Comment le marché canadien du capital de risque évolue‑t‑il actuellement?
Bien que le volume des opérations de financement par capital de risque ait chuté depuis 2021, les entreprises canadiennes ont pu quand même accéder à des capitaux au premier semestre de 2022. L’essentiel des activités d’investissement par capital de risque a été généré sur les marchés de Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary, dans un contexte où les secteurs des TI, des biotechnologies, des services financiers et des technologies propres sont ceux qui attirent toujours le plus l’attention des investisseurs. Au cours du premier semestre de 2022, 299 opérations de financement dont la valeur totalise 4,72 G$ ont été réalisées au Canada1.
Malgré cela, des difficultés pointent à l’horizon. Une grande partie des activités d’investissement en capital de risque générées au Canada repose sur les investisseurs étrangers, notamment américains. Le volume des investissements réalisés par des investisseurs américains et canadiens en 2021 a atteint un sommet historique. Cela étant dit, au fil de l’évolution de la conjoncture économique, le volume des investissements en capital de risque a chuté de 67 % entre le premier et le deuxième trimestre de 2022, passant de 3,547 G$ à 1,168 G$2. Dans un environnement d’investissement marqué par un surcroît de prudence, les entrepreneurs canadiens ont beaucoup plus de difficulté qu’auparavant à obtenir une part importante du volume réduit des investissements en capital de risque réalisés par les investisseurs des États‑Unis et d’ailleurs dans le monde, qui sont désormais plus sélectifs.
Quelle est l’incidence d’une telle évolution du marché du capital de risque sur les entrepreneurs canadiens?
Globalement, une telle conjoncture place les entreprises canadiennes dans une situation intéressante. Les évaluations d’entreprises font l’objet d’un regain d’attention, car les investisseurs cherchent à déterminer la valeur réelle de celles‑ci, au delà du potentiel à long terme qu’elles présentent. Comme les difficultés macroéconomiques se superposent dans tous les domaines – dans un contexte marqué par les hausses de taux d’intérêt, les poussées inflationnistes et la détérioration de la conjoncture géopolitique –, le Canada pourrait bien mettre un certain temps à attirer de nouveau dans son secteur énergétique des investissements en capital de risque en provenance des États‑Unis et d’ailleurs dans le monde.
Ce n’est néanmoins pas le moment pour les entrepreneurs d’adopter une attitude attentiste ou de s’apitoyer sur leur sort. Le climat d’incertitude actuel leur offre une occasion idéale de travailler au développement de leur entreprise, d’élargir leurs réseaux et de déployer tous les efforts possibles pour réaliser des gains de rentabilité. Les entreprises qui se concentrent dès maintenant sur ces aspects pourront être tout à fait à même de revoir leurs options stratégiques, à mesure de l’évolution des marchés au cours des prochains trimestres.
Comment les entrepreneurs peuvent‑ils tirer le meilleur parti d’un tel entre deux sur le marché du capital de risque?
Pour se donner les moyens de transformer la phase d’attentisme actuelle en une période éminemment productive qui les amènera à se démarquer de la concurrence, les entrepreneurs peuvent appliquer les quatre principes de base suivants :
- Chercher des moyens de libérer leurs fonds de roulement de façon à prolonger le cycle de vie des fonds liquides. Il ne sera pas facile d’accéder à du financement au cours des prochains mois. Il importe de consolider dès maintenant les réserves de liquidités de l’entreprise, de sorte que celle‑ci puisse avoir les moyens de réaliser des progrès, quelles que soient les perspectives à court terme sur le marché du capital de risque.
- Procéder à un examen minutieux de tous les projets d’investissement, de construction, d’embauche ou d’expansion de grande envergure –Les projets dont le rendement des investissements n’est pas manifestement élevé ne valent peut‑être pas la peine que l’on prenne les risques qui s’y rattachent. Le moment est venu de se concentrer sur le service à la clientèle sur les principaux marchés ainsi que de réaliser des gains de valeur, s’agissant du type de valeur qui finit par générer des investissements en capital de risque.
- Envisager d’élargir le bassin de main d’œuvre stratégique. En revanche, le moment est propice à la mise en œuvre de stratégies de recrutement et à la constitution d’une réserve de talents. Dans un contexte où les entreprises surdimensionnées rationalisent leur effectif, les entrepreneurs peuvent se mettre à la recherche d’occasions de recruter des employés talentueux hautement performants ou spécialisés, tandis que le marché de l’emploi se desserre quelque peu.
- Remettre en question l’efficacité et la performance organisationnelles. Si votre entreprise n’a aucun pouvoir d’attraction sur les investisseurs, le moment est venu pour elle de se recentrer sur sa clientèle et l’exécution de sa stratégie. Votre entreprise doit rester leste. Elle doit être rentable. Elle doit conserver sa trésorerie. Elle doit bien fonctionner. Les entreprises qui obtiennent de bons résultats en périodes de difficultés impressionnent les investisseurs.