Foule abstraite de gens dans une rue en réalité virtuelle

Cinq initiatives d’IA générative que les leaders devraient entreprendre dès maintenant

Le moment est venu de passer des gains d’efficacité rapides à une stratégie d’IA cohérente, réalisable et offrant des options dans un environnement en constante évolution.


En bref

  • L’intelligence artificielle générative offre un potentiel énorme, mais nombreux sont ceux qui sont freinés par une grande incertitude et des contraintes organisationnelles.
  • Donner la priorité à un petit nombre d’initiatives transversales pour combler les lacunes et faire progresser la courbe de maturité de l’IA.
  • Dans le cadre de chaque initiative, il faut déterminer quoi faire maintenant et quoi décider plus tard, tout en définissant les critères et les seuils utilisés pour déclencher les activités futures.

L’intelligence artificielle générative (IA générative) pose un dilemme. D’une part, son potentiel de transformation et son accélération rapide imposent aux chefs d’entreprise d’agir, et de le faire rapidement. D’autre part, l’incertitude et les contraintes organisationnelles importantes en ralentissent l’adoption et dissuadent bon nombre d’entre elles de lancer des initiatives importantes.

Bien que les entreprises investissent dans l’IA (43 % des chefs de la direction ont déjà commencé et 45 % prévoient le faire au cours de la prochaine année), beaucoup veulent des gains d’efficacité rapides plutôt que des changements fondamentaux visant à maximiser le potentiel de croissance de l’IA. Quatre‑vingt‑dix pour cent1 des organisations en sont encore aux premiers stades de maturité de l’IA, c’est‑à‑dire qu’elles réalisent des démonstrations de faisabilité ou développent des capacités dans certains domaines seulement. Dans ce contexte, comment vous assurer que les mesures que vous prenez aujourd’hui sont en phase avec la mise en place d’une entreprise prête pour l’IA dans l’avenir? Comment tracer la voie dans un contexte d’incertitude?

Les équipes d’EY ont mis au point un processus permettant d’élaborer une stratégie réalisable, ciblée et adaptable, taillée sur mesure pour cet environnement d’incertitudes et de contraintes. Cette approche permet de déterminer les initiatives stratégiques les plus efficaces, de distinguer les priorités à court terme des enjeux à long terme et d’offrir des options dans un environnement en évolution rapide.

Établir les objectifs et relever les défis 

Commencer par fixer des objectifs généraux, conformes aux valeurs et à la raison d’être de votre organisation. Nous croyons qu’une stratégie d’IA devrait être guidée, au minimum, par certains objectifs fondamentaux. La capacité sans précédent de l’IA à pénétrer les domaines les plus humains, soit l’intelligence et la créativité, fait de l’augmentation des capacités humaines un objectif stratégique clé. Les préoccupations grandissantes à l’égard des risques de l’IA font en sorte que le renforcement de la confiance à l’égard de vos systèmes d’IA doit constituer un principe fondamental. Enfin, pour générer une valeur exponentielle, votre stratégie ne peut pas être fragmentaire ou cloisonnée – il faut une approche globale.

Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire d’identifier et de combler vos plus grandes lacunes. Il y a deux façons de voir les choses. Premièrement, quel est l’écart entre votre état actuel et votre état cible? Pour le déterminer, vous avez besoin d’un modèle de maturité, tel que le modèle de maturité EY.ai, permettant d’évaluer votre implémentation actuelle de l’IA par rapport à un déploiement maîtrisé de l’IA à l’échelle de l’entreprise.

Télécharger « Si l’IA est une source transformatrice, comment pouvons‑nous assurer qu’elle est une force constructive? »

Source : Réseau mondial EY

Deuxièmement, se concentrer sur les lacunes, c’est‑à‑dire les incertitudes et les contraintes organisationnelles, qui limitent votre capacité à progresser rapidement vers le sommet de la courbe de maturité. Les entreprises de tous les secteurs sont généralement confrontées à de multiples incertitudes et contraintes. Parmi celles‑ci, mentionnons le fait d’être submergé par un grand nombre de cas d’utilisation non prioritaires, sans vision globale de la transformation de l’entreprise et de la création de valeur; l’incertitude quant à la réglementation de l’IA et aux risques soulevés par les nouveaux cas d’utilisation; et les lacunes en matière de talents et d’infrastructure de TI.

