An empathetic female counselor listens as a vulnerable patient shares about a difficult situation.

Transformer les modèles de soins pour une meilleure santé mentale pour tous

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Personne‑ressource locale :Shannon MacDonald, associée, Solutions de soins de santé numériques, EY

Une nouvelle étude d’EY a recensé quatre secteurs à cibler où les organismes de santé peuvent améliorer l’accès, l’expérience et les résultats en matière de santé mentale.


En bref

  • Des entretiens réalisés avec des cadres du secteur de la santé révèlent que la collecte de données inadéquate sur la santé mentale freine les efforts déployés pour extraire des informations exploitables.

  • Les cadres du secteur de la santé souhaitent une plus grande uniformité dans la pratique des soins de santé mentale et, aussi, qu’on prête une plus grande attention à la prévention.

  • Dans le secteur de la santé, l’amélioration des soins en santé mentale passe par la transformation numérique, laquelle fournira une meilleure connaissance des données et favorisera la mise en place d’un écosystème de soins intégrés.


Dans l’enquête d’EY de 2025 sur la consommation en matière de soins de santé au Canada, plus de la moitié des personnes interrogées (55 %) estiment que le système de soins de santé mentale au pays est passable ou médiocre.

Les consommateurs se sont montrés vraiment ouverts à des dépistages préventifs en matière de santé mentale. Huit personnes sur dix ont indiqué qu’elles seraient ouvertes à passer un bilan de santé mentale annuel s’il était disponible gratuitement ou à un coût minime, soit une proportion plus importante que les personnes qui passeraient un examen de la peau (78 %).

L’accès reste problématique, 42 % des personnes sondées ont indiqué qu’il était très difficile ou plutôt difficile d’obtenir des soins en temps opportun. Au cours d’entretiens parfois très émotifs, les cadres du secteur de la santé ont eux aussi mentionné qu’il était difficile d’avoir accès à des soins en santé mentale appropriés pour leurs proches. Un de ces cadres a raconté à quel point il « était étonné du nombre d’appels qu’il avait reçus de personnes, parfois totalement inconnues, qui avaient observé que ma fille ou mon fils éprouvait des difficultés ». 

Partout dans le monde, les longs délais d’attente pour les services de santé mentale sont monnaie courante, entraînant trop souvent une détérioration des symptômes des personnes qui se présentent aux urgences en situation de crise1, 2.

La dernière étude d’EY attire l’attention sur diverses solutions pour améliorer les résultats et l’expérience des patients, grâce à un système qui démystifie le parcours, est plus transparent sur le plan des coûts et des résultats, et aide à mettre les personnes en contact avec les bons prestataires au moment optimal tout au long de leur parcours de soins.

Presque tous les experts en soins de santé interrogés ont déclaré qu’il est essentiel d’améliorer la collecte et l’analyse de données pour aider les pays à comprendre les besoins des populations et des personnes en matière de santé mentale, afin qu’ils puissent forger une intervention plus efficace et s’orienter vers des soins davantage fondés sur des mesures.

Des parties prenantes impatientes ne saisissent pas l’importance des soins en santé mentale

Toutefois, les réseaux de santé n’ont pas réussi à convaincre les usagers de la grande valeur que représente la prestation de soins de santé mentale. Un Canadien sur trois (33 %) ayant répondu à l’enquête d’EY a déclaré qu’il pouvait régler son problème lui‑même, tandis que 17 % ont déclaré que l’aide fournie par un professionnel ne fonctionnait pas.

Croient qu’ils peuvent régler eux‑mêmes leur problème
Ne pensent pas qu’un soutien professionnel serait utile

Ce scepticisme pourrait être attribué au parcours lui‑même, les patients indiquant qu’ils ne savent pas comment être admis dans le réseau. Plus d’un tiers des personnes (34 %) ont déclaré ne pas savoir où chercher de l’aide en santé mentale.

Nos résultats montrent que les répondants canadiens sont confrontés à des difficultés d’accès, à des barrières culturelles et à un manque de compréhension du type de soins dont ils ont besoin, qu’il s’agisse d’un psychologue qui peut proposer une thérapie par la parole, d’un psychiatre qui peut prescrire des médicaments, d’un pair‑conseiller ou de quelqu’un entre les deux. 

La solution réside dans la transformation numérique des soins de santé.

1. Améliorer la collecte et l’analyse des données sur la santé mentale pour obtenir de meilleurs résultats qui sont plus équitables.

