Vue aérienne d’un parc de panneaux solaires au coucher du soleil

Sondage des chefs de la direction – Le développement durable occupe une place centrale dans un contexte de reprise économique attendue

Découvrez comment les chefs de la direction du Canada ont composé avec l’évolution du contexte commercial au deuxième trimestre de 2024.

À l’aube du deuxième trimestre de 2024, il y a un changement perceptible dans la confiance des dirigeants. Les leaders manifestent un optimisme prudent et adoptent activement la transformation et le développement durable en tant qu’impératifs commerciaux clés. En raison des changements réglementaires prévus au Canada, les priorités en matière de développement durable ont préséance sur les investissements dans la technologie et l’intelligence artificielle (IA) dans le cadre des stratégies d’entreprise à court terme.

1. L’évolution de la conjoncture incite à modifier les priorités stratégiques

Après une période d’incertitude, le premier trimestre de 2024 a montré une relative résistance de l’activité économique. À l’échelle mondiale, on observe des signes de croissance économique modérée, tandis que les pressions inflationnistes s’atténuent lentement.

Au début de l’année 2024, les craintes d’un scénario de « croissance faible ou nulle » prévalaient, près des deux tiers des dirigeants mondiaux et canadiens estimant que l’inflation et les taux d’intérêt seraient en hausse pendant encore longtemps, et que la croissance économique serait limitée. Ces préoccupations ont commencé à s’apaiser. Selon les données du sondage d’avril¹, près de la moitié des chefs de la direction sont maintenant plus optimistes à l’égard de la croissance économique mondiale qu’il y a un an.

Les tendances économiques récentes montrent que les pressions inflationnistes s’atténuent au Canada et dans le monde. Ainsi, les attentes inflationnistes des dirigeants canadiens sont nettement différentes de celles du début de 2024. Près de la moitié (42 %) des dirigeants canadiens sont plus optimistes à l’égard de l’inflation et des taux d’intérêt, comparativement à 31 % à l’échelle mondiale et à 28 % dans les Amériques. Les dirigeants canadiens font preuve d’un plus grand optimisme et abandonnent leurs prévisions habituellement prudentes concernant l’activité économique en général.

Toutefois, bien qu’ils adoptent une vision plus optimiste de la conjoncture économique dans son ensemble, les chefs de la direction canadiens demeurent prudents quant au rendement de leur entreprise. Contrairement à la grande majorité des répondants qui s’attendaient à une hausse des revenus au premier trimestre de 2024 (84 %), seulement 46 % des répondants sont maintenant plus optimistes à l’égard de la croissance des revenus pour l’exercice en cours que pour l’exercice précédent.

Ce taux est inférieur à la moyenne des Amériques, où 71 % des leaders ont indiqué avoir des attentes plus optimistes à l’égard de la croissance des revenus. Cela pourrait indiquer que l’effet tardif du resserrement de la politique monétaire continue de se répercuter sur l’économie canadienne, les budgets des ménages demeurant limités et l’économie continuant de faire face à un déficit de la demande. Cependant, malgré cette prudence en matière de revenus, les dirigeants envisagent plus positivement leurs perspectives de rentabilité, puisque 60 % des dirigeants canadiens y sont relativement plus optimistes, ce qui est inférieur à la moyenne mondiale de 65 %.

Q : Par rapport à il y a 12 mois, quelles sont vos perspectives d’avenir dans les domaines suivants?

Il n’est donc pas surprenant qu’un tiers seulement des chefs de la direction, tant au Canada qu’à l’échelle mondiale, soient optimistes quant à la stabilité géopolitique. La moitié (50 %) des répondants ont indiqué que leurs attentes à l’égard de la stabilité géopolitique sont à peu près les mêmes que celles de l’année dernière. Les préoccupations géopolitiques, constantes au cours des derniers trimestres, devraient demeurer à l’avant-plan des priorités des entreprises dans un avenir prévisible.

