Comment les gouvernements devraient‑ils commencer à élaborer une réglementation efficace sur le carbone? Tenez compte des sept facteurs clés suivants :
1. Connaître le type de prix le mieux adapté à votre économie et à votre société
Une tarification complète du carbone indique à chaque entreprise qu’elle doit tarifer le carbone aussi efficacement que n’importe quel autre intrant commercial et réduire les émissions, éliminant ainsi la nécessité de milliers de micro‑interventions. Les gouvernements sans tarification du carbone doivent s’appuyer sur des mesures incitatives, ce qui pose des défis sur le plan budgétaire.
La première étape consiste à choisir la meilleure forme de tarification du carbone de votre pays. S’il s’agit d’une taxe directe, quels seront les secteurs taxés les premiers? S’il s’agit d’un système d’échange de quotas d’émissions (SEQE), quels sont les secteurs d’activité et les gaz couverts, et comment élargir la couverture au fil du temps? Et comment rajuster la taxation des produits importés?
Les questions de conception comprennent le taux d’imposition initial et la façon dont il augmentera, l’attribution du fardeau législatif, le plafond de CO2, la distribution des allocations, la réglementation existante et, peut‑être le plus important, d’un point de vue politique, la répartition des produits.
2. Recourir à la compensation comme solution de rechange à la tarification du carbone
La réglementation des émissions de carbone est prête à adopter diverses tactiques. Les compensations, caractérisées par leur capacité à contrebalancer les émissions de GES ou à améliorer le stockage du carbone ailleurs, représentent une voie pour l’atteinte des cibles de réduction des émissions. Cette approche peut établir un cadre de partage des coûts sans mécanisme officiel de tarification du carbone. Toutefois, il est essentiel de faire preuve de prudence et d’effectuer des évaluations approfondies sur le marché des crédits carbone afin d’assurer une comptabilisation précise du carbone.
Les gouvernements peuvent favoriser la décarbonation en fixant un prix compensatoire important tout en s’attaquant aux transferts d’émissions de carbone potentiels. Grâce aux compensations négociées entre les pays, les pays ayant des intensités d’émissions plus faibles peuvent s’engager dans des initiatives de réduction du carbone, comme des projets technologiques ou le stockage du carbone, dans les pays ayant des intensités d’émissions plus élevées. Cette démarche stratégique est particulièrement avantageuse lorsque les installations industrielles sont plus anciennes et que les coûts de restauration sont faibles. Ainsi, la mise en œuvre de compensations nécessite un équilibre judicieux entre l’incitation à la décarbonation et la gestion des transferts d’émissions de carbone potentiels, façonnant une approche nuancée de contrôle des émissions.
3. Disposer d’un plan clairement défini pour répartir les recettes perçues
Les gouvernements peuvent utiliser les recettes provenant de la tarification du carbone pour réduire les impôts, investir dans l’énergie propre et les infrastructures technologiques, offrir un allègement aux ménages à faible revenu les plus touchés par la hausse des prix des aliments et de l’énergie, s’attaquer aux problèmes sociaux liés (ou non liés) aux changements climatiques, ou même financer des investissements dans la décarbonation pour des entreprises individuelles. Ces décisions entraîneront des répercussions sociales importantes; il sera donc crucial pour les gouvernements de choisir judicieusement leur stratégie.
4. Faire preuve de transparence pour renforcer la crédibilité et le soutien du système de tarification
La transparence maintiendra la crédibilité d’un cadre régional et national de tarification du carbone connecté. Les gouvernements doivent évaluer avec précision les émissions de carbone et l’efficacité de la compensation pour réduire au minimum les transferts d’émissions de carbone, réduire la double comptabilisation et lutter contre la fraude carbone et l’écoblanchiment.
La technologie et une meilleure analyse des données améliorent la transparence. Les technologies spatiales, y compris les données satellitaires, surveillent les forêts tropicales liées à des projets de compensation du carbone, tandis que le dispositif d’enregistrement électronique partagé permet de suivre les émissions de carbone et leur empreinte dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. L’IA et l’analyse de données peuvent fournir des informations sur les risques liés au carbone et leur atténuation dans les activités et les fournisseurs. La valeur de l’information continuera de croître et contribuera à établir un prix mondial du carbone. « Bientôt, divers systèmes de tarification du carbone coexisteront en tant que marchés distincts, déclare Gianluca di Pasquale, leader mondial, Économies vertes et infrastructures, et coleader, Villes de l’avenir, EY. Pour parvenir à une approche unifiée, il est essentiel d’exploiter le potentiel de la chaîne de blocs intégrée à l’Internet des objets. Le principal défi consiste à établir un écosystème qui favorise la confiance, la transparence et l’interopérabilité. »
5. Renforcer les obligations de présentation de l’information pour favoriser l’adoption
L’amélioration des données sur le carbone et les exigences accrues en matière de présentation de l’information sur le développement durable augmenteront la crédibilité et la valeur de la tarification du carbone. Les gouvernements à l’échelle mondiale réglementent la présentation de l’information non financière, et la nouvelle directive sur les rapports de développement durable des entreprises de l’UE exige que la plupart des entreprises signalent l’incidence des changements climatiques non seulement sur leurs activités, mais aussi sur la planète et la société. Aux États‑Unis, la Securities and Exchange Commission a proposé des modifications aux règles obligeant les sociétés à déclarer les risques liés aux changements climatiques susceptibles d’avoir une incidence importante sur leurs activités et leur situation financière.
6. Développer une culture de travail et de gouvernance qui comprend l’importance de la décarbonation
La transition vers une économie carboneutre nécessite une nouvelle génération de professionnels qui accordent la priorité à l’urgence climatique, à la biodiversité et à la préservation de la planète dans leur prise de décision. Ce changement de culture exige une nouvelle génération d’emplois verts et un changement de mentalité au sein de la main‑d’œuvre. Par ailleurs, les entreprises rentables seront de plus en plus synonymes d’entreprises vertes, à l’heure où les aspects économiques difficiles des changements climatiques et de la tarification du carbone façonnent l’économie de demain. L’économie souterraine s’essoufflera lentement alors que les industries bien établies feront place à des solutions vertes.
7. Tirer parti de la tarification du carbone pour la résilience et l’innovation climatiques mondiales
Les gouvernements peuvent exploiter les recettes générées par la tarification du carbone comme source importante de redistribution internationale en contribuant à un fonds commun pour soutenir la résilience climatique des pays vulnérables et faciliter la transition vers des économies à faibles émissions de carbone. Cette approche collaborative démontre l’engagement des pays développés à l’égard de l’action climatique mondiale et établit un cadre pour le bénéfice mutuel. Même les pays à plus faible intensité carbone peuvent en récolter les fruits, car ils peuvent exporter leurs technologies et solutions vertes de pointe, s’engager dans des projets et des coentreprises avec les pays en développement, renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement et favoriser l’amélioration des relations commerciales mondiales. Des exemples comme les transferts de technologies sont essentiels pour permettre aux pays moins développés d’adopter des technologies propres et efficaces, d’accélérer leur transition et de faciliter l’échange d’expertise, de connaissances et de solutions.