EY — Homme en funambule au‑dessus d’un canyon

Cinq façons de convertir les risques ESG en avantages concurrentiels

Auteures :
Jana Hanova, directrice principale, Stratégie d’entreprise et enjeux ESG – EY Parthenon
Ingrid Robinson, associée déléguée, Risque d’entreprise – EY Canada

La mise en œuvre d’une stratégie d’identification et de gestion des risques ESG vous aide non seulement à prévenir l’obtention de résultats négatifs, mais également à créer de la valeur.


En bref

  • Les risques ESG diffèrent selon leur niveau d’importance et leur degré d’intensité. En intégrant les risques prioritaires à votre stratégie de gestion du risque d’entreprise, vous pouvez transformer ces vulnérabilités en de puissants facteurs de différenciation sur le marché.
  • L’adoption d’une méthode en cinq étapes peut vous aider à concevoir les bonnes approches de départ, ainsi qu’à générer de la valeur à court et à long terme, tout en harmonisant votre stratégie ESG avec votre stratégie de gestion du risque d’entreprise.

Les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont nuancés, multicouches et pas toujours bien gérés. Cela dit, l’intégration des risques prioritaires dans votre stratégie de gestion des risques d’entreprise peut transformer ces vulnérabilités en puissants différenciateurs du marché. Être plus délibéré dans votre approche peut aider à libérer ce potentiel maintenant.

Comment votre entreprise peut‑elle se démarquer, grâce à une meilleure gestion des risques ESG?

Les risques ESG varient considérablement d’un secteur à l’autre. Ils diffèrent également par l’emplacement, l’échéance des actifs et le niveau d’ambition ESG. De quoi sommes‑nous certains? Dans l’ensemble, l’ESG est en tête de la liste des priorités pour les entreprises de tous les secteurs. Par exemple, l’ESG est le principal risque auquel les sociétés minières et métallurgiques s’attendent à être confrontées en 2023, tout comme en 2022.

 

Au niveau plus granulaire, environ  76 % des exploitants miniers et minéraux interrogés considéraient que la gestion de l’eau était la plus susceptible de faire l’objet de la plus grande attention des investisseurs cette année. La décarbonisation et le changement climatique figuraient également parmi les trois premiers. De plus, la diversité, l’équité et l’inclusion (DE&I) ont remporté près d’un tiers des voix, soulignant l’importance croissante du pilier S de l’ESG dans son ensemble.

 

Tout cela se tient. Nous savons que l’évolution des attentes des investisseurs à l’égard des priorités ESG a joué un rôle déterminant au cours des dernières années, en influant sur les flux de fonds ESG.Les entreprises qui négligent de procéder à l’intégration complète d’une stratégie opérationnelle à long terme axée sur la génération de valeur s’exposent au risque de perdre l’accès aux sources de capital et aux marchés, leur clientèle et leur capacité d’exploitation, voire de compromettre l’acceptabilité sociale de leurs activités.

 

Même ainsi, les enjeux ESG ne vont pas seulement de pair avec l’émergence de risques. Ils ont également une dimension positive. L’élaboration de stratégies d’atténuation des risques favorisant le rehaussement du niveau d’excellence dans un secteur d’activité peut permettre d’obtenir des avantages significatifs.

 

Quels sont les avantages associés à une gestion efficace des risques ESG?

Le rapport sur l’étude sur la valeur durable qu’EY a réalisée en 2022, et dont la publication est récente, révèle que le dilemme entre les impératifs d’atteinte des objectifs de portée planétaire et la nécessité pour les entreprises de réaliser leurs objectifs opérationnels est une fausse perception. En réalité, la mise en œuvre d’une approche de durabilité axée sur la valeur favorise l’obtention de retombées financières réelles. Sept répondants au sondage sur dix affirment qu’en redoublant d’efforts dans la mise en œuvre de sa stratégie ESG, leur entreprise a pu générer une valeur financière supérieure à celle attendue. Les entreprises qui font figure de leaders en action adoptent une approche plus globale dans la gestion des risques ESG et elles sont 2,4 fois plus susceptibles que les autres de déclarer une valeur financière bien supérieure à celle qu’elles prévoyaient.