Compte tenu des contraintes géopolitiques persistantes, la nécessité de promouvoir la stabilité et l’autonomie nationales a été au centre des préoccupations des dirigeants du monde entier. Près de la moitié (48 %) des chefs d’entreprise canadiens ont indiqué qu’ils étaient prêts à participer à des initiatives en faveur de la souveraineté industrielle et prévoyaient le faire, les actions les plus importantes étant le développement d’écosystèmes de production nationaux et l’acceptation de taxes sur le carbone pour les importations en provenance de pays dont les normes environnementales sont moins strictes.

Toutefois, les dirigeants canadiens sont moins nombreux à avoir concrétisé ce plan, puisque seuls 20 % des répondants canadiens sont déjà engagés dans de telles initiatives, ce qui est nettement moins que les 57 % observés dans les Amériques et les 45 % observés dans le reste du monde. Cette lacune met en évidence les défis éventuels que doivent relever les entreprises et les décideurs politiques pour promouvoir la souveraineté industrielle dans le contexte des risques géostratégiques actuels.

2. Intérêt soutenu pour la transformation des entreprises

Compte tenu des attentes plus optimistes à l’égard de la croissance économique mondiale et de la baisse des taux d’intérêt et de l’inflation, les chefs de la direction canadiens confirment leur engagement à transformer leur portefeuille. Près de la moitié (44 %) des chefs d’entreprise canadiens ont exprimé leur confiance dans la stabilité des marchés financiers, adoptant ainsi une position plus optimiste que leurs homologues des Amériques (33 %) et du monde entier (32 %).

Q : Prévoyez‑vous poursuivre activement l’une des transactions suivantes au cours des 12 prochains mois?

Pour atteindre leurs objectifs à court terme, 40 % des dirigeants canadiens cherchent à tirer parti des fusions et acquisitions (F et A) comme outil clé, notamment accroître leur part de marché et acquérir des technologies, de nouvelles capacités de production et des entreprises en démarrage novatrices. Cette évolution est conforme aux tendances mondiales, alors que les dirigeants cherchent à conclure davantage de transactions sur les marchés financiers pour garder une longueur d’avance sur le marché. Le développement durable est également au premier plan des activités de F et A, la grande majorité des personnes sondées indiquant qu’elles prennent en compte les considérations de développement durable dans les décisions clés de F et A.

image3-du Sondage-d’EY-sur-les-chefs-de-la-direction

3. Le développement durable s’impose comme un impératif d’affaires de premier ordre

L’année 2023 a été marquée par une série d’événements météorologiques extrêmes partout dans le monde, y compris des sécheresses, des feux de forêt et la hausse des températures, soulignant la nécessité d’une action et d’une réforme climatiques appropriées. Lors de la COP28, le « bilan mondial » a révélé que les efforts actuels sont en deçà des objectifs de l’Accord de Paris et a appelé les pays à tripler leur capacité d’énergie renouvelable et à doubler les améliorations en matière d’efficacité énergétique d’ici 2030. En réponse à ces tendances, la pression en faveur du développement durable ne cesse de s’intensifier dans le contexte mondial.

Le développement durable demeure une priorité dans l’économie canadienne, comme en témoigne la demande accrue pour que les entreprises adoptent des pratiques de présentation de l’information plus transparentes. En mars 2024, le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité a annoncé la publication pour commentaires des exposés‑sondages sur les premières Normes canadiennes d’information sur la durabilité, ce qui constitue une étape importante dans l’avancement des rapports sur le développement durable au Canada2. Les stratégies d’entreprises sont touchées dans l’immédiat par cette proposition de règlement, et les entreprises canadiennes citent les questions sur la durabilité parmi leurs trois principales priorités stratégiques pour l’année à venir.

Trois principales priorités (12 prochains mois) au Canada par rapport à l’échelle mondiale
Trois principales priorités (12 prochains mois) au Canada par rapport à l’échelle mondiale

Au-delà des 12 prochains mois, les chefs de la direction canadiens chercheront à stimuler la productivité et la croissance, la majorité d’entre eux donnant la priorité aux investissements dans la technologie et l’IA, tout en mettant davantage l’accent sur le risque géopolitique, ainsi que sur l’examen et la complexité de la réglementation.