Les entreprises sont confrontées à des défis majeurs dans le développement et la mise en œuvre de l’IA

Source : Réseau mondial EY



Lancer des initiatives stratégiques en IA

Un gouffre sépare ces objectifs et ces défis. Pour y parvenir, il faut donner la priorité à un petit nombre d’initiatives stratégiques qui sont à la fois transversales et harmonisées. Cela signifie qu’il faut faire face simultanément à de multiples incertitudes ou contraintes tout en travaillant ensemble pour atteindre les objectifs fondamentaux énumérés ci‑dessus, faire progresser la raison d’être de votre entreprise et réaliser une vision commune.

En fonction de ces critères, ainsi que d’une série d’entrevues et d’ateliers menés par des spécialistes en IA et en stratégie d’EY, nous avons identifié cinq initiatives stratégiques visant à combler les lacunes des entreprises de tous les secteurs. Dans le cadre de chaque initiative, les leaders doivent déterminer quoi faire maintenant et quoi décider plus tard, tout en définissant les critères et les seuils qui déclencheront ces activités futures.

Équipe de contrôle de la circulation aérienne diversifiée travaillant de nuit dans une tour d’aéroport moderne. Bureau rempli d’écrans d’ordinateurs fixes et d’écrans de navigation, de données radar de vol d’avion pour les contrôleurs.
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Initiative 1

Établir une « tour de contrôle » de l’IA

Pour réduire les risques et harmoniser les ressources, les directives doivent venir du sommet.


Pour développer une vision stratégique et garantir son harmonisation, votre stratégie d’IA a besoin d’une tour de contrôle. Contrairement aux « centres d’excellence » que de nombreuses entreprises créent pour centraliser les capacités techniques aux fins de l’exécution des cas d’utilisation, la tour de contrôle est l’unité fonctionnelle chargée de définir la stratégie de votre organisation et de s’assurer que vos ressources et les quatre autres initiatives sont en phase avec cette vision. Elle doit être dirigée soit par un membre de la haute direction, soit par une personne directement rattachée à la haute direction. Elle doit être habilitée à affecter des capitaux et à disposer de ressources suffisantes pour travailler aux échelons des différentes fonctions de l’entreprise.

Les avantages de cette approche sont illustrés par une entreprise australienne de services publics d’eau avec laquelle les équipes d’EY ont travaillé. L’entreprise de services publics craignait que son utilisation non coordonnée de l’IA dans les processus d’affaires dispersés dans l’organisation crée un risque important. L’entreprise a évalué sa maturité en matière d’IA et a élaboré une feuille de route claire pour mener à bien son ambition stratégique. Un élément clé de la nouvelle stratégie a été la création d’une tour de contrôle de l’IA, qui a permis de hiérarchiser systématiquement les cas d’utilisation, d’établir les meilleures pratiques et la gouvernance à l’échelle de l’entreprise, ainsi que d’améliorer les compétences des talents et les capacités techniques. Le résultat n’a pas seulement réduit le risque, mais a également permis de tirer davantage de valeur des investissements de l’entreprise dans l’IA. 

Les mesures à prendre aujourd’hui

Nommer un leader ayant une solide expérience en matière de transformation numérique. Lui donner les moyens de constituer une équipe dotée de la taille, de l’ancienneté, du budget et des compétences nécessaires pour assurer la coordination à l’échelle de votre organisation. Établir des relations avec le conseil d’administration et les comités clés sur le risque et la gouvernance liés à l’IA. Commencer à déterminer les mesures que vous utiliserez plus tard pour mesurer les progrès et le rendement du capital investi.


Les décisions à prendre ultérieurement

  • Établir les cas d’utilisation, les modèles d’affaires et les alliances à liquider, à consolider ou à faire croître. Procéder de façon continue, en utilisant les paramètres établis précédemment et en coordination avec les initiatives liées aux modèles d’entreprise et aux fonctions, ainsi qu’aux alliances de l’écosystème.
  • Déterminer comment la tour de contrôle devrait évoluer au fil du temps. Décider, par exemple, s’il faut devenir une fonction spécialisée pour maintenir une gouvernance centrale solide ou pour passer à un modèle fédéré dont les pouvoirs sont délégués entre les fonctions afin d’accroître la souplesse et la rapidité de l’innovation.
Gros plan d’une main touchant des méduses lunes
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Initiative 2

Repenser votre modèle d’affaires et vos fonctions de l’avenir

L’IA est une occasion de se transformer de fond en comble.

