Vue aérienne d’une passerelle en bois rouge dans une mangrove
Vue aérienne d’une passerelle en bois rouge dans une mangrove

Dans quelle mesure la planification de la transition énergétique de votre entreprise l’habilite‑t‑elle à façonner l’avenir?

Personnes‑ressources : Thibaut Millet , Don Linsdell et Stephanie Hamilton

Selon l’édition 2024 du Baromètre d’EY, malgré les progrès accomplis au chapitre de la communication de leurs informations, les entreprises doivent adopter des mesures plus urgentes pour atténuer les répercussions des changements climatiques.


En bref

  • Malgré les progrès accomplis quant à la qualité des informations fournies en lien avec les questions climatiques (54 %) et à l’exhaustivité de ces informations (94 %), ceux‑ci ne suivent pas le rythme de progression qu’il faut pour éviter la crise climatique qui pointe à l’horizon.
  • Bien que la plupart des entreprises soient conscientes des risques physiques liés aux changements climatiques auxquels elles font face, elles ne sont que 19 % à avoir adopté un plan d’atténuation de ces risques.
  • Ce n’est qu’en prenant des mesures décisives et significatives que les entreprises peuvent accélérer la réalisation de leur programme de décarbonation et la transition énergétique devant permettre de façonner un avenir durable.

En dépit de la menace existentielle que font peser les changements climatiques, les entreprises ne mettent pas en œuvre leur transition vers un environnement à zéro émission nette au rythme qu’il faudrait pour permettre l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris de 2015. Le rapport Global Climate Action Barometer (PDF) (le « Baromètre ») qu’EY a publié en 2024 fait brutalement ressortir l’apathie flagrante des entreprises, révélant qu’à l’échelle mondiale, moins de la moitié des grandes sociétés (41 %) ont publié un plan de transition faisant état de mesures d’atténuation des effets des changements climatiques, et ce, même si les températures mondiales atteignent de nouveaux sommets.

Qui plus est, peu importe qu’elles disposent ou non d’un plan de transition, de nombreuses entreprises évitent d’établir des cibles de réduction de leurs émissions de GES à long terme, à peine plus de la moitié (51 %) s’étant dotées de cibles allant au delà de 2030.

Ce qui s’avère encore plus préoccupant, c’est que le Baromètre révèle qu’à peine plus du tiers des entreprises (36 %) mentionnent dans leurs états financiers les répercussions des changements climatiques sur leur situation financière. Pourtant, 67 % des entreprises ont procédé à des analyses de scénarios climatiques ayant démontré qu’elles sont susceptibles de faire face à d’éventuelles menaces de cet ordre, ce dont elles devraient donc avoir pris conscience.

Cet écart entre les ambitions dont les entreprises font étalage dans leur programme de décarbonation et leur apathie à cet égard est devenu plus flagrant à mesure que les équipes d’EY ont avancé dans l’étude sur laquelle repose le Baromètre. Le Baromètre, qui en est à sa sixième année de parution et qui s’appelait auparavant le Baromètre mondial sur les risques climatiques d’EY, fait figure de norme sectorielle pour l’évaluation des progrès accomplis à l’échelle mondiale quant à l’étendue et à la profondeur des informations communiquées relativement aux questions climatiques. Malheureusement, bien que des améliorations notables au chapitre de l’exhaustivité des informations présentées aient été enregistrées au fil du temps, la note obtenue pour l’exhaustivité des informations fournies étant passée de 61 % à la première édition du Baromètre en 2018 à 94 % en 2024, la qualité de ces informations ne s’est pas améliorée au même rythme. Aux fins de l’évaluation de l’exhaustivité des informations présentées par chaque entreprise, une note en pourcentage a été attribuée à celle‑ci en fonction du nombre de recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) qu’elle a su mettre en œuvre. Une note de 100 % indique que l’entreprise a communiqué des informations répondant à chacune des recommandations, peu importe la qualité de l’information fournie. La note moyenne pour la qualité des informations fournies est passée à 54 % en 2024, s’agissant d’un progrès par rapport à 31 % en 2018. Les entreprises ayant mis en œuvre les 11 recommandations formulées ont obtenu, pour la qualité des informations fournies, une note en pourcentage correspondant à la note maximale.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi des entreprises ont choisi de ne pas communiquer d’informations détaillées en lien avec les questions climatiques. Il est possible qu’elles n’aient pas souhaité divulguer des informations commerciales sensibles, faire état de risques d’allégation d’écoblanchiment ou s’exposer au risque de s’engager dans un litige avec des parties prenantes en cas de problème d’exécution de leur stratégie. Il est aussi possible qu’elles n’aient tout simplement pas d’histoires positives à raconter; autrement dit, elles n’ont peut‑être pas pris suffisamment de mesures permettant d’atténuer les répercussions des changements climatiques.

