Homme avec un parapluie jaune sur une plage en temps orageux.

Comment la volatilité et la vulnérabilité à l’échelle mondiale se répercutent-elles sur la présentation de l’information financière selon les IFRS?

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Comment les entreprises tiennent-elles compte des enjeux tels que les risques géopolitiques, les événements macroéconomiques et les changements climatiques dans leurs états financiers en IFRS?


En bref

  • Les flux de trésorerie des entreprises devraient subir des pressions internes et externes accrues attribuables à des facteurs liés aux changements climatiques.
  • Il est plus important que jamais de présenter des états financiers transparents qui reflètent l’incidence réelle du ralentissement économique sur la performance et les perspectives d’une entreprise.
  • Tous ces facteurs auront une incidence sur les états financiers en IFRS d’une société.

Dans sa dernière édition des Perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) souligne que l’activité économique mondiale connaît un ralentissement général plus prononcé que prévu, l’inflation n’ayant jamais été aussi élevée depuis des décennies. Le FMI cite la crise du coût de la vie, le resserrement des conditions financières dans la plupart des régions, la guerre en Ukraine et les conséquences persistantes de la pandémie de COVID‑19 pour expliquer le niveau actuel d’incertitude accrue et l’inflation élevée. Cette incertitude qui règne sur le marché se répercute dans les états financiers en IFRS des entreprises.

Les investisseurs requièrent des informations pertinentes et en temps opportun sur les répercussions des événements macroéconomiques. Une information est considérée comme pertinente si les investisseurs peuvent raisonnablement s’attendre à ce qu’elle ait une incidence importante sur l’entreprise et, donc, qu’elle influence leurs décisions de placement.



En vertu des IFRS, les entreprises doivent tenir compte de l’incidence de ces faits nouveaux sur le plan comptable (par exemple l’évaluation des pertes de crédit attendues ou le moment d’évaluer la dépréciation d’actifs) et fournir des informations utiles à la compréhension des états financiers.



Des prix des marchandises élevés et volatils

La forte volatilité des prix des marchandises a perturbé le marché, particulièrement en raison de la guerre en Ukraine. Les augmentations des prix des marchandises, comme le pétrole et le gaz naturel, ont entraîné une hausse soutenue des coûts des intrants pour de nombreux fabricants, car elles ont une incidence sur les coûts d’acquisition et de construction de nombreux actifs divers (tels que les immobilisations corporelles, les immobilisations incorporelles et les stocks).

 

Bon nombre de producteurs et d’utilisateurs de produits de base concluent des opérations de couverture portant sur des dérivés pour se protéger de la volatilité des prix des marchandises. Alors que ces dérivés ont réduit l’incidence directe des récentes augmentations tarifaires, l’augmentation des prix des marchandises pourrait quant à elle déclencher un appel de marge pour les contrats dérivés et perturber la situation de trésorerie des entreprises. Lorsque les marchés sont perturbés, les dérivés peuvent ne plus compenser parfaitement les variations du risque couvert, ce qui entraîne la comptabilisation de l’inefficacité de la couverture directement dans le résultat net dans le cas où la comptabilité de couverture est appliquée. Compte tenu des faits nouveaux, les entités peuvent également devoir reconsidérer l’application de l’exception « pour utilisation par l’entité », par exemple si la livraison réelle de marchandises n’est plus prévue comme elle l’était initialement.

 

La hausse des taux d’intérêt

À l’échelle mondiale, l’augmentation des taux d’intérêt s’explique par le risque de marché plus élevé et les mesures prises par les banques centrales pour ralentir l’inflation. Les entreprises qui ont contracté des dettes devront composer avec les fortes pressions liées à la hausse des coûts d’emprunt et, possiblement, à la hausse des coûts de refinancement dans l’avenir. En outre, de nombreuses normes IFRS exigent que les actifs et les passifs non courants soient évalués en tenant compte d’un taux d’actualisation afin de refléter la valeur temps de l’argent (pensons, par exemple, à l’évaluation à la juste valeur des immeubles de placement au moyen des flux de trésorerie actualisés). Lorsque les taux d’intérêt augmentent, la valeur actualisée de ces actifs et passifs diminue. Cela peut avoir une incidence sur des aspects de l’information financière, notamment : les tests de dépréciation, les provisions, les obligations liées à la mise hors service d’immobilisations, les contrats de location, les instruments financiers, et la réévaluation des immobilisations corporelles et incorporelles.

 

La forte inflation

L’inflation a atteint un sommet inégalé depuis plusieurs décennies dans de nombreuses économies et elle se révèle plus persistante qu’il était prévu initialement. Un risque pèse sur les entreprises en général : les contrats de vente à prix fixe que de nombreuses entreprises pourraient avoir conclus risquent de ne plus couvrir le coût d’exécution des ventes, ce qui en fait des contrats déficitaires. Les entreprises peuvent également avoir conclu des contrats explicitement liés à l’inflation, ce qui signifie que les actifs ou les passifs, par exemple les contrats de location de biens immobiliers, peuvent devoir être ajustés en fonction de l’inflation.