La stratégie des entreprises canadiennes semble en contradiction avec les impératifs mondiaux, ce qui indique des différences fondamentales dans les stratégies de croissance. Par exemple, les priorités immédiates signalées par les dirigeants mondiaux comprennent des investissements dans la technologie et l’IA, la gestion des données et la cybersécurité, ainsi que la gestion des coûts, tandis que le développement durable ne figure que dans la planification stratégique à plus long terme. Ces différences d’orientation stratégique peuvent permettre aux entreprises canadiennes de bien se positionner du point de vue des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), mais le coût d’opportunité d’accorder la priorité au développement durable plutôt qu’au rendement de l’entreprise peut être important.

Alors que les dirigeants canadiens se préparent à adopter des normes de présentation de l’information sur le développement durable, ils restent largement préoccupés par les retombées possibles des facteurs ESG. La majorité des répondants canadiens ont indiqué que les entreprises tendent vers l’« écochuchotement » en raison des préoccupations liées à l’écoblanchiment, qu’elles anticipent des risques d’actifs inexploitables ou de dépréciation partielle en raison de nouveaux règlements ESG, et qu’elles s’inquiètent également de l’incidence des questions de développement durable sur les chaînes d’approvisionnement. La majorité des dirigeants canadiens (70 %) considèrent également le développement durable comme une question de conformité et d’information à fournir, alors qu’ils s’efforcent d’équilibrer l’activisme et l’intérêt des actionnaires plus préoccupés par les profits que par les indicateurs de développement durable.

Q : Dans quelle mesure les gouvernements ont‑ils cherché et intégré l’apport de votre secteur dans les principaux règlements liés au développement durable?

Pour réussir, il est essentiel que les entreprises adoptent des mesures appropriées qui appuient le programme de croissance et de développement durable. Les chefs de la direction canadiens et internationaux considèrent que les subventions et les allègements fiscaux pour les investissements dans les technologies vertes, tels que le Pacte vert de l’Union européenne ou la loi américaine sur la réduction de l’inflation, et les investissements publics dans les infrastructures durables sont les politiques les plus favorables pour soutenir cette transition. En outre, les dirigeants canadiens ont également indiqué que les politiques les moins utiles seraient des sanctions financières pour inaction en matière de réduction des émissions ou des exigences de divulgation, suivies d’une tarification du carbone plus élevée et appliquée de manière plus universelle.

Les dirigeants canadiens soulignent également l’importance des investissements publics dans les infrastructures pour faciliter la transition énergétique, ainsi que des investissements dans l’eau et d’autres infrastructures pour soutenir la capacité d’adaptation au changement climatique. Or, les dirigeants canadiens reconnaissent que les principaux défis que doivent relever les gouvernements pour réaliser leurs plans d’infrastructure sont la mobilisation de capitaux au moyen d’une hausse des impôts et le caractère peu évolué des partenariats public-privé et des modèles de financement existants.

Principales mesures que doivent prendre les leaders

Tandis que les craintes d’un ralentissement économique se dissipent peu à peu, les chefs d’entreprise canadiens pourraient tirer profit d’une harmonisation stratégique avec leurs pairs et d’une mise à jour de leur stratégie d’entreprise pour garder une longueur d’avance.

  • Se rapprocher de ses pairs et des leaders du secteur
    Bien que chaque marché soit caractérisé par un environnement économique et réglementaire unique, une harmonisation stratégique à grande échelle avec les leaders mondiaux de l’industrie est essentielle à la réussite.

  • Saisir les possibilités offertes par l’IA et l’innovation
    Les retombées considérables des investissements en IA et en technologie devraient favoriser la transition technologique à l’échelle mondiale et contribuer à la réussite des entreprises. Les entreprises canadiennes doivent s’efforcer de conserver leur avantage concurrentiel en investissant judicieusement dans des technologies avancées, et des processus et systèmes de pointe.

  • Adapter les stratégies commerciales pour préparer l’avenir de l’entreprise
    Les dirigeants sont encouragés à adopter des stratégies d’affaires dynamiques fondées sur une évaluation des coûts et des avantages associés à des exigences concurrentes.

Résumé

Les chefs d’entreprise adoptent la transformation en mettant l’accent sur le développement durable, la technologie et l’IA.