Préparer votre organisation à l’ère de l’IA nécessite de prévoir et de se préparer aux perturbations de grande ampleur qu’elle est susceptible de provoquer. Jusqu’à présent, la réflexion des entreprises est essentiellement axée sur une approche progressive : « Comment l’IA générative peut‑elle rendre les processus existants plus efficaces? » plutôt que « Comment l’IA peut‑elle transformer de fond en comble les fonctions et les modèles d’entreprise? » Selon une étude d’EY, 91 % des organisations utilisent l’IA principalement pour optimiser leurs activités, mettre au point des outils en libre‑service comme les robots conversationnels ou automatiser leurs processus; seulement 8 % l’utilisent pour favoriser l’innovation, comme des offres nouvelles ou améliorées.

 

Les mesures à prendre aujourd’hui

 

À court terme, continuez d’appliquer l’IA générative à des cas d’utilisation précis dans le but d’améliorer l’efficacité et la productivité. Classez les cas d’utilisation par ordre de priorité en fonction de deux critères.

 

D’abord, misez sur les plus grandes possibilités de création de valeur en évaluant comment l’IA peut avoir une incidence sur les résultats de l’organisation. Utilisez tous les outils disponibles, comme l’accélérateur de valeur EY.ai, pour mettre en œuvre des initiatives et des solutions d’IA en fonction de leur apport à des mesures telles que les revenus, les coûts et le BAIIA.

 

Comme les équipes d’EY l’ont constaté au cours des derniers mois en aidant des clients dans ces mises en œuvre, l’accroissement de la valeur peut découler de mesures comme l’utilisation de contenu génératif et de flux de travail automatisés pour augmenter le taux de conversion des représentants des ventes (dans le cas présent, accroissement possible de 100 millions de dollars pour une entreprise de services de renseignements commerciaux) ou l’automatisation des processus à la fois dans l’ingénierie, le service à la clientèle, la gestion des connaissances et les autres fonctions (accroissement possible de 1 milliard à 1,5 milliard $ pour un conglomérat de télécommunications et de médias).
 

Deuxièmement, dans ce contexte de risque précoce et évolutif, concentrez‑vous sur les cas d’utilisation présentant un risque faible. Par exemple, certaines fonctions internes présentent moins de risques que de nombreuses fonctions en contact avec le public, qui pourraient susciter des réactions négatives de la part des consommateurs et nuire à la marque.

 

Parallèlement, il est nécessaire d’aller au‑delà des cas d’utilisation en jetant les bases d’une vision et d’une orientation à long terme. Si la prise en charge de l’ensemble du modèle d’affaires se révèle trop difficile, compte tenu des incertitudes entourant l’évolution de l’IA, il vaut mieux envisager de vous rapprocher du modèle d’affaires en commençant par chaque extrémité : une approche ascendante et une approche descendante.

Dans le cadre de l’approche descendante, élaborer un ou plusieurs scénarios en envisageant comment votre secteur pourrait être réinventé dans l’avenir et comment votre proposition de valeur devrait changer pour demeurer concurrentielle. Établir des mesures permettant de suivre les scénarios qui deviennent de plus en plus probables et les seuils à partir desquels votre organisation doit prendre des mesures supplémentaires.

Dans le cadre de l’approche ascendante, commencer par revoir les rôles et les processus où il est prévu que l’IA jouera un rôle important. À mesure que l’IA prendra en charge une partie du travail, quels nouveaux rôles votre main‑d’œuvre jouera‑t‑elle? Mettre à profit votre compréhension croissante de l’évolution des rôles pour élaborer une vision des fonctions correspondantes de l’organisation.

Les décisions à prendre ultérieurement

  • À mesure que l’IA prend de l’ampleur dans certains secteurs de l’entreprise, réinventer ces fonctions de l’organisation en vous appuyant sur les capacités croissantes de l’IA et sur l’évolution du rôle de chacun.
  • À mesure de la résolution des questions (par exemple, en ce qui concerne l’évolution de scénarios particuliers, de nouvelles offres sur le marché ou de nouveaux concurrents), entreprendre une exploration plus complète de la perturbation du modèle d’entreprise. Se poser la question de savoir comment, dans cet environnement en mutation, vous allez créer, livrer et capturer de la valeur en adoptant de nouveaux modes de fonctionnement.
Femme d’affaires, jeune employée portant des lunettes effectuant des travaux de référencement informatique et de codage dans une lumière bleue. Code numérique, visage féminin et lecture d’une employée des TI pendant la planification nocturne au moyen du commerce électronique en ligne et des données sur l’IA
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Initiative 3

Renforcer la confiance dans l’IA

Des cadres de gouvernance rigoureux sont nécessaires pour répondre à un large éventail de risques.