Des entretiens réalisés avec des dirigeants du monde entier révèlent que, si la collecte de donnée de qualité est en retard dans le système de santé traditionnel, elle est terriblement inadéquate dans le secteur de la santé mentale en général. En conséquence, les organismes de santé n’ont souvent pas une idée précise des besoins de leur population et n’ont pas la vision nécessaire pour intervenir de manière proactive au niveau individuel.

Sans cette infrastructure de données, les organismes de santé ne sont pas en mesure d’appliquer des outils d’analyse de base ou d’IA pour recueillir des renseignements sur la demande et les besoins des patients. Avant que les systèmes de santé ne tentent de mettre en place ce type d’infostructure, il serait important d’élaborer des politiques de gouvernance qui tiennent compte de la réglementation unique en matière de confidentialité des données relatives à la santé et à la santé mentale et de déterminer comment utiliser les données de manière à garantir la confiance. Au moment venu de l’intégration des systèmes et de l’application de l’IA, ces politiques joueront un rôle important pour éviter que se glissent des partis pris ou des hallucinations qui pourraient exacerber les enjeux existants.

L’enquête a également constaté que, à l’échelle mondiale, les consommateurs sont ouverts à l’utilisation d’outils numériques qui les aideraient sur le plan de la santé mentale, pourvu que les organismes de santé soient transparents et s’efforcent de démontrer l’intérêt d’utiliser les technologies de santé numérique qui serviront à les mettre en communication avec des prestataires, des groupes de pairs et d’autres formes de soutien.

Plus de la moitié (57 %) des répondants canadiens ont déclaré qu’ils n’hésiteraient pas à subir les tests génétiques qui pourraient leur indiquer s’ils sont prédisposés à souffrir de certains troubles mentaux et 53 % se sentiraient à l’aise d’utiliser des technologies numériques qui recueillent et partagent leurs données de santé mentale avec les prestataires de soins.

Les organismes de santé doivent intégrer la protection de la confidentialité et la sécurité à la conception des infostructures[DJ1] , des applications et des algorithmes. Pour les patients, il est important qu’on leur garantisse que leurs données sont cryptées de bout en bout et qu’elles resteront stockées en sécurité dans les systèmes auxquels ils ont accordé un accès à leurs données.

À ce sujet, Louise Pichette, directrice des sciences de la santé du MaRS Discovery District, suit de près certaines entreprises en démarrage qui exploitent le filon de la médecine personnalisée. « Nous avons observé que certaines entreprises utilisent l’IA et d’autres outils pour analyser les réponses au traitement de personnes souffrant de certains troubles mentaux et prédire comment elles pourraient réagir à différentes approches. »

Elle aussi a souligné la nécessité de disposer de données plus complètes. « Nombre de nos modèles, tant du point de vue de la technologie que de l’IA, sont construits à partir de données qui ne sont pas représentatives de l’ensemble de la population. Un grand nombre de lacunes ont été recensées dans les données relatives à la dépression postpartum et l’on sait qu’il existe un grand nombre de liens sous‑jacent avec la santé mentale qui touchent les femmes. Or, les entreprises qui explorent ces domaines sont très peu nombreuses. À mon avis, ce secteur est vraiment propice à l’innovation. »

2. Transformer les modèles de soins pour améliorer le triage, et renforcer la prévention et l’intégration

Les entretiens et les conclusions de l’enquête mettent en évidence les obstacles à l’accès en temps opportun aux soins de santé mentale, obstacles qui sont souvent synonymes d’inefficacité et de gaspillage. Lorsque l’acheminement des personnes n’est pas fait de manière appropriée, dans un trop grand nombre de cas, celles‑ci se retrouvent en situation de crise, ce qui fait que les ressources du système sont monopolisées par les soins à donner aux patients hospitalisés et les soins intensifs. Pendant ce temps, il n’y a plus de place pour traiter des problèmes qui auraient pu être résolus plus tôt dans le processus avec moins de souffrances, des coûts moindres et un plus faible fardeau imposé sur le réseau de santé.

Les entretiens réalisés mettent en évidence la capacité des équipes de soins de santé mentale intégrées de fournir le bon niveau de soins lorsque leurs clients en ont besoin, en augmentant ou en diminuant les soins, et plus particulièrement quand on sait que nombre de ces personnes en difficulté ne savent pas ce dont elles ont besoin.

