Zurich, le 10 janvier 2023 – Les banques suisses connaissent une période de tournants et font face à de nouveaux défis. L’année 2022 a été marquée par des incertitudes qui ont impacté la géopolitique et l’économie mondiale. L’optimisme avec lequel les banques suisses avaient commencé l’année après un fantastique exercice 2021 a été brusquement douché par l’éclatement de la guerre en Ukraine.
Les résultats de l’enquête du nouveau Baromètre des banques d’EY le révèlent : pour les instituts, les thèmes importants de la période à venir sont, outre le tournant des taux d’intérêt et l’inflation, les économies de coûts, l’amélioration de l’efficacité, le conseil à la clientèle axé sur les besoins et la durabilité. À ces défis s’ajoute désormais la recherche de collaborateurs adéquats – les banques sont elles aussi touchées par la pénurie de personnel qualifié, selon leurs propres dires.
Tels sont les résultats du Baromètre des banques EY 2023, réalisé chaque année. Cette année, le cabinet d’audit et de conseil EY Suisse présente la 13e édition de son étude. Pour le Baromètre des banques, 100 banques ont été interrogées en Suisse en novembre 2022.
Une résilience remarquable
L’exercice 2022 a été extrêmement turbulent : la guerre sur le sol européen, la crise énergétique, la baisse des bourses, les taux d’inflation record et la fin des taux d’intérêt négatifs ont marqué l’environnement des banques suisses. Malgré toutes ces turbulences, celles-ci continuent de faire preuve d’une grande résilience. 78 % des instituts interrogés constatent une évolution tout à fait positive de leur résultat opérationnel pour l’exercice 2022 qui vient de s’achever.
La part des instituts qui s’attendent à une baisse du résultat opérationnel en 2022 est de 22 % (année précédente : 13%). Dans ce contexte, ce sont surtout les banques de gestion de fortune qui sont un peu plus réservées qu’il y a un an, en raison de la baisse des bourses.
Activité opérationnelle : modérée à court terme, plus positive que jamais à long terme
Les estimations un peu plus réservées que l’année dernière se reflètent également dans les prévisions à court terme (un à deux ans) des banques. À court terme, le « baromètre de l’optimisme » tombe à 78 % (contre 87 % l’année précédente). Le nombre de banques qui misent sur un recul de leurs activités à court terme a pratiquement doublé en un an et se monte désormais à 22 % (contre 13 % l’année dernière). L’environnement marqué par les incertitudes assombrit les perspectives d’activité, au moins à court terme.
Cependant, la situation est différente à long terme : un nombre record de banques (98 % contre 86 % l’année précédente) en Suisse envisage l’avenir à long terme avec plus d’optimisme que jamais. Principale raison à cela : le tournant des taux d’intérêt attendu depuis longtemps. « Ce tournant permet à nouveau aux banques d’améliorer durablement leur marge dans les activités de marge d’intérêt, si centrales pour elles. Cela aura de nombreuses retombées positives à long terme, qui surpasseront les effets d’adaptation à court terme », déclare Patrick Schwaller, Managing Partner Audit Financial Services chez EY Suisse.
L’inflation et la hausse des taux d’intérêt augmentent (à court terme) les risques de crédit
Les banques estiment que l’inflation ne va pas disparaître rapidement. Ainsi, 74 % d’entre elles s’attendent à ce que l’inflation reste supérieure à l’objectif défini de 2 % par an au cours des une à deux prochaines années. Il n’est donc pas étonnant que l’évaluation des banques concernant le scénario de taux d’intérêt le plus difficile pour elles ait changé significativement par rapport aux années précédentes. Une hausse rapide des taux d’intérêt est identifiée comme le plus grand défi par 37 % des banques (contre 26 % l’année précédente). Cela vaut surtout pour les banques régionales et cantonales. Selon les banques suisses, la hausse des taux d’intérêt devrait également avoir des conséquences sur les opérations de crédit : 31 % des banques interrogées (année précédente : 12 %) prévoient à court terme des correctifs de valeur en hausse pour les financements de logements et 59 % (contre 36 % l’année précédente), une nette augmentation du besoin de provision pour risque de crédit pour les crédits aux PME. Cela représente une nette hausse par rapport à l’année dernière.
« L’augmentation attendue des pertes de crédit doit au final être considérée comme un tournant vers la normalité dans l’activité bancaire suisse. Les risques de crédit font partie des activités bancaires. Ces dernières années, nous avons toutefois été confrontés à une situation exceptionnelle historiquement, du fait de l’environnement des taux d’intérêt négatifs et des aides publiques accordées aux entreprises dans le cadre de la crise du coronavirus », explique Patrick Schwaller.