À mesure que l’utilisation de l’IA se répand dans l’entreprise, les risques et les attentes des parties prenantes augmentent. Ces risques vont bien au‑delà des enjeux traditionnels, comme la protection des renseignements personnels et la cybersécurité, ou même les risques largement connus de l’IA, comme l’information fictive causée par des données de formation biaisées ou par des « hallucinations ». La prochaine vague de risques et attentes portera sur des questions liées à des cas d’utilisation précis, allant de la capacité d’expliquer les refus de demande de prêt à l’exactitude des diagnostics médicaux, en passant par la capacité des gens à contrôler des véhicules autonomes.

Il s’agira également de risques plus globaux, comme les questions de propriété intellectuelle sur les données de formation des grands modèles de langage (GML) et les conséquences pour les utilisateurs tiers de ces modèles; le risque que les hallucinations se révèlent plus difficiles à résoudre que beaucoup ne le croient; ou la possibilité que l’IA n’atteigne pas son plein potentiel dans un avenir immédiat.

Les organismes de réglementation réagissent à ces risques avec de nouvelles lois, la plus importante étant la proposition de loi de l’UE sur l’IA (pour plus d’informations, voir notre récente étude). Mais l’IA évolue rapidement, tandis que légiférer est, par définition, un processus consultatif et lent.

« Malgré le besoin grandissant d’une réglementation rigoureuse en matière d’IA, il sera extrêmement difficile d’y parvenir », affirme Gordon M. Goldstein, Fellow senior adjoint au Council on Foreign Relations. « La réglementation de la télévision a demandé cinq ans, celle des compagnies aériennes 20 ans, et la plupart des estimations concernant l’IA prévoient qu’il faudra une décennie pour réglementer cette technologie. »

Par conséquent, la confiance dans les applications de l’IA dépendra en grande partie des cadres de gouvernance rigoureux élaborés de manière proactive par les entreprises.

Malheureusement, de telles approches ne sont pas encore la norme. Bien qu’un récent sondage d’EY ait révélé que 77 %2 des dirigeants conviennent que l’IA générative nécessitera des changements importants à leur gouvernance afin de gérer les enjeux en matière d’exactitude, d’éthique et de protection des renseignements personnels, une étude d’EY de 2022 a révélé que seulement 35 % des organisations disposent d’une stratégie de gouvernance de l’IA à l’échelle de l’entreprise.

Source : Réseau mondial EY


Une approche de gouvernance rigoureuse devrait viser à renforcer la confiance dans l’IA auprès d’un large éventail de parties prenantes, non seulement les consommateurs et les organismes de réglementation, mais aussi les employés, les chefs d’entreprise et les conseils d’administration. Pour ce faire, elle devrait couvrir l’ensemble de l’environnement technologique, soit les données, les modèles, les processus et les extrants.

Surtout, elle doit tenir compte d’une caractéristique unique de l’IA générative. « Les GML sont probabilistes, et non déterministes », affirme Nicola Morini Bianzino, chef mondial de la technologie d’EY et coleader d’EY.ai. « Contrairement aux plateformes informatiques antérieures, le fait de donner à un GML des informations particulières n’aboutit pas toujours au même résultat. Les modèles d’IA générative produisent plutôt une série de résultats avec une distribution de probabilité sous‑jacente, et toute approche visant à mesurer la confiance doit également adopter une approche probabiliste. »

La réglementation a longtemps été un exercice de conformité. Grâce à l’IA, la gouvernance deviendra un facteur stratégique de croissance et d’avantage concurrentiel. Si vous parvenez à renforcer davantage la confiance dans votre IA, vous obtiendrez une meilleure pénétration du marché et un avantage concurrentiel.


Les mesures à prendre aujourd’hui

Mettre en place des organismes de surveillance de la gouvernance de l’IA, comme un conseil ou un comité d’éthique en IA. Envisager d’établir des principes éthiques pour votre IA, semblables à ceux adoptés par de nombreuses organisations non gouvernementales et grandes entreprises technologiques. Utiliser ces principes pour orienter les politiques et procédures.