Aerial view of the sinuous curves of a scenic mountain road in Fuji-Hakone Izu National Park in autumn, Japan
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Chapitre 1

Nouveautés dans les divers secteurs et marchés

Aux quatre coins du monde, sous l’effet de l’évolution des cadres de réglementation et des pressions exercées par les parties prenantes, la qualité des informations fournies s’améliore dans l’ensemble des marchés et des secteurs d’activité.

Globalement, il est troublant que les résultats présentés dans le Baromètre donnent à entendre que les entreprises ne reconnaissent pas suffisamment l’urgence de prendre des mesures contre la crise climatique. L’étude révèle néanmoins que des progrès ont été réalisés sur le plan des informations fournies sur les questions climatiques, ce qui s’explique dans une large mesure par l’adoption de nouvelles dispositions réglementaires.

Leaders et retardataires

L’amélioration de la qualité des informations fournies sur les questions climatiques est remarquable dans les territoires dotés d’un solide cadre de réglementation en la matière, particulièrement au Royaume‑Uni (dont la note de qualité est de 69 %) et dans l’ensemble de l’Union européenne (UE) (dont la note s’établit à 60 %). Les entreprises du Royaume‑Uni et de l’UE sont aussi plus susceptibles de s’être dotées d’un plan de transition. Bien que les progrès réalisés sur ces marchés soient positifs, le peu d’améliorations observées en Inde, aux États‑Unis et en Chine est préoccupant, vu la part des émissions mondiales dont chacun de ces pays est responsable : selon le Global Carbon Budget (2023) et l’organisme Our World in Data, la Chine (30,7 %), les États Unis (13,6 %) et l’Inde (7,6 %) étaient responsables de 52 % des émissions de CO2 produites à l’échelle mondiale en 2022. (Émissions de CO2 – Our World in Data)

Comparativement à d’autres régions, le Moyen Orient, l’Asie du Sud‑Est et l’Inde continuent d’accuser un retard relatif pour ce qui est aussi bien de la qualité que de l’exhaustivité des informations fournies et, bien que le taux d’amélioration de la qualité de ces informations dans ces trois régions ait progressé de plus de 20 % depuis l’étude de l’année dernière, ces dernières sont encore à la traîne par rapport à la note moyenne mondiale de qualité de 54 %. De plus en plus d’entreprises choisissent de présenter des informations relatives aux questions climatiques, quoiqu’elles ne le fassent pas dans la mesure requise, afin de répondre aux attentes des parties prenantes, qui souhaitent qu’elles passent à l’action face aux enjeux climatiques et qu’elles intègrent mieux la durabilité à leur stratégie et à leurs activités. Pour obtenir la répartition détaillée des résultats par pays et par marché, consultez la version intégrale du rapport.


Préparation à la mise en œuvre des normes de l’ISSB

Les normes facultatives de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) sont maintenant en vigueur, et plusieurs pays ont confirmé leur intention de les mettre en œuvre. Par ailleurs, le pourcentage des entreprises sondées cette année qui présentent leurs informations relatives aux questions climatiques selon les recommandations formulées dans l’IFRS S2 a augmenté considérablement.

Les autorités publiques et le secteur public jouent un rôle essentiel auprès des entreprises, en les accompagnant dans leur transition vers l’adoption de pratiques durables et leurs efforts pour atteindre leur cible de zéro émission nette.