 

Ce qui ressort véritablement, c’est qu’une valeur autre que financière est générée dans la foulée. Les entreprises qui investissent dans des initiatives de lutte contre les changements climatiques arrivent plus facilement à rehausser leur capacité de résilience face aux disruptions futures, à convaincre les agences externes de leur attribuer une meilleure notation ESG, à satisfaire les exigences de leurs principales parties prenantes, à s’appuyer sur des données scientifiques avérées attestant la nécessité d’intervenir face aux changements climatiques et à générer une valeur autre que financière, qui peut se traduire notamment par la réalisation de gains en termes de confiance, de loyauté et de valorisation de la marque.

 

Il est clair que la gestion des risques ESG génère des avantages opérationnels concrets. La véritable question est : comment les entreprises peuvent elles intervenir sur ce front?

L’intégration des risques ESG dans la gestion du risque d’entreprise, la première mesure à prendre pour réaliser les avantages qui s’y rattachent

Bien des entreprises ont du mal à intégrer ces considérations à leur système de gestion du risque d’entreprise. Une bonne partie des difficultés auxquelles elles font face sont attribuables au fait que ces risques peuvent avoir des répercussions très différentes selon l’environnement opérationnel.

C’est notamment le cas en matière de biodiversité. Ainsi, le risque d’atteinte à la biodiversité auquel est exposée une entreprise peut être associé surtout à la façon dont elle utilise et gère les ressources en eau potable. Pour une autre entreprise, ce risque peut être plutôt associé à la façon dont ses pratiques de coupe à blanc exposent des espèces vulnérables à de nouvelles menaces ou aggravent les problèmes d’érosion des sols. Dans ces deux cas, les modalités de gestion de ces situations particulières mises en œuvre peuvent soit compromettre la réputation de l’entreprise, soit amener les parties prenantes à revoir leur perception.

Mais il n’est pas toujours facile de déterminer par où il convient de commencer. Chez EY, nous recommandons l’adoption d’une méthode en cinq étapes :

1.    Commencer par une évaluation du caractère significatif des risques ESG

Une évaluation du caractère significatif des risques ESG, qui doit généralement être réalisée chaque année, facilite l’établissement de l’ordre de priorité des enjeux ESG les plus importants, en fonction des attentes des parties prenantes internes et externes. Bien qu’il s’agisse d’un processus dont la responsabilité relève de la fonction durabilité des entreprises, leur groupe de gestion des risques doit participer à la réalisation des sondages, ateliers et entrevues visant à recueillir les différents points de vue à l’échelle organisationnelle, de ceux des dirigeants jusqu’à ceux des membres du personnel. En mobilisant ses diverses unités opérationnelles, l’entreprise peut procéder à l’examen des enjeux et risques ESG du point de vue organisationnel et opérationnel, ainsi qu’en fonction des actifs.

2.    Amener les diverses parties prenantes concernées par les enjeux ESG à interagir dans le cadre d’ateliers

Une fois que votre entreprise dispose d’un cadre de gestion des enjeux ESG qui lui importent le plus, le moment est venu pour elle d’effectuer une analyse plus approfondie de chacun d’eux et de cibler les nombreux risques qui peuvent s’y rattacher. Un tel exercice comprend la réalisation d’une enquête sur les secteurs de risque spécifiques/précis auxquels votre entreprise est la plus exposée, là où elle peut générer le plus de retombées positives, notamment pour ses ressources humaines et ses parties prenantes, ainsi que sur le plan environnemental. Pour ce faire, elle doit recueillir une multitude de points de vue à l’échelle organisationnelle. Elle doit pouvoir s’appuyer sur une analyse globale des différents aspects ayant une incidence sur un enjeu ESG donné. Elle doit recueillir un grand éventail de points de vue sur la façon dont chaque risque influe sur les diverses facettes de ses activités, ainsi que sur ses parties prenantes externes, entre  utres.