La réglementation de la télévision a demandé cinq ans, celle des compagnies aériennes 20 ans, et la plupart des estimations concernant l’IA prévoient qu’il faudra une décennie pour réglementer cette technologie.

S’assurer que tout nouveau cas d’utilisation est au minimum conforme à la réglementation existante (p. ex., le Règlement général sur la protection des données (RGPD)) en ce qui a trait à des questions comme la protection des renseignements personnels et la résidence des données. Parallèlement, il convient de s’associer aux initiatives responsables des modèles d’entreprise et des fonctions pour cartographier les risques émergents créés par les nouveaux cas d’utilisation. Se coordonner avec l’initiative visant à renforcer la confiance dans l’IA afin de commencer à définir des contrôles pour faire face à ces risques.

Faire le suivi de l’évolution de la réglementation gouvernementale dans les marchés où vous exercez vos activités. Tenir compte de ces réglementations éventuelles lorsque vous réfléchissez à la manière dont l’IA pourrait perturber votre secteur à long terme et demander aux partenaires possibles de l’écosystème s’ils sont prêts à faire face à ces réglementations.

Les décisions à prendre ultérieurement

  • Selon l’ordre de priorité des cas d’utilisation et le calendrier de déploiement, mettre en œuvre des contrôles concernant les risques associés aux nouveaux cas d’utilisation au fur et à mesure de leur déploiement.
  • Adopter une approche probabiliste pour tester la robustesse de ces contrôles et estimer le degré de confiance dans l’ensemble de la pile technologique. Veiller à ce que la confiance ne diminue pas au fil du temps avec l’ajout de nouvelles données ou la publication de nouvelles versions du modèle.
  • Se préparer à l’adoption de nouvelles lois en comprenant les modifications que votre entreprise devra mettre en œuvre pour assurer la conformité. Au fur et à mesure de l’adoption de nouvelles réglementations, mettre à jour les contrôles, les politiques et les systèmes de production de rapports internes.
Une équipe de bureau travaillant devant un ordinateur et échangeant des idées à côté d’une grande murale de plantes feuillues.
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Initiative 4

Combler les lacunes en matière de talents et de technologie

Près des deux tiers des entreprises rencontrent des difficultés en raison d’un manque de compétences et de systèmes informatiques dépassés.


Les plus grands manques des entreprises sont dans deux fonctions : les talents et les TI. Près des deux tiers (62 %) des entreprises2 conviennent que leur capacité à maximiser la valeur de l’IA générative est entravée par leurs structures de données, leurs technologies dépassées ou leur déficit de compétences clés, un défi qui est constant dans tous les secteurs.

Au nombre de ces manques figurent des compétences, comme celles des ingénieurs en apprentissage automatique, que possèdent les entreprises et qu’elles doivent renforcer, mais qui peuvent manquer. Le plus grand défi, cependant, n’est pas tant celui des compétences qui doivent être renforcées que celui des compétences entièrement nouvelles qu’il faut développer ou se procurer. L’intégration des GML, par exemple, nécessitera des capacités comme les graphiques de connaissances et les systèmes de génération augmentée de récupération (RAG) que la plupart des entreprises ne connaissent pas.

En ce qui concerne les lacunes en matière de compétences, l’IA générative peut elle‑même apporter une partie de la réponse. Déjà, GitHub Copilot accélère le codage; une étude a révélé que les développeurs qui l’utilisent sont 55 % plus rapides pour une tâche de codage donnée. Cela permet non seulement de pallier la pénurie de main‑d’œuvre qualifiée, mais présente également d’autres avantages : 74 % des utilisateurs de Github Copilot affirment que cela leur permet de se concentrer sur du travail plus satisfaisant, tandis que 60 % déclarent se sentir plus épanouis dans leur emploi.

En effet, l’IA pourrait avoir une incidence considérable sur l’épanouissement et le potentiel des individus. « L’IA pourrait être la plus grande force de démocratisation de notre époque », déclare Beatriz Sanz Sáiz, leader mondiale, Services consultatifs d’EY, Analytique et coleader d’EY.ai. « L’IA transformera le travail, créera de nouveaux emplois et renforcera le potentiel humain. Elle pourrait donner accès à l’éducation à des millions de personnes, tout en permettant aux travailleurs moins qualifiés de saisir des occasions de rémunération plus élevée. »

Source : Réseau mondial EY


Mais pour que le potentiel humain de l’IA se concrétise, il faut que l’homme l’accepte et l’adopte. Malheureusement, le sondage sur le travail réinventé 2023 d’EY met en évidence un autre type de fossé entre les talents : une disparité croissante entre les attentes des dirigeants et celles des employés. Si tous s’attendent à ce que l’IA générative améliore le travail, les dirigeants ont des attentes nettement plus élevées que les employés. Le fait d’exposer les employés à l’IA générative peut aider, les secteurs ayant un haut taux d’adoption percevant aussi plus d’avantages à tirer de la technologie. Et pourtant, les dirigeants classent la formation à l’IA générative au neuvième rang des onze priorités possibles de perfectionnement des employés.