C’est à Taïwan et au Royaume‑Uni que l’on enregistre la plus haute note moyenne au chapitre de la préparation à la mise en œuvre des normes de l’ISSB (68 % dans chaque cas), ce qui témoigne du niveau d’empressement et de détermination de ces territoires à adopter officiellement le référentiel d’information de l’ISSB.

Priorités par secteur

Le Baromètre fait état d’améliorations importantes sur 12 mois quant à la qualité des informations produites par les entreprises des secteurs des mines, des services bancaires et des transports, lesquelles sont déjà très exposées aux risques liés à la transition. Ce sont toutefois les secteurs de l’énergie et de l’assurance qui ont les notes de qualité les plus élevées à l’échelle mondiale (59 %). Ces faibles notes montrent néanmoins que même les secteurs qui obtiennent les meilleurs résultats ne parviennent pas à adopter les améliorations au rythme et à l’échelle requis.

Secteur d’activité

Qualité en 2023

Qualité en 2024

Exhaustivité en 2023

Exhaustivité en 2024

Agriculture, alimentation et produits forestiers**

46 %

51 %

88 %

92 %

Banques*

46 %

52 %

86 %

92 %

Énergie**

55 %

59 %

95 %

96 %

Propriétaires et gestionnaires d’actifs financiers*

40 %

41 %

80 %

84 %

Assurance*

55 %

59 %

93 %

96 %

Matériaux et bâtiment**

54 %

56 %

95 %

95 %

Exploitation minière**

51 %

58 %

93 %

99 %

Autres institutions financières (bourses, autres prestataires de services financiers, agences de notation et bureaux de crédit)*

54 %

57 %

84 %

94 %

Immobilier**

48 %

51 %

91 %

92 %

Commerce de détail, soins de santé et biens de consommation**1

50 %

55 %

92 %

96 %

Télécommunications et technologies**1

52 %

55 %

91 %

94 %

Transports**

50 %

56 %

90 %

96 %

* Secteur financier ** Secteur autre que financier
1 Même s’ils ne font pas partie de la classification sectorielle du GIFCC, ces secteurs ont été identifiés comme étant à haut risque par des leaders sectoriels dans l’étude de 2021.

La note élevée obtenue dans le secteur de l’énergie pour la qualité des informations communiquées rend compte du niveau d’exposition de ce secteur aux risques liés à la transition, de même que de son rôle de catalyseur de la décarbonation dans d’autres secteurs. Pourtant, moins de la moitié des entreprises du secteur de l’énergie qui ont été évaluées aux fins du Baromètre (43 %) ont produit un plan de transition, peut‑être pour des motifs de compétitivité, tandis que 24 % ont communiqué les répercussions quantifiables des changements climatiques sur leurs activités.


Sempra

L’une des entreprises du secteur de l’énergie à obtenir l’une des meilleures notes au chapitre de la qualité* (score de 44)

La vision de Sempra Energy est celle d’un avenir de plus en plus résilient aux répercussions des conditions météorologiques difficiles, un avenir où les entreprises et les personnes de tous âges et horizons prospèrent grâce à un accès à des ressources énergétiques sûres, abordables et plus propres. L’approche de durabilité de l’entreprise repose sur des interactions approfondies avec les parties prenantes et une concertation étroite à l’échelle organisationnelle en vue de la réalisation d’objectifs ambitieux, avec le soutien des plus hauts paliers organisationnels. Cherchant à recourir davantage à des sources d’énergie renouvelable et à accroître son efficacité énergétique dans l’ensemble de ses activités, Sempra se concentre sur la conservation des ressources en eau et la réduction des déchets, dans l’optique de réduire le plus possible son empreinte environnementale.

Sur le plan de la responsabilité sociale, Sempra se consacre à l’offre de soutien aux collectivités où elle mène ses activités. Elle dirige notamment des initiatives de promotion de l’éducation, du développement économique, de la santé et de la sécurité. L’entreprise accorde aussi une grande importance à la diversité, à l’équité et à l’inclusion au sein de son personnel, tout en s’efforçant d’instaurer un environnement de travail positif et inclusif.

