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Principaux points à considérer alors que les normes internationales d’information sur la durabilité sont sur le point d’être finalisées

Les normes proposées de l’ISSB constitueront un référentiel mondial d’information liée à la durabilité visant à répondre aux besoins des investisseurs et du grand public en matière de politiques.


En bref

  • L’ISSB devra se concentrer sur les besoins des investisseurs en produisant des normes qui requièrent de la rigueur, de la qualité et une comparabilité à l’échelle mondiale de l’information financière liée à la durabilité.
  • La norme IFRS S1 propose des obligations d’information liée à la durabilité afin de permettre aux investisseurs de comprendre les risques et possibilités.
  • La norme IFRS S2 se concentre sur l’identification et l’évaluation des risques liés aux changements climatiques.

L’International Sustainability Standards Board (ISSB) a été formé par l’IFRS Foundation en novembre 2021, avec pour objectif d’établir dans le détail les fondements de normes internationales d’information sur la durabilité qui fournissent aux investisseurs et à d’autres intervenants des marchés financiers de l’information sur les risques et les possibilités liés à la durabilité qui se présentent aux entreprises pour les aider à prendre des décisions éclairées à l’égard de la valeur d’entreprise. Depuis, l’ISSB a publié deux exposés-sondages, soit IFRS S1, Obligations générales en matière d’informations financières liées à la durabilité et IFRS S2, Informations à fournir en lien avec les changements climatiques, aux fins de consultation publique. La période de réception des commentaires a pris fin le 29 juillet 2022 et des centaines de lettres de commentaires ont été transmises par des parties prenantes. À l’heure actuelle, l’ISSB procède à l’établissement du libellé définitif des normes en fonction des commentaires reçus au sujet des propositions.

Aperçu des exposés-sondages et des commentaires en général

La norme IFRS S1 présente les exigences proposées pour les entreprises devant fournir de l’information financière liée à la durabilité à l’égard des risques et possibilités importants liés à la durabilité. En retour, ces données fournissent au marché l’information financière complète qui aidera les investisseurs à comprendre la manière dont les entreprises répondent aux enjeux ESG (comme les changements climatiques) afin d’éclairer leurs décisions en matière d’affectation des capitaux.

De façon similaire, la norme IFRS S2 propose des exigences relatives à l’identification, à l’évaluation et à la communication de l’information financière liée aux changements climatiques.

La réponse de l’ISSB à la demande de normes mondiales d’information sur la durabilité consistant en l’élaboration de ces exigences a été bien reçue. L’organisme a déployé des efforts considérables pour élaborer des exposés-sondages. Des apports de différents normalisateurs et fournisseurs de cadres ont mené à la consolidation d’un ensemble d’exigences ambitieuses qui témoignent du besoin pressant d’un référentiel mondial entourant l’information financière liée à la durabilité.

L’ISSB s’est également appuyé sur le cadre élaboré à la suite des recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC), qui repose sur quatre volets principaux : gouvernance, stratégie, gestion du risque, et mesures et objectifs. En se servant de ce cadre, l’ISSB prévoit l’adoption générale et efficace des exigences par les entreprises. De nombreuses parties concernées sont d’avis que les exigences énoncées dans les exposés-sondages sont compatibles avec leur intention de fournir de l’information financière liée à la durabilité qui favorisera la compréhension des rapports financiers à usage général des entreprises par les investisseurs et aidera ces derniers à évaluer la valeur d’entreprise et, par la même occasion, à décider s’il convient de leur fournir des ressources ou non.

Étant donné que l’établissement de normes internationales sur la durabilité représente l’un des plus importants changements dans le domaine de l’information d’entreprise des dernières décennies, les membres des conseils d’administration et des équipes de la haute direction devront surveiller étroitement les nouveautés en matière de normalisation, en portant une attention particulière à différents enjeux clés abordés dans cet article.

