Femme admirant une vue sur la ville

En quoi une croissance des logements stratégique peut‑elle mener à des finances municipales durables?

Coauteur : Cameron Macdonald | Vice‑président, Conseil en immobilier transactionnel

La tension entre la demande de logements et les besoins en infrastructures augmente dans les municipalités du pays.


En bref

  • Les municipalités canadiennes éprouvent des difficultés à bâtir suffisamment de logements tout en finançant les services et les infrastructures.
  • L’adoption d’une approche stratégique permettant l’utilisation efficace des terrains afin d’accroître les recettes fiscales peut aider les municipalités à assurer la durabilité de leur santé fiscale et à atteindre les objectifs de croissance requis.
  • Le traitement proactif et significatif de ces priorités est susceptible d’avoir une incidence positive sur les bénéfices – et sur la capacité de la municipalité de prospérer – à long terme. 

Les municipalités sont aux prises avec un bras de fer difficile : répondre à une demande importante de nouveaux logements tout en fournissant des infrastructures et services essentiels à l’ensemble des résidents de manière durable sur le plan fiscal. Cette réalité est particulièrement manifeste dans les collectivités canadiennes dont la croissance est la plus rapide. 

Même dans ces circonstances, une occasion d’agir émerge clairement au centre de toute cette complexité. Les municipalités faisant preuve de stratégie dans leur planification (en analysant les coûts de services à long terme et les recettes fiscales potentielles) ont la possibilité de tirer parti de la croissance en matière de logement pour alléger les pressions fiscales au fil du temps. 

Comment la réalité change‑t‑elle pour les municipalités canadiennes ici et maintenant? 

En raison de la crise du logement, les municipalités canadiennes font face à des pressions accrues des gouvernements provincial et fédéral en raison des cibles de croissance qu’ils prescrivent. Toutefois, qu’est‑ce qui survient en premier : la croissance ou les infrastructures et le financement qui y contribuent? 

Par le passé, les municipalités ont procédé à la planification de la croissance sans bien comprendre les points à considérer (revenus et dépenses) en matière de fiscalité à long terme. Cela a eu pour conséquence de créer des collectivités et des quartiers où le coût des services dépasse les recettes fiscales qu’ils rapportent, ce qui exerce une pression constante à long terme sur les budgets municipaux. 

Cependant, les politiques de croissance et les politiques fiscales ne doivent pas nécessairement s’opposer. Adopter une approche analytique en matière de planification peut permettre aux municipalités de planifier l’équilibre fiscal de leur population.

Une vision à long terme pour atteindre un équilibre fiscal durable
 

La plupart des préoccupations liées au coût de la croissance sont associées aux investissements initiaux dans les infrastructures. Toutefois, les coûts récurrents de l’entretien des infrastructures et des services municipaux devraient également figurer à l’ordre du jour. Or, réfléchir à l’avenir à long terme de ces questions ne doit pas forcément être une tâche ardue. Si l’on fait bien les choses, l’intégration des coûts opérationnels récurrents dans un processus de planification proactif peut aider les municipalités à trouver des moyens d’établir un plan pour un équilibre fiscal durable. 
 

Comment?
 

Les modes d’aménagement inefficaces, comme la subdivision de secteurs à faible densité ou la subdivision de nouveaux terrains, obligent les municipalités à dépenser davantage pour les terrains, les infrastructures et les services nécessaires pour fournir des logements. L’utilisation efficace des terrains, dont les aménagements intercalaires, les immeubles à usage mixte et l’augmentation de la densité, contribue à la réduction des dépenses immédiates et récurrentes. Elle peut également accroître les recettes fiscales en augmentant la densité des ménages ou la diversité des usages, entre autres pour le commerce de détail et les activités commerciales. Cela s’explique par le fait qu’il est plus rentable d’accroître la densité à proximité d’infrastructures et d’installations existantes.
 

Cependant, à quelques exceptions près, les charges, les taxes et les frais d’aménagement demeurent généralement les mêmes, quel que soit le degré de rentabilité de la collectivité et des coûts que la municipalité doit engager pour la servir. Cette réalité met en péril la capacité de nombreuses municipalités à payer pour leurs responsabilités de base, de l’entretien des routes au déneigement, en passant par les services de police et d’incendie, les services sociaux et les installations communautaires. 

Les municipalités qui prennent les bonnes décisions dès aujourd’hui peuvent s’assurer d’une prospérité durable

Les options de gestion de la croissance et de planification que les municipalités choisissent peuvent entraîner différentes répercussions sur leur santé fiscale à long terme. Cela dit, il n’existe aucune solution universelle. Chaque municipalité est aussi unique que ses résidents. Chaque ville ou village a des intérêts, des enjeux et une dynamique qui lui sont propres, et ces facteurs devraient être pris en compte dans le processus de planification de la croissance. 

Chez EY, nous invitons les municipalités à se poser trois questions fondamentales dans l’exploration d’options permettant de trouver un équilibre entre la croissance durable et la vigueur financière à long terme.

Quels quartiers produisent le plus de recettes fiscales? Quels quartiers engagent les coûts de services les plus élevés? 

  • Les centres‑villes historiques, grâce à leur polyvalence, à leur densité élevée et à la petite taille des terrains, tendent à dégager de meilleures recettes fiscales et à entraîner des coûts de services plus faibles.
  • Les banlieues, en raison de leur faible densité, de leur zonage unifamilial et de la grande taille des terrains, tendent à dégager moins de recettes fiscales et à entraîner des coûts de services plus élevés, tant au moment de leur aménagement qu’à long terme.

Quelle est la capacité de nos infrastructures? Où pouvons‑nous permettre un développement intercalaire qui tirera avantage des capacités existantes, plutôt que d’exiger la construction de nouvelles infrastructures?

  • Les plans de gestion d’actifs et les relevés de capacité des infrastructures procurent aux municipalités une idée claire des cas de capacité excédentaire et des situations où davantage de capacités pourraient être requises pour favoriser la croissance. 
  • Un quartier où l’on observe une baisse de la population pourrait être l’endroit idéal pour de nouvelles initiatives de croissance, étant donné que les infrastructures et les capacités excédentaires y existent déjà.

Quels changements de politique pourrions‑nous apporter pour favoriser l’établissement de quartiers entraînant des coûts d’infrastructure à faible croissance, de faibles coûts de services et des recettes fiscales élevées?

  • Revoir les politiques actuelles en matière d’utilisation des terrains, de zonage et de code du bâtiment sous un angle fiscal pourrait révéler des occasions de faire croître une collectivité à faible coût et de manière équilibrée.

Comment pouvons‑nous vous aider? 

Chez EY, nous avons formé une équipe multidisciplinaire de professionnels spécialisés en immobilier, en infrastructure, en économie, en finances municipales et en politiques de logement pour analyser les caractéristiques et les besoins propres à votre population. Nous pouvons vous aider à élaborer un plan fondé sur des données probantes conçu pour stimuler durablement la croissance de votre population en matière de fiscalité.

Résumé 

À mesure que les pressions sur la croissance s’accentuent, les municipalités canadiennes font face au double défi de continuer de fournir des services et des infrastructures de qualité aux résidents tout en assurant la gestion de restrictions budgétaires. Si elle est fondée sur l’utilisation efficace des terrains et des infrastructures existantes, une planification stratégique de la croissance peut aider les municipalités à diminuer le coût des services tout en augmentant les recettes fiscales. En alliant croissance et politiques fiscales de façon stratégique, les municipalités peuvent atteindre l’équilibre en continuant de respecter leurs objectifs de croissance. L’important est de prendre des décisions éclairées et proactives en vue d’un avenir prospère.

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