La gouvernance est une autre dimension clé de la stratégie de durabilité de Sempra. L’entreprise s’est engagée à maintenir des normes d’éthique et de transparence très rigoureuses dans la mise en œuvre de ses pratiques opérationnelles. Elle maintient notamment d’excellents programmes de gestion des risques et de soutien à la conformité, assurant ainsi le respect des obligations de reddition de comptes et l’intégrité dans le cadre de toutes ses activités.

* Selon l’étude réalisée aux fins du Baromètre


L’excellente note obtenue dans le secteur de l’assurance découle de plusieurs facteurs : l’augmentation des obligations d’information relatives aux questions climatiques; les pressions émanant des investisseurs qui s’attendent à ce que les sociétés d’assurance leur fournissent des informations plus transparentes, plus rigoureuses et plus détaillées sur les indicateurs climatiques; et – à mesure que les entreprises clientes rehaussent la qualité des informations qu’elles communiquent – l’accessibilité à des données de meilleure qualité dont les institutions bancaires et les sociétés d’assurance peuvent se servir pour prendre des décisions éclairées et améliorer leurs propres informations à fournir. Néanmoins, les institutions bancaires et les sociétés d’assurance sont moins susceptibles que les entreprises évoluant dans bien d’autres secteurs de produire un plan de transition. Selon le Baromètre, 37 % des institutions bancaires et 36 % des sociétés d’assurance disposent d’un plan de transition, ce qui est en deçà de la note intersectorielle de 41 %.


Lloyds Banking Group plc

L’une des entreprises du secteur financier à obtenir l’une des meilleures notes au chapitre de la qualité* (score de 44)

Lloyds Banking Group s’est positionnée en tant que leader proactif dans son parcours vers un avenir plus durable et plus inclusif, ce qui rend compte de sa raison d’être organisationnelle, qui consiste à aider la Grande‑Bretagne à prospérer grâce à la mise en œuvre de mesures et d’engagements concrets. Au cœur de sa stratégie figure l’objectif ambitieux de réduire de 50 % d’ici à 2030 le volume des émissions de carbone produites par les entreprises qu’elle finance, dans l’optique d’atteindre sa cible de zéro émission nette d’ici à 2050, au plus tard. Son engagement va jusqu’à vouloir réduire de moitié l’empreinte carbone associée à ses investissements en suivant le même échéancier, parallèlement à sa résolution de réduire de 50 % les émissions de sa chaîne d’approvisionnement et d’atteindre sa cible de zéro émission nette dans le cadre de ses activités d’ici à 2030, se distinguant ainsi par sa cible de réduire d’au moins 90 % ses émissions de carbone directes. Ces cibles rendent compte de la mesure dans laquelle Lloyds Banking Group est déterminée non seulement à atténuer ses répercussions environnementales, mais également à faire la promotion d’une économie plus verte et plus résiliente. Le groupe s’est aussi doté d’un plan de transition.

Au‑delà de ses mesures de durabilité internes, Lloyds Banking Group accorde beaucoup d’importance à la puissance de la collaboration pour amplifier l’effet de ses retombées. À titre de membre fondateur de la Net Zero Banking Alliance et de participant actif de la Financial Services Taskforce, le groupe tire parti de son influence et de ses ressources afin de promouvoir l’adoption de changements allant dans le sens du renforcement de la durabilité dans l’ensemble du secteur. Il a d’ailleurs collaboré récemment avec la UK Soil Association Exchange, en l’aidant à réaliser l’un des examens les plus exhaustifs de la performance environnementale des exploitations agricoles à avoir été réalisés au Royaume‑Uni. Cet examen a mené à la production d’un rapport renfermant plus de 4 000 recommandations taillées sur mesure à l’intention de quelque 700 entreprises agricoles de partout au Royaume‑Uni.

* Selon l’étude réalisée aux fins du Baromètre


Photo aérienne d’un champ de tulipes stratifié prise par un drone
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Chapitre 2

Répercussions des changements climatiques sur la situation financière

Les entreprises sont réticentes à prendre en compte les répercussions des risques climatiques dans l’établissement de leurs états financiers.