Notion d’entité déclarante

La norme IFRS S1 proposée exige que l’information financière liée à la durabilité présentée par une entreprise se rapporte à l’entité déclarante qui a préparé les états financiers à usage général connexes. Si l’entité déclarante est un groupe, les états financiers consolidés et l’information financière liée à la durabilité seront ceux de l’entité mère et de ses filiales. La définition d’« entité déclarante » concorde avec celle des normes IFRS et exclut les entreprises associées et les coentreprises, étant donné que l’investisseur n’exerce aucun contrôle sur ces entités émettrices. Cependant, selon IFRS S1, l’entreprise serait tenue de fournir l’information significative sur les risques et opportunités liés à la durabilité auxquels elle est exposée. Ces risques et possibilités concernent les activités, les interactions, les relations et l’utilisation des ressources d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur, notamment en ce qui a trait aux participations qu’une société contrôle, y compris les participations dans une entreprise associée ou une coentreprise (p. ex., financement d’une activité émettrice de gaz à effet de serre par l’intermédiaire d’une coentreprise). Il n’est pas encore tout à fait clair si la norme proposée exigera d’une entreprise qu’elle inclue ses entreprises associées et ses coentreprises dans l’information financière liée à la durabilité et qu’elle fournisse des éclaircissements supplémentaires.



Il n’est pas encore tout à fait clair si la norme proposée exigera d’une entreprise qu’elle inclue ses entreprises associées et ses coentreprises dans l’information financière liée à la durabilité.



Dans certains cas, les entreprises emploient déjà des périmètres élargis, autorisés par le Protocole des gaz à effet de serre (c.-à-d. les méthodes fondées sur le contrôle financier, le contrôle opérationnel ou la quote-part de détention), puisqu’ils s’avèrent davantage pertinents au moment d’appliquer le Protocole. Toutefois, une définition différente du terme « contrôle » pourrait semer la confusion chez les utilisateurs quant au périmètre traditionnel de l’information financière à usage général. Par ailleurs, la fourniture d’information sur des tiers autres que des filiales sous contrôle (p. ex., entreprise associée ou coentreprise) pourrait être ardue si l’information connexe est difficile à obtenir.

Selon IFRS S1, le terme « entité déclarante » s’entend de toute entreprise tenue de préparer des états financiers à usage général et devant fournir de l’information financière liée à la durabilité. Certains groupes d’entités (notamment les institutions financières) se composent d’un grand nombre d’entités qui sont tenues de préparer des états financiers. Toutefois, l’information financière liée à la durabilité ne fait pas toujours l’objet d’un suivi au niveau de l’entité au sein du groupe et l’exigence de produire l’information financière liée à la durabilité à chaque niveau d’un groupe d’entités pourrait se révéler coûteuse pour les préparateurs, du moins au début. En outre, l’information liée à la durabilité fournie au niveau de l’entité pourrait être d’une pertinence moindre que celle produite au niveau du groupe. Les obligations d’information financière liée à la durabilité au niveau de l’entité, le cas échéant, seront fonction de la norme finale et des règlements applicables des organismes de réglementation locaux.

Retraitement des chiffres comparatifs

Selon les normes proposées, l’entreprise sera tenue de présenter l’information comparative tenant compte des estimations à jour au moment de fournir de l’information financière liée à la durabilité. Lorsque l’entreprise fournit l’information comparative mise à jour, elle doit présenter les différences par rapport à l’information de l’exercice précédent et justifier les ajustements apportés aux montants.

 

Comme il est décrit dans la base des conclusions des nouvelles normes proposées, l’ajustement rétrospectif des changements d’estimations peut être justifié. Les mesures ne s’inscrivent pas dans un modèle de comptabilisation en partie double qui a une incidence sur les capitaux propres présentés. En raison de la nature de certaines mesures liées à la durabilité, des estimations importantes devront être réalisées. Il pourrait être utile de tenir compte des changements d’estimations concernant les périodes précédentes dans l’information comparative, plutôt que de présenter sciemment de l’information inexacte pour la période en cours. De plus, le retraitement d’estimations pourrait être nécessaire dans le contexte de l’information financière liée à la durabilité, car il permettra de tenir compte de données plus fiables publiées au cours d’une période subséquente (c’est souvent le cas pour les émissions du champ d’application 31 ).

