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Les dix principaux risques pour le secteur Gouvernement et secteur public en 2025

La gestion intégrée du risque et le leadership courageux aideront les leaders du secteur Gouvernement et secteur public à atténuer les menaces interreliées en 2025.


En bref
  • En 2025, dans un contexte de disruption continue, la tension entre le scepticisme croissant et les attentes de plus en plus élevées du public à l’égard du gouvernement rendent la gestion du risque extrêmement difficile, mais non moins vitale.
  • Une approche intégrée de la gestion du risque peut aider les gouvernements à mieux remplir leurs obligations dans un contexte de moyens financiers limités et de contraintes d’ordre politique.
  • En anticipant et en atténuant les effets de la disruption, les gouvernements peuvent se faire valoir et démontrer leur fiabilité auprès des sceptiques.

Étant responsables de la gestion des risques existentiels les plus complexes et urgents pour nos sociétés, les gouvernements et institutions du secteur Gouvernement et secteur public auront probablement à composer avec une année éprouvante.

De la complexité géopolitique et des retombées de l’impasse fiscale mondiale aux enjeux liés au virage numérique et aux changements climatiques, les dix principaux risques qui menacent les organismes du secteur ont une portée considérable et peuvent entraîner des répercussions importantes. Pour ajouter à cette complexité, les risques s’inscrivent dans un contexte de méfiance croissante du public à l’égard des institutions et d’affaiblissement de la cohésion sociale.

Ainsi, le principal défi pour les leaders du secteur Gouvernement et secteur public consistera à composer avec l’évolution rapide de l’environnement du risque sans compromettre la qualité des services publics ou défavoriser la gestion responsable des finances publiques. En effet, pour éviter des crises plus graves demain, les leaders gagneront à faire des compromis difficiles aujourd’hui. En outre, il faut voir dans la gestion du risque une occasion de renforcer la confiance à l’égard du secteur et de se faire valoir auprès des sceptiques.

En adoptant une approche intégrée de la gestion du risque, les gouvernements pourront mieux anticiper les défis, réagir vite et s’adapter à des circonstances en constante évolution. La mentalité axée sur la prévision aidera les organismes du secteur public à reconnaître des occasions d’amélioration de leurs services et décisions, ce qui se traduira par davantage de résultats tangibles pour les électeurs.

Ce pari exige un leadership courageux, inclusif et novateur. Les leaders du secteur Gouvernement et secteur public, tous échelons confondus, devraient plutôt évaluer les risques imminents en continu pour inciter les parties prenantes, qu’elles soient internes ou externes à leur organisation, à s’y adapter et à y réagir avec efficacité.

L’environnement du risque en 2025 apporte son lot de défis, mais présente aussi des occasions de regagner la confiance du public. Cet article offre un aperçu des manières dont les gouvernements et les leaders du secteur Gouvernement et secteur public qui saisissent ces occasions peuvent contribuer à cultiver une plus grande résilience sociétale malgré la disruption. Le rapport sur lequel porte l’article, téléchargeable ici, inclut une analyse approfondie de chaque risque et propose des mesures qui peuvent aider les leaders à façonner l’avenir en toute confiance.

Diagramme des 10 principaux risques

Les dix principaux risques et la façon de les atténuer

1. Incapacité à assurer la bonne santé des finances publiques

Dans le monde entier, les gouvernements ont engagé des dépenses pour soutenir l’économie dont ils ont la charge au cours des crises des dernières années. Il en a résulté une dette publique mondiale élevée qui, selon le Fonds monétaire international, pourrait atteindre 115 % du PIB d’ici 2026.

Après des années de taux d’intérêt élevés, le coût de l’emprunt et du service des dettes a également augmenté. Ce fait pourrait miner les investissements dans les infrastructures publiques, entraver la croissance et entraîner une contraction encore plus prononcée des finances publiques.

Pour éviter la crise financière, les gouvernements doivent commencer à prendre des décisions difficiles dès maintenant. En se concentrant sur les indicateurs qui mesurent la valeur à long terme des fonds publics sur la base des résultats accomplis, ils peuvent prioriser des investissements et attribuer des ressources de façon plus efficace. Ils pourraient aussi mieux justifier les compressions budgétaires nécessaires.