L’édition de cette année du Baromètre fait ressortir le fait que les entreprises n’ont réalisé que des progrès limités quant à la présentation dans leurs états financiers des répercussions des changements climatiques sur leur situation financière. Seulement 36 % des entreprises sondées ont procédé de la sorte, s’agissant toutefois d’une nouvelle augmentation par rapport au résultat de l’année précédente (33 %).
 

Le manque de progrès à cet égard est un motif suffisant pour s’alarmer. L’analyse effectuée aux fins du Baromètre révèle que, si les mesures de lutte contre les changements climatiques ne vont pas en s’intensifiant, le PIB moyen des 51 pays visés par l’évaluation devrait diminuer de 35 % d’ici à 2100.
 

Dans les Amériques, 17 % seulement des entreprises signalent que les risques climatiques pourraient entraîner des répercussions financières considérables sur leurs activités. Et cela, bien que les États‑Unis et le Canada figurent parmi les économies qui font face au niveau de risque le plus élevé quant aux répercussions des changements climatiques sur le PIB. À titre d’exemple patent, rappelons qu’en 2021 une tempête hivernale a déferlé sur le Texas, y infligeant des dommages généralisés qui ont eu pour effet de perturber l’approvisionnement en électricité et en eau. Les coûts associés à cet événement sont estimés à quelque 195 G$ US. La même année, en Californie, les feux de forêt ont occasionné des dommages dont le montant s’élève à quelque 10 G$ US. Malgré ces événements, en raison d’horizons temporels différents, de nombreuses entreprises sont encore réticentes à établir une corrélation entre les risques climatiques et les répercussions financières susceptibles d’en découler. Généralement, les entreprises se dotent d’un plan financier s’échelonnant sur un horizon allant de trois à cinq ans, tandis que les risques climatiques peuvent mettre beaucoup plus de temps à se manifester. Des entreprises s’appuient sur des analyses de scénarios inadéquates qui compromettent l’efficacité de leur processus d’identification des risques, ce qui peut poser un autre problème.
 

Quelle que soit la raison, les entreprises ne peuvent pas se permettre d’ignorer les répercussions financières que les risques climatiques pourraient avoir sur leurs activités à moyen ou long terme. Elles peuvent s’appuyer sur leur plan de transition pour expliquer la mesure dans laquelle le virage vers une économie à zéro émission nette est susceptible d’avoir une incidence sur leur modèle opérationnel. 


Vue en plongée d’un arbre éclairé par un cercle de flèches pointant dans toutes les directions
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Chapitre 3

Le parcours vers la durabilité

Pour ce qui est de la planification de la transition et de l’établissement de cibles, les efforts ne sont pas à la hauteur de ceux qu’il faut déployer pour faciliter la décarbonation et éviter les pires conséquences des changements climatiques.

Le niveau de planification de la transition auquel souscrivent les entreprises met en évidence leurs efforts pour recenser les leviers de décarbonation et s’engager à l’égard des plans d’action requis pour qu’elles puissent réaliser leurs objectifs climatiques. Jusqu’à 41 % des entreprises évaluées cette année considèrent disposer d’un plan de transition, tandis que 21 % n’en ont pas encore, même si elles ont fait part de leur aspiration à se doter d’un tel plan.

Comme on aurait pu peut‑être s’y attendre, les entreprises qui disposent d’un plan de transition produisent généralement des informations de meilleure qualité en lien avec les questions climatiques.

L’apathie des entreprises dans le cadre de la transition est incompatible avec l’envergure de leurs ambitions en matière de lutte contre les changements climatiques. L’analyse des informations communiquées relativement à la planification de la transition révèle que la grande majorité des entreprises évaluées (83 %) se sont fixé des cibles à court terme qu’elles souhaitent atteindre d’ici à 2030.

Planification de la transition – Aperçu par région

Planification de la transition – Aperçu par secteur


L’importance de définir une cible

Il est essentiel de définir des cibles pour accélérer la transition vers une économie à zéro émission nette. En se fixant des cibles à atteindre, les entreprises montrent qu’elles s’efforcent de prendre d’importantes mesures de lutte contre les changements climatiques qui vont dans le sens des objectifs de l’Accord de Paris de 2015, qui visent à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Les cibles validées par la SBTi (Science Based Targets initiative) sont considérées comme des pratiques exemplaires, car elles intègrent des échéanciers précis quant au rythme auquel les entreprises doivent décarboner leurs émissions afin d’éviter le pire en matière de changements climatiques.

