Jeune femme d’origine mixte qui achète des superaliments dans un magasin zéro déchet

Cinq façons pour les marques et les détaillants de renforcer leurs déclarations sur la durabilité

Responsabilité des marques de produits de consommation : cinq étapes pour produire des déclarations fiables en matière de durabilité et fidéliser les clients.


En bref

  • Des allégations d’écoblanchiment peuvent grandement nuire à la réputation d’une marque ou d’un détaillant. Sans compter les risques réglementaires et les risques de litige inhérents à la présentation de fausses déclarations.
  • À l’heure où les consommateurs cherchent des produits et des services plus durables, les marques doivent améliorer leur capacité à formuler des assertions sur la durabilité documentées et vérifiables, en lesquelles les consommateurs peuvent avoir confiance.
  • Investir dès maintenant dans ces capacités peut réduire les risques, atténuer les pénalités potentielles et susciter chez les consommateurs le type de confiance qui favorise l’engagement à long terme et la loyauté. 

Les marques grand public et les détaillants font face à une réalité complexe. D’une part, les consommateurs veulent en savoir davantage sur les produits et services durables. D’autre part, les lois et les agences qui protègent les consommateurs au Canada – et ailleurs dans le monde – font monter les enjeux en tentant de réglementer les déclarations environnementales fausses, trompeuses ou non fondées qui relèvent de l’écoblanchiment.

Combinés, ces facteurs suscitent chez les marques et les détaillants une crainte bien réelle d’être soumis à l’examen du public, crainte qui freine leur capacité de répondre aux attentes des consommateurs. Les entreprises doivent toutefois se garder de se retirer du jeu. En fait, cet environnement en rapide évolution recèle de nombreuses possibilités pour celles qui sont prêtes à renforcer dès maintenant leur approche en matière d’information sur la durabilité.

Comme en témoigne toujours l’indice EY de l’évolution des habitudes des consommateurs, un nombre grandissant de consommateurs sont préoccupés par les changements climatiques et les impacts environnementaux de leur mode de vie. C’est particulièrement vrai pour les jeunes consommateurs, les membres des générations Y et Z étant prêts à débourser davantage pour des produits et services durables que ceux de la génération X ou que les baby‑boomers.

Parmi les 22 000 répondants sondés dans 28 pays en 2023, 82 % considèrent que le développement durable est assez ou extrêmement important dans leurs décisions d’achat. Lorsqu’il s’agit de faire de choix plus durables, 64 % des répondants estiment avoir besoin de plus d’information et 29 % s’attendent à ce que les déclarations de durabilité soient accompagnées de retombées environnementales positives.

Cet intérêt grandissant du public pousse les marques de produits de consommation à s’adapter à l’évolution des préférences et des priorités. Le nombre d’allégations publicitaires au sujet de la durabilité des produits, des services et des emballages est en hausse, et ce, dans toutes les catégories d’achat – appareils électroniques, aliments et boissons emballés, vêtements, produits de beauté et de soins personnels, tourisme et transport. Un phénomène qui comprend les étiquettes environnementales créées par les entreprises elles‑mêmes.

Quel est le problème? Les allégations d’écoblanchiment sont également en hausse. Une étude réalisée en 2020 par la Commission européenne a déterminé que 53 % des déclarations environnementales formulées à l’égard d’un large éventail de produits fournissaient aux consommateurs des informations vagues, trompeuses ou non fondées, une pratique appelée « écoblanchiment »₁. Les termes qui visent les consommateurs, comme « recyclable », « neutre pour le climat » ou « carboneutre » peuvent s’avérer involontairement trompeurs si on n’y apporte pas les bémols nécessaires. Plus particulièrement, les déclarations relatives à des engagements pour le climat sont source de confusion pour les consommateurs, qui pourraient supposer à tort que la carboneutralité qui découle de l’utilisation de crédits compensatoires de carbone sous‑entend une réduction absolue des émissions.

À mesure que divers territoires passeront d’un cadre volontaire à un cadre obligatoire de présentation de l’information sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) afin de se conformer aux nouvelles exigences du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité, davantage de produits seront tenus de porter sur leur étiquette des renseignements relatifs à la durabilité. Parallèlement, des risques plus importants liés à la responsabilité et à l’application de ces normes entreront en jeu.