À plus long terme, il est possible de combler un autre fossé : celui qui sépare les fonctions actuelles des talents et des TI et les fonctions futures des talents et des TI renforcés par l’IA. L’IA va remodeler les fonctions dans toute l’entreprise, mais certaines des plus grandes possibilités d’adopter une approche fondamentalement différente se trouvent dans ces deux fonctions, qui sont à la fois aux avant‑postes du déploiement de l’IA et les plus directement touchées.

Les mesures à prendre aujourd’hui

Collaborer avec les fournisseurs de plateformes d’IA générative. Développer ou se procurer la puissance de calcul, la structure de données et les algorithmes nécessaires pour atteindre les objectifs de votre entreprise en matière d’IA générative. Développer ou se procurer les capacités requises pour intégrer les modèles d’entreprise, comme les RAG et les graphiques de connaissances, ou évaluer la faisabilité d’utiliser des modèles en libre accès personnalisés. De même, il convient de vous préparer à utiliser vos données exclusives pour l’intégration aux modèles de l’IA générative, en veillant à ce qu’elles soient correctement contrôlées, nettoyées, sécurisées et traitées.

L’intelligence artificielle pourrait être la plus grande force de démocratisation de notre époque.

Combler les principales lacunes en matière de compétences. Utiliser l’IA générative pour améliorer ou rationaliser les tâches répétitives et faire progresser les travailleurs. Perfectionner les travailleurs pour les préparer à leurs futures fonctions. Lancer des projets pilotes d’IA pour certains rôles afin d’améliorer l’utilisation de l’IA générative ainsi que pour en tirer des enseignements et peaufiner votre approche en vue d’un déploiement à plus grande échelle. Se coordonner avec l’initiative visant des partenariats écosystémiques pour combler les lacunes en matière de talents, le cas échéant.

 

Remédier au manque d’adhésion des employés en diffusant des messages cohérents soulignant que l’IA n’est pas là pour supprimer des emplois, mais plutôt pour donner de l’autonomie aux employés et leur permettre de consacrer plus de temps à des tâches plus gratifiantes. Exploiter les études de cas portant sur les premiers succès et les témoignages des employés pour faire valoir votre point de vue.

Les décisions à prendre ultérieurement

  • Au fur et à mesure que les technologies et les offres évoluent, il convient de décider des capacités et de l’infrastructure à développer en interne ou à confier à des fournisseurs ou partenaires externes, en se fondant sur une évaluation continue des éléments de l’environnement technologique qui deviennent des composantes courantes et de ceux qui restent essentiels pour créer et dégager de la valeur.
  • Suivre l’évolution des modèles d’IA générative pour évaluer les avantages et les inconvénients des modèles en libre accès par rapport aux modèles exclusifs et déterminer où déployer chaque type de modèle au sein de l’organisation.
  • Selon le calendrier de déploiement dans l’entreprise, former l’ensemble du personnel aux compétences requises pour travailler avec l’IA, depuis la rédactique jusqu’à l’interprétation et au filtrage des résultats.
Gros plan d’un homme tenant une ficelle et faisant une boucle en forme de berceau pour les chats
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Initiative 5

Créer un écosystème d’alliances

Les alliances seront essentielles dans ce secteur en rapide évolution.


Les écosystèmes d’alliances externes génèrent une valeur considérable. Ils peuvent générer une croissance des revenus supérieure à 10 % et des économies de coûts, tout en augmentant l’accès à un plus grand bassin de talents et de capacités. Malheureusement, selon un sondage réalisé en 2021 par EY auprès de 300 chefs de la direction du Forbes 2000, seulement 29 % d’entre eux avaient une stratégie qui comprenait un écosystème d’alliances externes, ce qui démontre que de nombreuses entreprises ont relativement peu d’expérience avec cette approche.