Notamment, la SBTi n’a validé les cibles à court et à long terme que de 24 % des entreprises évaluées dans le cadre de l’étude sur laquelle repose le Baromètre, bien que ce résultat grimpe à 41 % pour les entreprises disposant d’un plan de transition dûment établi. Les entreprises doivent donc faire bien davantage pour se doter de cibles fondées sur des données scientifiques en lien avec les changements climatiques.

Globalement, 78 % des entreprises évaluées ont indiqué le champ d’application des émissions dont elles tiennent compte dans l’établissement de leurs cibles. Au moment de définir leurs cibles, la moitié (50 %) prennent en compte les trois champs d’application, tandis que 21 % ne prennent en compte que les champs d’application 1 et 2. Dans leur stratégie de décarbonation, les entreprises accordent la priorité à la réduction de leurs émissions relevant du champ 2. Bien qu’une bonne partie de ces réductions soient motivées par un impératif de réduction de la consommation d’électricité, la majorité d’entre elles génèrent indirectement des retombées grâce à l’achat d’énergie renouvelable dans le cadre d’accords d’achat d’électricité ou à l’acquisition de certificats d’énergie renouvelable. Le Baromètre révèle que les entreprises investissent moins dans des initiatives axées sur la réduction des émissions relevant des champs d’application 1 et 3. Cette situation est préoccupante, car les émissions relevant du champ 3 constituent souvent la plus grande partie du total des émissions de GES d’une entreprise, et il est essentiel que les entreprises réduisent les émissions de ce type pour en arriver à décarboner leur modèle opérationnel.


Vue aérienne d’un ensemble de maisons disposées de façon inhabituelle, à l’orée d’une aire boisée
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Chapitre 4

Prochaines étapes

Bien que les entreprises se heurtent à de véritables défis dans la transition vers un environnement à zéro émission nette, elles peuvent mettre en œuvre six mesures favorisant l’accélération du changement.

Le Baromètre révèle que, malgré les améliorations observées au chapitre des informations à fournir relativement aux questions climatiques sur l’ensemble des marchés et des secteurs, même les entreprises dont les cibles ambitieuses sont approuvées par la SBTi ne disposent ni d’une stratégie détaillée en vue de l’atteinte de leurs objectifs ni d’un plan de transition favorisant la mise en œuvre de mesures concrètes. Elles font face assurément à de véritables obstacles à la transition, notamment aux pressions visant à les amener à trouver un équilibre entre leur impératif de rentabilité, d’une part, et, d’autre part, la nécessité d’atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de carbone, de surmonter les difficultés pratiques en lien avec le traitement de leurs émissions relevant des champs d’application 1 et 3, et de composer avec l’inaccessibilité et le coût des technologies à faibles émissions de carbone. Néanmoins, la transition vers une économie à zéro émission nette ne pourra probablement pas se faire sans la mise en œuvre de mesures ambitieuses et significatives.

Les entreprises doivent mettre en œuvre ces six mesures fondamentales pour accélérer leur transition vers la durabilité et façonner leur avenir :

  1. Intégration de la transition au cœur de leurs priorités organisationnelles, en se dotant d’un plan rigoureux et exécutable – Ce plan devrait reposer sur des cibles fondées sur des données scientifiques et présenter des cibles à court et à long terme claires en ce qui a trait à la réduction des émissions relevant des champs d’application 1, 2 et 3. Il devrait s’appuyer sur une analyse de scénarios rigoureuse, tout en présentant une stratégie de décarbonation des chaînes d’approvisionnement clairement définie.

  2. Prise en compte des risques climatiques dans les états financiers et analyse des possibilités – Les entreprises devraient procéder à une analyse quantitative axée sur l’évaluation des risques et possibilités associés aux changements climatiques, en veillant à établir une corrélation directe avec leur information financière. Outre la quantification de leurs risques financiers associés à la transition climatique, elles devraient explorer les possibilités pouvant s’y rattacher, en envisageant notamment l’adoption de nouveaux modèles d’affaires, le passage à de nouvelles méthodes de travail ou le recours à des subventions et à des mesures incitatives.