3.     Prioriser les risques en fonction de la probabilité de leur réalisation et de leur degré de gravité

Tous les risques ESG n’ont pas la même importance. Il importe de connaître la probabilité de leur réalisation et leur degré de gravité. Vous devez prendre conscience de la nécessité de participer à des ateliers qui vous aideront à cerner les répercussions éventuelles associées aux risques identifiés. Il est aussi essentiel de souligner que, pour obtenir les résultats attendus une fois que les risques ESG sont identifiés, les stratégies d’atténuation doivent être définies et faire l’objet d’un  uivi. Il importe de déterminer clairement l’identité de la personne ayant la responsabilité de rendre des comptes à l’égard de la gestion de chacun de ces risques.

Parallèlement, tandis que votre entreprise est engagée dans le processus d’élaboration d’une stratégie d’atténuation des risques, des possibilités de faire figure de leader sectoriel dans la gestion d’un risque ou d’un enjeu ESG particulier s’offrent à elle. L’exercice d’un tel leadership ne suppose pas forcément une couverture de l’ensemble des risques, mais il contribue à relever le niveau d’excellence dans la gestion des enjeux et risques qui revêtent une importance stratégique. Il peut se manifester de diverses façons, allant des initiatives de gestion des ressources en eau de premier plan aux mesures de protection de la biodiversité reposant sur des engagements écologiques (tels que préconisés par le Groupe de travail sur l’information financière relative à la nature).

Des retombées, des discussions et des reconnaissances positives peuvent en découler. Il est essentiel de faire remonter aux paliers décisionnels supérieurs les stratégies d’atténuation des risques de ce type, non seulement pour élever le niveau d’importance à accorder aux initiatives en cours, mais aussi pour aider les leaders et les dirigeants à cerner les possibilités à saisir.

4.     Intégrer la gestion des principaux risques aux systèmes de gestion du risque d’entreprise et assurer la production de rapports clairs

La prise en considération des principaux risques ESG par le système de journalisation et de gestion de l’information sur les risques à l’échelle organisationnelle constitue une étape importante du processus de reddition de comptes à l’égard de la gestion des risques ESG prioritaires. C’est alors le bon moment pour commencer à penser à comment faire pour intégrer aussi la structure appropriée des rapports sur ces risques nouvellement intégrés et à comment vous voulez communiquer l’information sur les mesures mises en œuvre à cet égard en recourant à diverses options de communication.

5.     Rester agile en établissant un processus de mise à jour continue de l’information sur les risques ESG

Rien n’est statique. De nouveaux risques émergent sans cesse. Autrement dit, il ne suffit pas d’intégrer une fois pour toutes la gestion des risques ESG à la structure de gestion du risque d’entreprise. L’établissement de points de contact trimestriels ou semestriels entre les équipes responsables des initiatives en matière de durabilité et de gestion des risques permettra d’améliorer l’intégration et l’atténuation des risques. Une fois jetées les bases sur lesquelles il repose, ce processus peut facilement être actualisé. Au fil du temps, l’équipe peut même commencer à trouver qu’il va de soi.

Que faut‑il en conclure?

La mise en œuvre d’une stratégie d’identification et de gestion des risques ESG aide à prévenir l’obtention de résultats négatifs. Elle facilite également la création de valeur. En agissant face aux risques et enjeux ESG stratégiques, votre entreprise pourra plus facilement se démarquer sur un marché de plus en plus concurrentiel. Déterminez quels sont les risques et priorités ESG auxquels votre entreprise et vos parties prenantes attachent le plus d’importance. Veillez à les intégrer à la structure de votre système de gestion du risque d’entreprise et à favoriser les échanges entre les unités opérationnelles. Une telle harmonisation de votre stratégie ESG avec votre stratégie de gestion du risque d’entreprise peut se traduire par le dégagement d’une valeur réelle, tout en favorisant non seulement le rehaussement de l’efficacité de l’entreprise, mais également la création de valeur à court et à long terme.

Résumé

En intégrant les risques ESG prioritaires à votre stratégie de gestion du risque d’entreprise, vous pouvez transformer ces vulnérabilités en de puissants facteurs de différenciation sur le marché. Notre méthode en cinq étapes peut vous aider à concevoir les bonnes approches de départ qui favorisent la création de valeur, tout en harmonisant votre stratégie ESG avec votre stratégie de gestion du risque d’entreprise.

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