« Il y a eu vraiment beaucoup de fragmentation et de cloisonnement des services. L’idée est de rassembler tous les intervenants en une seule communauté afin qu’ils puissent travailler en collaboration pour offrir les services nécessaires à un jeune et que celui‑ci n’ait pas à chercher toutes les ressources dont il a besoin », fait remarquer Karen Tee, codirectrice administrative de Foundry, qui utilise un modèle intégré. « [Foundry permet aux patients] de se rendre à un seul endroit pour obtenir tout ce dont ils ont besoin, qu’il s’agisse de conseils, d’une consultation chez un médecin généraliste pour un rhume, de services d’assistance professionnelle ou simplement d’un entretien avec un intervenant en services de soutien aux pairs. »

Evan Romanow, sous‑ministre, ministère de la Santé mentale et des Dépendances du gouvernement de l’Alberta, a exprimé une opinion similaire : « Il ne devrait pas y avoir de gardien à la porte, malheureusement, c’est trop souvent le cas. Si quelqu’un se rend à la porte d’un établissement, il a besoin d’aide pour s’y retrouver et doit être informé de ce que sera l’étape suivante. »

Les résultats de l’enquête suggèrent que les omnipraticiens ou les prestataires de soins de première ligne peuvent être le point d’entrée dans le réseau de soins de santé mentale. En effet, 60 % des répondants canadiens ont déclaré que leur médecin habituel leur avait été extrêmement utile ou très utile pour obtenir de l’aide pour leur santé mentale. Mais pour tirer parti de cette opportunité, il faudrait des plateformes de données intégrées et un écosystème mieux coordonné, axé sur la prévention.

Les organismes de santé peuvent également envisager de créer des portes d’entrée numériques intuitives et utiles en misant sur les portails en ligne ou les applications qui contribuent à améliorer l’expérience des soins de santé mentale et à la rendre plus efficace, en établissant des liens entre les personnes et les soins lorsqu’elles en ont besoin et en expliquant les moyens pour obtenir de l’aide. Plus des trois quarts (77 %) des répondants canadiens ont déclaré qu’ils seraient heureux d’avoir un accès virtuel ou numérique au soutien en matière de santé mentale, soit d’ailleurs plus que ceux qui préfèrent se rendre au cabinet d’un professionnel de la santé mentale (65 %).

3. Montrer l’importance et les progrès réalisés aux citoyens et aux parties prenantes

Près de la moitié des répondants canadiens à l’enquête (46 %) ont indiqué que des raisons financières constituaient pour eux un obstacle à l’obtention des soins en santé mentale. Si ces répondants sont déjà préoccupés par leur capacité de payer et, en plus, ne sont pas convaincus de la valeur des soins, alors les organismes de santé pourraient certainement bénéficier d’un effort d’éducation du public et des autres parties prenantes sur la valeur des soins de santé mentale, pour les aider à comprendre les décisions prises pour le traitement de leurs problèmes et en leur montrant que des progrès concrets peuvent être réalisés.

Le fait qu’il n’y ait pas d’offre de soins fondés sur des mesures entrave la capacité des prestataires à faire valoir auprès des citoyens la valeur des services de santé mentale. D’autres parties prenantes dénoncent le manque de responsabilité lorsqu’il s’agit d’obtenir des résultats de qualité en matière de santé mentale.

Les leaders du secteur de la santé ont également exprimé le souhait d’une plus grande normalisation dans la prestation des soins de santé mentale, à l’instar de ce qui a été fait cliniquement pour des pathologies comme l’hypertension artérielle et le diabète.

Pour le traitement de ces affections, « nous disposons de lignes directrices de pratique clinique véritablement centrées sur les soins, et les médecins et équipes de soins de première ligne ont accès à un soutien pour les aider à évaluer, à identifier, à dépister, puis à prendre les décisions et à mettre en œuvre un traitement, le tout étant assorti de moyens clairs pour le signalement à un niveau supérieur lorsque la personne traitée en ressent le besoin », a expliqué le Dr Sacha Bhatia, vice‑président directeur, soins primaires et soins en milieu communautaire, ministère de la Santé de l’Ontario au Canada. « Nous n’avons pas une telle structure pour le traitement de la dépression et de l’anxiété, et c’est pourtant essentiel. »

Les dirigeants voient dans la technologie un moyen de réduire certains écarts dans les normes de soins. « La technologie et l’intelligence artificielle pourraient contribuer à harmoniser les pratiques afin d’éviter ces écarts dans les soins », a déclaré Ron Johnson, vice‑président et chef de l’exploitation de NL Health.