Un certain nombre de normes IFRS font spécifiquement référence à l’inflation parmi les hypothèses à prendre en compte à des fins d’évaluation.



Par exemple, l’inflation est particulièrement importante pour évaluer les dépréciations d’actifs, qui nécessitent de procéder à des estimations sur les produits et les charges futurs. L’inflation a également une incidence sur de nombreux autres aspects de la comptabilité, notamment la détermination de la valeur résiduelle des immobilisations corporelles et de la valeur nette de réalisation des stocks. L’évaluation des provisions pour obligations futures (par exemple les provisions pour démantèlement) peut également être fortement influencée par l’inflation.

Certaines entités peuvent également être touchées par l’hyperinflation, qui fait l’objet d’une norme IFRS particulière. Il y a actuellement une tendance à la hausse du nombre de pays en proie à l’hyperinflation, qui a une définition précise, et les pays qui sont considérés comme hyperinflationnistes entrent dans le champ d’application d’une norme IFRS particulière. L’application des normes IFRS à des filiales qui mènent leurs activités dans des pays hyperinflationnistes est complexe et peut avoir une incidence considérable sur le bilan consolidé et l’état du résultat.

Guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine a eu bon nombre de répercussions économiques. De nombreux pays continuent d’imposer des sanctions à des entités et à des ressortissants russes, et des sanctions ont également été imposées au Bélarus. Ces sanctions, de même que les possibles variations des prix des marchandises et des taux de change, les restrictions en matière d’importation et d’exportation, la disponibilité des matériaux et des services à l’échelle locale et l’accès aux ressources locales, auront une incidence directe sur les entreprises qui ont une présence ou des activités importantes en Russie, au Bélarus ou en Ukraine. Cette situation soulève un certain nombre de considérations comptables selon les IFRS pour les entreprises qui pourraient être exposées aux fluctuations des prix des marchandises et des taux de change et entraîne également la possibilité d’un ralentissement économique prolongé. Par exemple, les restrictions visant la réalisation de certaines activités peuvent influer sur l’entité, soit directement en raison de la comptabilisation de pertes de valeur et de contrats déficitaires, soit indirectement, notamment en raison de l’augmentation des pertes de crédit attendues.

La pandémie de COVID‑19

La pandémie de COVID‑19 a eu de sérieuses répercussions sur l’économie mondiale et, même si de nombreuses restrictions relatives au confinement ont été assouplies, beaucoup d’entreprises en subissent encore les conséquences. Les répercussions financières de la pandémie peuvent être constatées dans la plupart des sections des états financiers en IFRS d’une société (par exemple la comptabilisation de changements visant des contrats de location ou des stocks obsolètes). La manière de présenter ces répercussions et de fournir de l’information à cet égard demeure une considération importante pour les entreprises qui sont encore touchées.

Changements climatiques

Les efforts pour réduire l’impact de la société sur les changements climatiques n’ont jamais été aussi importants. Parallèlement, les parties prenantes exercent sur les entreprises une pression sans précédent qui n’est pas près de s’estomper, afin de les amener à communiquer des engagements clairs.

Bien qu’il n’existe aucune norme explicite concernant les questions climatiques en vertu des IFRS, les risques et autres questions liés aux changements climatiques peuvent avoir une incidence sur plusieurs aspects de la comptabilité. 



Bien que l’incidence immédiate sur les états financiers ne soit pas nécessairement importante sur le plan quantitatif, de plus en plus de parties prenantes s’attendent à ce que les entreprises expliquent la manière dont elles prennent en compte les questions liées aux changements climatiques dans la préparation de leurs états financiers, dans la mesure où elles sont importantes d’un point de vue qualitatif.




Les parties prenantes comptent également sur des informations détaillées concernant les hypothèses, les estimations et les jugements les plus importants en ce qui a trait aux risques physiques et aux risques de transition découlant des changements climatiques, notamment les renseignements pertinents à l’égard des scénarios appliqués par la direction pour déterminer les flux de trésorerie futurs.

Résumé

Les entreprises font face à une véritable tempête d’événements hors du commun, que ce soit la crise du coût de la vie, le resserrement des conditions financières dans la plupart des régions, la guerre en Ukraine, ou encore la pandémie de COVID‑19 qui persiste. Cela s’ajoute à l’enjeu des changements climatiques qui devient de plus en plus urgent tant pour les entreprises que pour les investisseurs. L’évaluation des incidences éventuelles sur les entreprises et la façon dont elles doivent être reflétées dans les états financiers en IFRS seront déterminantes dans la présentation de l’information financière en 2022.


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