La capacité de l’IA générative à utiliser des données non structurées pourrait surmonter un obstacle majeur aux partenariats externes : l’interopérabilité des données. Dans un monde de données structurées, les partenariats avec des entités externes nécessitaient souvent que les données soient nettoyées et reformatées pour en assurer l’interopérabilité, une tâche lente et exigeante en main‑d’œuvre. Grâce à l’IA générative, le défi de l’interopérabilité est réduit et, à mesure que les entreprises élaborent des graphiques de connaissances pour rendre compte de leurs meilleures pratiques et de leurs processus d’affaires, il deviendra de plus en plus facile de combiner harmonieusement non seulement les données, mais aussi les connaissances et les processus dans l’ensemble des organisations, ce qui favorisera la mise en œuvre de nouvelles offres et de nouveaux modèles d’affaires.

Tout cela devrait ouvrir la voie à un monde d’alliances multipartites plus rapides et plus faciles. C’est une bonne nouvelle, car les alliances seront essentielles dans cet environnement en pleine évolution. Le développement d’un GML est une entreprise d’une telle ampleur qu’il est essentiel d’établir des partenariats pour intégrer les plateformes existantes. De même, les alliances avec les fournisseurs de solutions en IA générative seront utiles pour combler les lacunes en matière de talents et de technologies et pour réorganiser les fonctions de l’entreprise.

Toutefois, l’utilisation accrue des partenariats écosystémiques accroît également les risques et les défis de gouvernance. La combinaison des données entre les organisations soulève le spectre de la responsabilité collective : vous êtes aussi vulnérable que votre maillon le plus faible. Selon notre expérience de l’évaluation stratégique de l’IA pour une multinationale du pétrole et du gaz et d’autres clients, le partenariat avec des fournisseurs d’IA dans le cadre de fonctions commerciales multiples place la gestion des risques liés aux tiers au cœur de la stratégie et de la gouvernance. Compte tenu du nombre croissant de fournisseurs d’IA, les entreprises doivent veiller à ce que le partenariat avec l’écosystème soit en parfaite adéquation avec l’initiative stratégique visant à garantir la confiance dans l’IA.

Les mesures à prendre aujourd’hui

Si vous êtes novice en matière d’écosystèmes, lancez‑vous, d’une part parce que l’IA générative a abaissé la barrière à l’entrée, et d’autre part parce que les entreprises qui organisent des écosystèmes obtiennent des parts de revenus plus importantes que celles qui se contentent d’y participer. Recenser les atouts qui font de vous un partenaire attrayant, comme des données exclusives, une connaissance approfondie du secteur et une cybersécurité rigoureuse. Parallèlement, il convient de définir ce que vous attendez de vos partenaires, notamment leur capacité à combler les lacunes et à compléter vos données exclusives. Établir des projets pilotes avec plusieurs entités. Coordonner avec la tour de contrôle de l’IA l’examen régulier des performances de ces alliances.

Les décisions à prendre ultérieurement

  • Décider des alliances à privilégier pour les investissements ultérieurs en fonction du succès initial et de l’évolution de la situation des partenaires. Supprimer les projets pilotes qui n’ont pas abouti et reproduire à plus grande échelle ceux qui ont été couronnés de succès.
  • Rechercher de nouveaux partenaires dès l’apparition de nouvelles lacunes et de nouveaux besoins.
  • Transformer une série d’alliances en écosystèmes multipartites au sein desquels diverses entités apportent des compétences uniques pour atteindre des objectifs communs.

Résumé

Si l’IA réalise ses promesses, elle pourrait être tout aussi transformatrice que l’ordinateur personnel l’a été au cours des cinq dernières décennies, en stimulant la productivité, en favorisant l’innovation et en engendrant de nouveaux modèles d’entreprise, tout en perturbant ceux qui ne s’adaptent pas assez rapidement.

L’incertitude et les contraintes de ressources auxquelles sont confrontées de nombreuses entreprises sont réelles, mais elles ne doivent pas devenir une excuse pour l’inaction et les retards. Les cinq initiatives décrites ci‑après tracent la voie à suivre pour relever ces défis. Il est encore temps de passer de la tactique à la stratégie et de commencer à élaborer une vision à long terme pour votre entreprise.

Cette vision et la stratégie qu’elle inspire peuvent être ajustées à mesure que l’incertitude se résorbe. Il y a beaucoup à décider plus tard.

Il y a beaucoup à faire dès maintenant.

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