Près de la moitié (47 %) des personnes ayant eu recours à des services de santé mentale ont changé de professionnel de la santé mentale en cours de route, la principale raison invoquée étant qu’elles n’étaient pas satisfaites de leurs progrès (43 %).

Selon les experts en santé mentale, il reste bien du travail à faire pour aider le public à comprendre le type de soins qui est approprié lorsqu’il s’agit de leur santé mentale.

« Puisque collectivement la stigmatisation a beaucoup diminué et que les médias, les familles et les milieux de travail parlent de plus en plus de la santé mentale, notre plus grand défi maintenant est de définir ce dont nous parlons. Qu’est‑ce qu’une maladie psychiatrique par rapport à la santé mentale et au bien‑être? », poursuit M. Romanow. « Nous devons éviter de médicaliser à outrance ce qui n’a pas besoin de l’être. Il n’est pas nécessaire de courir voir un psychiatre si en fait ce dont vous avez besoin est d’avoir une conversation ouverte avec un membre de votre famille ou un ami. » 

Kym Kaufmann, chef de la direction du Canadian Centre of Recovery Excellence, a ajouté : « La demande en services psychiatriques est importante à l’échelle nationale et il est impératif de garantir la disponibilité de ces professionnels pour aider les personnes souffrant de maladies mentales. La mise sur pied de réseaux de soins solides, qui comprennent l’accès à des programmes cliniques fondés sur des données probantes au sein de la communauté, aidera les personnes à mener une vie satisfaisante et bien remplie. »

4. Investir dans les domaines où, selon les citoyens, les organismes de santé présentent des lacunes importantes

 

L’étude d’EY recense divers points du parcours de la santé mentale où les possibilités sont nombreuses pour les organismes de santé d’améliorer les interactions que les citoyens jugent les plus importantes, mais aussi les plus difficiles.

 

Un tiers des répondants canadiens (32 %) ont mentionné que le manque de professionnels de la santé mentale ayant des compétences propres à leurs besoins était un obstacle, tandis que 46 % ont parlé des longs délais d’attente.

 

L’étude d’EY sur la consommation recense divers points du parcours de la santé mentale où les possibilités sont nombreuses pour les organismes de santé d’améliorer les interactions que les patients jugent les plus importantes, mais aussi les plus difficiles. Ces points sont les suivants :

 

  • Savoir par où commencer pour trouver de l’aide pour ma santé mentale
  • Savoir quel type de professionnel de la santé mentale consulter
  • Obtenir des soins en temps opportun lorsque le besoin est présent
  • Choisir le bon type de professionnel qui correspond à mes besoins
  • Trouver des services que je peux me payer
  • Être clair sur les frais à la charge du patient
  • Faire savoir que les soins de santé mentale sont abordables

 

L’enquête suggère que les patients sont submergés d’informations et ne savent pas de quel type de prestataire ils ont besoin. Ils ont du mal à avoir accès aux soins en temps opportun et à comprendre les coûts financiers associés, ce qui entraîne des inégalités. L’investissement dans l’amélioration de ces expériences peut contribuer à créer des expériences plus harmonieuses et transparentes pour les patients.

Résumé

La moitié de la population mondiale devrait développer un ou plusieurs troubles mentaux au cours de sa vie avant l’âge de 75 ans.3, 4

Après la pandémie de COVID‑19, les pays du monde entier se sont retrouvés en situation de crise alors qu’a été observée une montée des troubles de dépression, d’anxiété, de sentiment de solitude et d’autres problèmes5

chez leurs populations de jeunes et d’adultes.À l’échelle mondiale, le manque d’investissement dans les soins de santé mentale préventifs ne constitue pas une façon d’éviter les coûts, puisque la perte de productivité et les autres incidences sociétales entraînent d’autres coûts. Toute personne qui a dû attendre d’avoir accès à des soins avec un enfant ou un être cher en crise de santé mentale sait à quel point cette situation peut être terrifiante, tout comme le fait de ne pas savoir où aller, à qui faire confiance, quel type d’aide est nécessaire, ce qu’elle coûtera et si elle fonctionnera. Après la pandémie, les coûts pour la société, les familles, les prestataires et les systèmes de santé sont évidents. Des parcours de soins de santé mentale plus efficaces, plus transparents, plus préventifs et plus abordables sont la voie à suivre.

Sondage mondial d’EY sur les services de santé aux consommateurs 2025


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