 

Toutefois, le retraitement de l’information comparative est une approche différente de celle que les entreprises adoptent normalement dans la présentation d’information comptable selon les IFRS, en ce que l’effet d’un changement d’estimation comptable est comptabilisé de manière prospective, conformément à IAS 8Méthodes comptables, changements d’estimations comptables et erreurs. À l’heure actuelle, les entreprises pourraient ne pas bien connaître les questions pratiques pouvant découler du retraitement de l’information comparative en lien avec les estimations, particulièrement en ce qui concerne les questions liées à la durabilité, en ce qu’il est possible que l’information à fournir d’un exercice à l’autre change (en particulier lorsque l’information comparative de plus d’un exercice est présentée). Par conséquent, les entreprises devront continuer à assurer le suivi des estimations précédemment présentées afin de les comparer aux résultats réels, une tâche pouvant s’avérer fastidieuse.



Les entreprises devront mieux comprendre les moteurs et les contraintes ayant une incidence sur les parties concernées tout au long de la mise en œuvre des normes d’information sur la durabilité.



Dates d’entrée en vigueur

Les normes proposées ne sont pas assorties d’une date d’entrée en vigueur, laquelle sera fixée par l’ISSB ultérieurement. Les entreprises auront besoin de suffisamment de temps pour s’ajuster au nouveau référentiel mondial. Les obligations d’information proposées seront contraignantes pour bon nombre d’entreprises, car elles pourraient ne pas s’être dotées des connaissances, des systèmes et des processus nécessaires pour intégrer l’information sur la durabilité dans leur information financière. Il sera important de réaliser d’autres activités de consultation auprès des parties concernées et de mettre à l’essai les mesures proposées sur le terrain afin d’aider l’ISSB à mieux comprendre les défis de mise en œuvre auxquels les entreprises devront faire face. Il pourrait également être utile d’harmoniser étroitement les dates d’entrée en vigueur des normes IFRS S1 et IFRS S2 avec celles des autres principaux cadres d’information sur la durabilité de l’Europe et des États-Unis, afin notamment de maximiser le potentiel d’application à titre de référentiel mondial. En outre, il serait judicieux d’adopter une approche graduelle pour l’application des exigences, d’une manière semblable aux dispositions et allégements transitoires que l’International Accounting Standards Board a adoptés lors de l’application initiale de normes IFRS complexes, notamment IFRS 15, Produits des activités ordinaires tirés de contrats conclus avec des clients.



Les décisions que prendra l’ISSB à l’égard de ces questions au moment de la finalisation des normes auront des répercussions importantes sur la mise en œuvre des normes d’information sur la durabilité et sur les processus, les contrôles et les systèmes que les entreprises devront mettre en place.



Les membres des conseils d’administration et les hauts dirigeants devront également se tenir à l’affût des nouveautés en matière de normalisation et des règles proposées par les organismes de réglementation des territoires locaux. Plus particulièrement, il faudra voir si, et comment, les normes de l’ISSB s’intégreront aux obligations d’information sur la durabilité de l’Europe, des États-Unis et du reste du monde. En l’absence d’une harmonisation suffisante des différentes obligations, les multinationales pourraient être assujetties à de multiples cadres d’information liée à la durabilité d’une complexité accrue.


Résumé

En élaborant des normes d’information sur la durabilité, l’ISSB vise à accroître la transparence et à permettre aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées, tout en tenant les entreprises responsables de l’information sur la durabilité de la même manière qu’elles le sont déjà de l’information financière.

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