Changement structurel : innovation technologique et conseil à la clientèle axé sur les besoins
L’actuel Baromètre des banques le révèle : les banques suisses considèrent l’innovation technologique comme l’un des principaux moteurs du changement structurel (50 %). Les changements des attentes de la clientèle sont des moteurs du changement pour 49 % des banques interrogées. « Les banques ont très bien géré les changements réglementaires et l’environnement de taux négatifs des dernières années. Pour améliorer durablement la capacité de valeur ajoutée, il sera indispensable de renforcer l’orientation client à l’avenir », explique Olaf Toepfer, associé, responsable Banking & Capital Markets chez EY Suisse.
Comme les années précédentes, les banques espèrent pouvoir croître grâce à la systématisation de la vente (45 %), l’amélioration de l’expérience client (42 %) et l’amélioration des produits (30 %). Paradoxalement, elles n’accordent aucune priorité à une meilleure compréhension des clients. « Sans une compréhension plus profonde des clients, il ne sera pas possible de les conseiller avec leurs besoins croissants, de renforcer leur fidélisation et de justifier les frais facturés », ajoute Olaf Toepfer.
Les banques ont changé d’attitude en ce qui concerne leurs frais : contrairement aux années précédentes, seules 2 % d’entre elles indiquent pouvoir augmenter leurs frais (année précédente : 7%).
Efficacité, coûts et conséquences de la pénurie de personnel qualifié
L’année dernière encore, 60 % des banques déclaraient vouloir se concentrer sur l’augmentation des revenus et l’innovation – un record pour ces six dernières années. Mais là aussi, un tournant s’opère : seuls 40 % des instituts interrogés indiquent encore donner la priorité à la croissance et l’innovation. La « baisse des coûts et l’amélioration de l’efficacité » ont en revanche nettement progressé, et sont citées cette année comme une priorité par 36 % des banques (contre 19 % l’année précédente). « Dans le contexte des incertitudes économiques et géopolitiques actuelles, il n’est pas vraiment surprenant que l’accent soit mis non plus sur la croissance, mais sur la maîtrise des coûts et l’amélioration de l’efficacité », explique Patrick Schwaller.
En Suisse, les banques sont également sous pression dans la recherche de collaborateurs adéquats : la pénurie de personnel qualifié se fait clairement sentir dans le secteur financier suisse. Les activités liées aux ressources humaines, prises en compte pour la première fois cette année dans l’enquête, se classent directement dans les premiers rangs. À la question de savoir quels sont les « thèmes et activités » les plus importants, le « recrutement des collaborateurs » et le « développement des collaborateurs » arrivent en deuxième et troisième position. Ils se classent juste après la « cybersécurité », enjeu majeur depuis des années, qui occupe la tête de ce classement pour la sixième fois consécutive.
Renforcer l’attractivité grâce à une meilleure culture d’entreprise
À la question de savoir quelles sont les mesures les plus appropriées que les instituts peuvent prendre pour relever les défis liés au recrutement de nouveaux collaborateurs, 41 % des banques interrogées estiment que la solution réside dans des aspects du management de l’entreprise. Ainsi, une banque sur quatre mentionne la « culture et le leadership » comme étant le plus grand défi et tout de même 16 % citent le thème « stratégie et objectif ». Arrivent ensuite (avec 20 %), le développement et le perfectionnement des collaborateurs ainsi que l’amélioration de leur bien-être. Les banques accordent le moins d’importance aux avantages monétaires (12 %). « Les banques suisses indiquent que la culture est un vecteur de valeur important pour le recrutement et le développement des collaborateurs. Changer durablement une culture prend toutefois du temps et ne peut pas se faire à court terme par des éléments monétaires », déclare Isabelle Staiger, associée, People and Workforce chez EY Suisse.
La durabilité devient la norme du secteur
La prise en compte des aspects de la durabilité semble désormais bien ancrée dans les activités de placement des banques suisses. En 2022, 96 % des banques indiquent qu’elles intègrent déjà ou intégreront à l’avenir la durabilité dans le conseil en placement. Seules 4 % (11 % l’année précédente) des banques indiquent encore ne pas prendre en compte les aspects de la durabilité dans le conseil en placement. On constate également une importance croissante de la durabilité dans l’octroi de prêts aux clients commerciaux. Pour la première fois, plus de la moitié des banques (56 % contre 46 % l’année précédente) ont l’intention d’intégrer à l’avenir des critères de durabilité dans l’octroi de prêts à la clientèle commerciale.
Malgré la vague continue de réglementations, seules 34 % des banques suisses, contre 40 % l’année précédente, estiment encore que le statu quo en matière de réglementations liées à la durabilité est satisfaisant. « Compte tenu du manque de comparabilité et des différences d’interprétation et de mise en œuvre d’une banque à l’autre, il n’est guère surprenant que les banques souhaitent concrétiser davantage les obligations réglementaires existantes », explique Corina Grünenfelder, responsable Conseil en durabilité chez EY en Suisse.
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