2. Croissance économique faible ou non viable

Le supercycle électoral mondial a montré que les données encourageantes sur la croissance économique peuvent avoir pour effet d’occulter une autre réalité qui est pourtant celle de nombreux électeurs. En fait, de plus en plus souvent, ces données ne reflètent que les dépenses de la fourchette d’imposition supérieure.


À cette fragilité s’ajoutent les incidences potentielles des tarifs, le vieillissement des populations et la hausse des coûts attribuable au réchauffement de la planète. En conséquence, la trajectoire à moyen terme de la croissance mondiale reste modérée. Par ailleurs, cette tendance est en partie attribuable au fait que les niveaux d’endettement public élevés mettent un frein aux investissements publics dans des facteurs fondamentaux de la croissance tels que l’éducation et les soins de santé.

Cela dit, les investissements verts réalisés au cours des dernières années commencent à porter leurs fruits et démontrent les bienfaits de l’atteinte accélérée de l’objectif de carboneutralité. Les gouvernements peuvent utiliser leurs ressources limitées pour stimuler ce type de croissance durable et encourager la consommation durable. Des indicateurs de la prospérité économique autres que le PIB peuvent aussi offrir une vue plus complète des réalités économiques auxquelles les gens font face.

3. Pénurie de main‑d’œuvre et croissance de l’emploi informel

Le monde sera bientôt à court de travailleurs. Les attentes des employés sont devenues plus élevées, et leur mobilité a augmenté. Selon l’Organisation internationale du Travail, plus de la moitié de la main‑d’œuvre mondiale travaille au sein de l’économie informelle.


Ensemble, ces facteurs posent une menace pour la croissance dans la mesure où ils entraînent une réduction des bases fiscales, affaiblissent la résilience des organismes et amplifient la disruption des chaînes d’approvisionnement. Les pénuries de compétences et les inégalités sur le plan de l’accès à l’éducation sont en train de saper les efforts qui visent à développer une main‑d’œuvre prête pour l’avenir. La nature même du travail et des compétences est en train de changer rapidement, ce qui signifie que les organisations qui n’investissent pas dans l’apprentissage continu pourraient se retrouver à la traîne.

Pour être en mesure de façonner ce marché du travail de plus en plus instable, les gouvernements ont tout intérêt à investir davantage dans les inducteurs du développement économique et de la croissance, par exemple dans l’éducation. Ils peuvent aussi contribuer à dynamiser le secteur privé pour investir dans la formalisation du travail et dans l’amélioration des compétences des employés. Ils peuvent aussi réévaluer régulièrement la façon dont ils évaluent le marché des soins de santé.

4. Inadéquation des capacités numériques et des mesures de cybersécurité

La protection des données sensibles est une priorité absolue pour les organismes publics, dont la vulnérabilité face aux cyberattaques est néanmoins aggravée par le vieillissement des infrastructures technologiques, le caractère compartimenté des systèmes et les déficits technologiques.

Cette menace va probablement devenir plus pressante en 2025, à mesure que l’intelligence artificielle (IA) et l’informatique quantique évoluent. Il est donc urgent que les gouvernements et les institutions du secteur Gouvernement et secteur public renforcent leur sécurité numérique en adoptant des services infonuagiques. Ils gagneraient en outre à se constituer un bassin de professionnels de la cybersécurité et à renforcer la résilience aux cyberrisques des fonctionnaires.

Les défis liés à la pénurie de compétences et au partage de données empêchent de nombreux organismes de se servir des technologies numériques pour améliorer leurs services auprès des électeurs. L’amélioration des compétences technologiques des employés non seulement sera bénéfique aux organismes, mais elle améliorera aussi l’interopérabilité et contribuera à normaliser la gouvernance de données, l’éthique et les contrôles de sécurité, et ce, dans le but de permettre une meilleure utilisation des données.

