la plus importante baisse des deux dernières années. 

L’effritement de la confiance des consommateurs, attribuable aux enjeux du marché du travail et aux pressions inflationnistes, entraîne de grands problèmes dans l’économie en général. À mesure que les consommateurs adoptent une attitude de plus en plus prudente en matière de dépenses, les entreprises pourraient faire face à des pressions accrues les poussant à s’adapter à la dynamique évolutive du marché.

L’ambiguïté commerciale demeure une grande préoccupation des entreprises

L’ambiguïté commerciale demeure une grande préoccupation des entreprises, en particulier dans une époque marquée par une montée des tensions géopolitiques et l’effervescence des politiques. Cette incertitude, en plus d’avoir ouvert la voie à une situation complexe pour le commerce international, a entraîné d’importantes perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et la dynamique des marchés. Tandis que les entreprises sont aux prises avec la fluctuation des tarifs et des possibilités de mesures de rétorsion, nombreux sont ceux qui trouvent difficile de planifier leurs activités pour les années à venir. Cette imprévisibilité peut causer de l’hésitation au moment de réaliser des investissements stratégiques, alors que les entreprises évaluent les risques associés à des hausses de tarifs.

Les conclusions de notre récent sondage sur les perspectives des chefs de la direction soulignent la gravité de la situation : 88 % des chefs de la direction canadiens sondés ont déclaré avoir apporté des modifications à leurs plans d’investissement stratégiques en raison du contexte géopolitique et des développements en matière de politique commerciale. Ces modifications révèlent l’adoption d’une approche proactive dans l’atténuation des risques, les dirigeants cherchant à s’adapter à l’évolution du contexte. 

L’effet d’entraînement de l’ambiguïté tarifaire dépasse les conséquences financières immédiates. Cela peut orienter les décisions d’embauche, les stratégies d’innovation et l’ensemble des trajectoires de croissance de l’entreprise. Étant donné que les entreprises désirent demeurer agiles face à l’incertitude, les effets à long terme de ces enjeux pourraient remodeler les secteurs canadiens et redéfinir la concurrence. Enfin, la capacité de composer avec l’ambiguïté sera essentielle pour les entreprises désireuses de prospérer dans une économie mondiale de plus en plus interconnectée et imprévisible.

Résumé

L’effet d’entraînement de l’ambiguïté tarifaire dépasse les conséquences financières immédiates. Cela peut orienter les décisions d’embauche, les stratégies d’innovation et l’ensemble des trajectoires de croissance de l’entreprise. Étant donné que les entreprises désirent demeurer agiles face à l’incertitude, les effets à long terme de ces enjeux pourraient remodeler les secteurs canadiens et redéfinir la concurrence. Enfin, la capacité de composer avec l’ambiguïté sera essentielle pour les entreprises désireuses de prospérer dans une économie mondiale de plus en plus interconnectée et imprévisible.

Perspectives macroéconomiques canadiennes

 

Instabilité économique. Turbulences commerciales. Reprise modérée. Les économistes d’EY sont à l’affût des principaux indicateurs et tendances, puis les intègrent à des approches pratiques contribuant à éclairer vos décisions. Car s’élever au‑dessus de l’incertitude exige de l’agilité, de la confiance et le courage de battre le fer quand il est encore chaud… avec audace. 

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