  3. Exploitation de données dans la promotion du passage à l’action – En procédant à la saisie de données adéquates selon les règles de l’art, les entreprises peuvent s’appuyer sur leur information en matière de durabilité pour prendre des décisions éclairées en temps réel. Par exemple, les entreprises qui présentent leur information de façon exhaustive, conformément aux piliers établis par le GIFCC, peuvent utiliser cette information pour mieux se préparer à faire face aux défis climatiques à venir. De même, l’information relative aux émissions de GES peut les aider à établir une cible de zéro émission nette, tandis que la présentation de l’information à l’égard des piliers stratégiques peut notamment les aider à trouver des façons d’atténuer leurs risques climatiques ainsi qu’à se doter d’une structure de gouvernance adéquate favorisant, entre autres, l’intégration organisationnelle de politiques climatiques. C’est ainsi que les entreprises seront plus à même d’anticiper les risques et possibilités liés au marché, ainsi que d’y répondre.

  4. Attribution de ressources suffisantes à l’équipe de développement durable – L’équipe de développement durable doit avoir les capacités nécessaires pour gérer les questions de conformité, tout en dirigeant la mise en œuvre d’une stratégie de durabilité globale et en entreprenant des travaux mûrement réfléchis dans des domaines aussi essentiels que l’analyse des risques climatiques. L’alignement stratégique – qu’une entreprise peut obtenir en confiant la direction de sa fonction durabilité à son chef des finances ou en s’assurant d’intégrer la durabilité à chacun des rôles au sein de ses diverses unités organisationnelles – revêt une importance tout aussi cruciale.

  5. Incitation des membres du conseil d’administration à acquérir les compétences leur permettant d’analyser les risques climatiques et de les considérer comme une composante d’une approche descendante – Elles peuvent y arriver en leur offrant des activités de formation et de perfectionnement, de même qu’en recrutant des membres du conseil qui détiennent des connaissances spécialisées. Les entreprises doivent aussi établir une corrélation entre la performance en matière de durabilité et la rémunération des cadres, de façon à les inciter à accorder la priorité aux objectifs en lien avec les changements climatiques et à les réaliser, en les intégrant à la prise de leurs décisions stratégiques et à leurs activités quotidiennes. L’étude sur la valeur associée à la durabilité qu’EY a réalisée en 2023 fait ressortir comment les conseils d’administration peuvent réaliser leurs objectifs de durabilité en se concentrant sur la dynamique associée aux rôles de cadre clés et sur cinq domaines stratégiques.

  6. Exploration des possibilités de collaboration intersectorielle – En regardant au‑delà de leurs écosystèmes de fournisseurs et de partenaires immédiats, les entreprises peuvent créer de la valeur en recourant à des moyens souvent exceptionnels, de sorte que de nombreuses parties prenantes puissent en bénéficier. Tandis que les autorités publiques et le secteur public jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’accomplissement de progrès en vue de l’atteinte des cibles de zéro émission nette, les entreprises peuvent s’aligner de façon proactive sur les cadres de réglementation, s’engager dans des partenariats public‑privé, promouvoir la transparence dans les activités de surveillance et plaider en faveur de l’adoption de politiques durables.

2024 EY Global Climate Action Barometer

Pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles les entreprises doivent passer des engagements à l’action, consultez la version intégrale du rapport.

Résumé

Parue en 2024, la sixième édition du Baromètre démontre clairement que la performance des entreprises sur le plan de la communication des informations relatives aux questions climatiques est loin d’être suffisante pour répondre efficacement à l’intensification de la crise climatique. Les entreprises du monde entier doivent améliorer de toute urgence la qualité des informations relatives aux questions climatiques qu’elles ont à produire. Plus particulièrement, elles doivent accélérer la mise en œuvre de leur plan de transition, établir de meilleures corrélations entre les résultats de leurs analyses de scénarios et leur information financière, et définir des cibles à court, moyen et long terme reposant sur des données scientifiques.

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