5. Adaptation insuffisante au nouvel environnement géopolitique

À la suite d’une décennie marquée par la complexité géopolitique croissante, le monde est devenu un espace plus multipolaire. Cela signifie qu’un plus grand nombre d’acteurs influencent la politique internationale des institutions du secteur Gouvernement et secteur public ainsi que leurs priorités quotidiennes.

Le succès des candidats au discours subversif dans le cadre du supercycle électoral mondial montre que, face à l’insécurité sociale grandissante, les gens recherchent un leadership confiant. Cette tendance pourrait déboucher sur une orientation plus transactionnelle et opportuniste des relations internationales. Les divisions géopolitiques pourraient continuer à influencer grandement le commerce mondial et les conflits.

Dans cet environnement volatil, les efforts diplomatiques pourraient jouer un rôle crucial. Là où la politique empêche le dialogue de haut niveau, les coopérations solides à l’échelle des organismes au‑delà des frontières joueront un rôle essentiel pour l’atténuation des tensions. À l’échelle organisationnelle, l’investissement dans les données et l’analytique prédictive offrent aux gouvernements l’occasion d’anticiper plus efficacement la disruption et de mieux s’y préparer.

6. Visibilité et traçabilité limitées ou insuffisantes de la chaîne d’approvisionnement

La mise en place de stratégies de localisation et d’externalisation à proximité a contribué à atténuer certaines conséquences de la fragilité des chaînes d’approvisionnement. Cependant, les institutions du secteur Gouvernement et secteur public n’ont toujours pas développé la traçabilité et la visibilité nécessaires pour assurer leur résilience.

Par exemple, elles sont nombreuses à ne pas disposer des informations nécessaires pour surveiller leur réseau de chaînes d’approvisionnement en temps réel ou bien pour identifier leurs fournisseurs en bas d’un certain seuil. Cela limite leur capacité à reconnaître et à atténuer les risques et les disruptions potentielles avant que ces derniers ne se transforment en crise.

Le principal défi pour les leaders du secteur Gouvernement et secteur public consiste à composer avec l’évolution rapide de l’environnement du risque sans pour autant compromettre la qualité des services publics ou défavoriser la gestion responsable des finances publiques.

En améliorant leur capacité à gérer les risques liés à des tiers, les institutions peuvent mieux comprendre les dépendances qui créent des risques au sein des chaînes d’approvisionnement mondiales aujourd’hui et y répondre de façon appropriée. Le recours à des solutions technologiques intégrées dans le but de moderniser les chaînes d’approvisionnement et l’infrastructure logistique aidera à améliorer la visibilité et la traçabilité. En outre, l’amélioration des compétences du personnel permettra aux institutions de tirer parti des nouvelles technologies.

7. Faible résilience des employés qui réduit l’avantage Talent du secteur public

Les leaders du secteur Gouvernement et secteur public sont amenés à composer avec des charges de travail impossibles à gérer et un besoin croissant de services de la part du public. Le peu de confiance interne combiné au fait que le secteur est parmi ceux dont les employés sont les moins susceptibles de quitter leur emploi nuit à la résilience des employés et à l’attractivité de l’employeur.

Sans surprise, face aux défis liés à la concurrence du secteur privé au chapitre de la rémunération et aux cycles politiques volatils, la plupart des institutions du secteur Gouvernement et secteur public éprouvent des difficultés de recrutement. À moins qu’elles investissent dans l’avantage Talent, ces institutions courent le risque d’un exode des cerveaux au fur et à mesure que la main‑d’œuvre vieillit.


Il est essentiel que les institutions du secteur Gouvernement et secteur public utilisent les technologies pour réduire le fardeau administratif sur les employés. Une augmentation de la rémunération globale, une raison d’être bien articulée et des systèmes de développement des talents contribueront à créer un avantage Talent et à pourvoir les postes vacants cruciaux.

8. Incapacité de combler l’écart entre l’ambition climatique et l’action climat

Alors que de nombreux gouvernements se sont dotés de politiques et de règlements climatiques qui entreront en vigueur cette année et l’année prochaine, un leadership plus fort du secteur public apparaît comme une nécessité incontestable. L’indice EY de l’évolution des habitudes des consommateurs indique que 77 % des répondants sont d’avis qu’il incombe aux gouvernements d’atteindre de meilleurs résultats sociaux et environnementaux. Pourtant, seulement 34 % affirment que leur gouvernement prend suffisamment de mesures.