Cette nouvelle réalité ne touche pas que les marques de produits de consommation et les détaillants. De façon générale, les banques, les gestionnaires d’actifs et les assureurs subissent des pressions croissantes pour démontrer que leurs investissements s’alignent sur leur cible de zéro émission nette. Même les programmes nord‑américains de certification forestière dont dépendent les marques qui fabriquent des emballages et des produits en papier font l’objet d’un haut niveau de surveillance.

Ensemble, ces facteurs créent un contexte difficile pour les marques et les détaillants. En outre, les directives sur les déclarations environnementales ne sont pas toujours claires. Pour compliquer les choses, la réglementation diffère d’un territoire à l’autre, ce qui signifie qu’il n’y a pas de définition unanime de l’écoblanchiment. Ainsi, des entreprises réputées qui progressent véritablement vers leurs cibles de durabilité pourraient néanmoins hésiter à publier des déclarations destinées aux consommateurs, un phénomène surnommé « écosilence ». Cette tendance croissante risque de décevoir les consommateurs en quête de renseignements pointus lorsqu’ils comparent des produits ou effectuent des recherches sur les pratiques de durabilité de marques moins connues.

À mesure que les normes évolueront pour emboîter le pas à la législation, les marques devront demeurer agiles et adapter leurs pratiques commerciales. Il s’agit là d’une occasion à ne pas laisser passer. Les entreprises et les détaillants peuvent en profiter pour se démarquer dans un marché saturé et gagner la confiance des acheteurs en leur communiquant de façon proactive l’information pertinente qu’ils recherchent, tout en s’assurant que les mesures de contrôle préalable appropriées ont été mises en place, de sorte à éviter tout dérapage de communication.

Chez EY, nous conseillons aux marques grand public et aux commerces de détail d’adopter les cinq recommandations qui suivent pour réduire ces risques tout en continuant de répondre à la demande de la clientèle pour des informations à caractère environnemental.

  1. Assurer une surveillance active des lois applicables et des nouveautés législatives dans les pays où vos produits sont vendus, et informer les administrateurs des pénalités potentielles et des risques d’atteinte à la réputation si l’entreprise était prise à induire les consommateurs en erreur quant aux attributs sociaux et environnementaux de ses produits ou à sa performance ESG. Surveiller également les lois et règlements liés à la concurrence, à l’étiquetage des textiles et des produits, aux allégations en matière de performance environnementale, à l’écoconception, au droit à la réparation des biens, de même qu’à la communication de la performance ESG et au risque d’esclavage moderne dans les chaînes d’approvisionnement.
  2. Éviter de faire des affirmations vagues et générales pouvant involontairement induire les consommateurs en erreur en laissant entendre que le produit, le service ou l’entreprise n’a pas d’incidence néfaste sur l’environnement. Utiliser un libellé précis dans la description des produits, en établissant clairement les limites des énoncés qui ne doivent être ni faux ni trompeurs. Pour éviter des rappels et des pénalités coûteuses, les équipes chargées du développement durable, de la conformité des produits et du marketing doivent travailler de concert pour s’assurer que les campagnes de marketing, les logos, les publicités et les emballages ont tous fait l’objet d’une revue adéquate et qu’ils ont été approuvés avant d’être rendus publics.
  3. Obtenir des preuves documentaires solides de fournisseurs, de laboratoires agréés et de tiers afin de corroborer et de valider objectivement toute allégation. En plus d’être vérifiables, les preuves amassées doivent être fondées sur des données scientifiques et des tests appropriés. S’il y a lieu, elles doivent faire l’objet de mécanismes de contrôle tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
  4. User de prudence au moment de publier des déclarations environnementales concernant des cibles de carboneutralité qui ne sont pas étayées par une stratégie concrète de mise en œuvre. Ces cibles pourraient devoir être revues si l’année de référence utilisée pour les établir n’est plus représentative du profil actuel des émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise et que l’écart est important.

  5. Assurer une gouvernance adéquate et un contrôle préalable à l’égard de toutes les informations non financières. Le fait d’obtenir une assurance limitée ou raisonnable à l’égard des informations non financières et d’aligner toute déclaration d’ordre social ou environnemental sur ces informations peut réduire le risque lié à la réglementation et le risque de litige. 

Résumé

Les obligations d’information en matière de durabilité prennent forme au Canada et ailleurs dans le monde. De plus en plus, les consommateurs prennent des décisions d’achat en fonction des engagements en matière de durabilité pris par une marque ou liés à un produit. Le moment est venu pour les marques et les détaillants de renforcer leur processus de présentation d’informations sur la durabilité, afin d’atténuer les risques tout en favorisant la fidélisation de la clientèle.