Selon l’Emissions Gap Report 2024 issu du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il faut « décupler notre ambition » pour contrer le réchauffement climatique catastrophique. Pour y parvenir, les gouvernements doivent se doter, en début d’année, d’objectifs plus ambitieux pour ce qui est des Contributions déterminées au niveau national. Il est tout aussi urgent de créer des incitatifs pour favoriser le financement mixte dans le but de réduire l’écart de financement dans les infrastructures durables. Sur le plan interne, la transition verte des opérations gouvernementales crée une dynamique et augmente la confiance du public. S’il n’est pas possible d’entreprendre des mesures audacieuses à l’échelle nationale, il incombera aux leaders des gouvernements locaux de stimuler l’avancement de la transition verte.

9. Manque de résilience face aux chocs découlant des changements climatiques

Plus les problèmes liés au climat, notamment au réchauffement, s’intensifient, plus leur coût humain et économique augmente. Déjà, les gouvernements ont de la difficulté à réagir efficacement aux problèmes de santé grandissants qui découlent des changements climatiques et au manque de ressources, ce qui entraîne plus de conflits, de famines et de migrations.

Pour atténuer ces risques, les pays développés doivent octroyer un financement préférentiel pour permettre aux nations insulaires et aux pays en développement les plus à risque de mieux s’adapter aux changements climatiques. Cependant, l’objectif de financement de 100 milliards de dollars américains promis lors de la 15e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP15) en 2009 n’a été atteint qu’en 2022, soit deux ans plus tard que l’échéance initiale.

L’atteinte du nouvel objectif collectif quantifié établi lors de la COP29 en novembre 2024 est essentielle pour permettre aux pays les plus à risque d’atteindre leurs cibles en matière de Contributions déterminées au niveau national. Elle permettra aussi à ces pays d’investir dans des outils de renforcement de la résilience tels que des systèmes d’alerte précoce multirisques, qui, selon le PNUE, peuvent limiter de 30 % les dommages occasionnés par les disruptions. Les gouvernements peuvent y contribuer en offrant plus de mesures incitatives pour le secteur privé, en intégrant le risque climatique dans les budgets publics et en faisant la promotion de projets d’adaptation axés sur la collectivité.

10. Détachement des besoins et des expériences des parties prenantes

La réponse lente et insuffisante des gouvernements aux chocs mondiaux et l’impression de plus en plus forte que les gouvernements laissent la plupart des gens pour compte ont fini par miner la confiance du public à l’endroit des institutions et la cohésion sociale1. Ces facteurs ont aussi contribué au succès de candidats au discours subversif dans le cadre du supercycle électoral mondial.


Cette érosion de la confiance aide à expliquer les raisons pour lesquelles les gens comptent de plus en plus sur des plateformes vidéo et de messagerie privée pour s’informer, avec tous les risques de mésinformation que cette pratique comporte. Lorsque la méfiance du public se combine à de la désinformation, concertée ou non, la vérité devient plus difficile à repérer, ce qui réduit la capacité des gouvernements à diffuser des messages importants.

Même les meilleurs services et politiques possibles offerts aux électeurs ne sauraient renverser cette tendance. Pour y remédier, il faut un leadership honnête et fiable qui assume la responsabilité de ses décisions. Les leaders du secteur public devront faire participer les électeurs à l’élaboration des politiques, établir des liens communautaires solides et encourager la transparence.


Résumé 

En 2025, les risques pour le secteur public sont plus interreliés que jamais. En investissant dans la gestion intégrée du risque, les gouvernements pourront anticiper et atténuer les menaces avec davantage d’efficacité. Ce faisant, ils pourraient inspirer confiance auprès du public et démontrer leur valeur. Enfin, en faisant preuve d’un leadership courageux et innovant, les gouvernements peuvent devenir plus résilients et flexibles, ce qui les positionnera de façon à pouvoir façonner l’avenir en toute confiance dans un monde toujours plus incertain.


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