Cette année, les responsables de la fonction commerce international ont concentré leurs discussions sur les ICP internes, les différences entre les ICP liés à la conformité – ou ICP « axés sur les risques », qualifiés ainsi par un participant – et les ICP liés à la préservation de la valeur.
Les participants ont constamment utilisé indifféremment les mots « conformité » et « quantitatif », et « préservation de la valeur » et « qualitatif ». Avec les exemples de conformité ou de quantitatif, les ICP en lien avec le « taux de droit de douane effectif » et les « droits de douane sous gestion » ont fait l’objet d’un large consensus à savoir que ces ICP historiques ont été utilisés aux fins de la production de rapports sur l’efficacité et l’efficience de la fonction commerce. Dans une large mesure, ces ICP restent inchangés, tout en étant encore amplement utilisés, avec de petites modifications. Il en est toutefois autrement lorsqu’il s’agit des ICP externes. En s’appuyant sur des registres de risques faisant état des risques quantitatifs et qualitatifs à l’échelle mondiale, par pays et par activité (p. ex. les interactions avec les administrations publiques et le renforcement global du cadre d’exécution des dispositions législatives), ainsi que sur des calculateurs de pénalités à l’échelle mondiale, les responsables de la fonction commerce international en sont venus à faire preuve de plus d’efficacité dans l’évaluation des tiers.
Dans de précédents rapports sur les pratiques de pointe dans le secteur du commerce international, les ICP associés aux tiers ne portaient que sur la gestion des courtiers. Désormais, bien que ces indicateurs continuent de jouer un rôle important et de figurer parmi les ICP externes, les entreprises élaborent des questions et des processus leur permettant de mieux évaluer et modéliser les répercussions de l’élargissement des risques géopolitiques et des risques propres à chaque pays sur leur fonction commerce et leurs activités.
Point de vue d’EY
La mise au point d’ICP significatifs et mesurables est une activité qui exige encore beaucoup d’attention et d’efforts de développement. Les moyens permettant d’évaluer objectivement l’efficacité de la fonction commerce international restent limités, au regard des résultats transactionnels et des économies de droits de douane. Par ailleurs, il y a peu d’exemples de fonctions commerce international ayant mis au point des ICP internes permettant d’en déterminer l’efficacité, en plus des ICP servant à évaluer l’efficacité des activités de soutien à la conformité ou des activités transactionnelles. Les défis à relever découlent peut‑être en partie des lacunes sur le plan de l’accès à des données significatives. À mesure que les entreprises progresseront dans l’acquisition de technologies à l’appui de leur fonction commerce international et qu’elles en viendront graduellement à se doter de données cohérentes et exploitables, nous nous attendons à observer également des progrès au chapitre des indicateurs. Les entreprises qui sauront faire preuve d’efficacité dans la mise au point d’ICP permettant de déterminer l’efficacité de cette fonction – encore mieux lorsqu’il s’agit d’ICP associés à leurs objectifs organisationnels généraux – pourront communiquer efficacement avec les dirigeants, sous un angle nouveau, tout en faisant en sorte que les employés hautement performants affectés à la fonction puissent avancer sur le plan professionnel. Il est possible qu’elles puissent ainsi en arriver à mieux fidéliser également leurs talents.
Conclusion
Au cours des dernières années, la fonction commerce international des entreprises a été assaillie de questions requérant beaucoup de temps et d’attention. En y consacrant le niveau d’attention requis, les responsables de la fonction commerce international ont trouvé le temps de se concentrer sur la réalisation de progrès continus, en offrant des activités de perfectionnement et du soutien aux ressources, en élargissant leur champ d’intervention de sorte qu’il englobe la lutte contre le travail forcé et d’autres questions ESG, en augmentant le nombre de processus internes relatifs aux sanctions et aux contrôles à l’exportation, et en intensifiant les efforts d’automatisation. Ils ne sont toutefois pas entièrement satisfaits, estimant qu’il reste encore du travail à faire pour surmonter les défis internes et externes qui subsisteront.
Les responsables de la fonction commerce international souhaiteraient pouvoir consacrer plus de temps aux stratégies et à la planification, à l’analytique de données, ainsi qu’aux processus et contrôles commerciaux. De même, ils souhaiteraient que des ressources additionnelles soient affectées à ces questions. Il est intéressant de souligner que, même si les questions ESG sont un nouveau sujet brûlant d’actualité dans le secteur du commerce, aucun participant au sondage ne souhaite que des ressources additionnelles y soient consacrées, ce qui peut aussi constituer un aspect à considérer dans les débats persistants quant à savoir s’il est judicieux ou non que la responsabilité à l’égard de ces questions incombe à la fonction commerce international. Les responsables de la fonction commerce international préfèrent plutôt affecter des ressources additionnelles à l’analytique de données, de même qu’aux processus et contrôles commerciaux.
La majorité des participants au sondage estiment que les disruptions dans les chaînes d’approvisionnement, l’adoption de politiques nationalistes et l’instabilité sur la scène géopolitique sont des facteurs externes qui vont perdurer et auxquels il faudra rester attentif. Ce sont des enjeux interfonctionnels complexes qui monopoliseront directement l’attention des leaders de la fonction commerce international. Il n’est pas étonnant que les responsables de la fonction commerce international considèrent que les plus grands défis internes de leur entreprise sont associés au capital humain, à la visibilité de la chaîne d’approvisionnement et aux flux de données. Pour libérer ces ressources, il faudra nécessairement que la fonction soit agile et adéquatement dotée en personnel, tout en s’appuyant sur des processus bien établis, un certain degré d’automatisation et des activités opérationnelles dont le fonctionnement en arrière‑plan est fluide. La difficulté de libérer des ressources pouvant être réaffectées à des activités plus stratégiques a été traitée dans des rapports précédents sur les pratiques de pointe et, bien qu’elle ait été surmontée à certains égards, elle reste une source de stress pour la fonction.
Point de vue d’EY
En définitive, les responsables de la fonction commerce international conviennent que c’est le qualificatif « dynamique » – à défaut d’utiliser le vocable « instable » – qui caractérise le mieux la « nouvelle normalité », du fait des trois principaux phénomènes mondiaux que sont les tendances nationalistes, les pressions géopolitiques et les disruptions des chaînes d’approvisionnement. Cette nouvelle normalité les a contraints à repenser les orientations, les priorités et la stratégie de la fonction commerce international de leur entreprise. Les fonctions commerce international de premier plan qui ont été conçues de façon à intégrer les quatre éléments présentés ci‑après ont plus de facilité à réussir.
1. Soutien interfonctionnel
Nous devons rappeler que la collaboration interfonctionnelle est une nécessité qui a été désignée comme étant une pratique exemplaire il y a plus de dix ans. Les besoins ont évolué, s’agissant désormais non plus seulement de l’impératif de promouvoir la fonction commerce international, mais également de la nécessité de l’amener à s’engager en permanence auprès du groupe. Les dispositions législatives nouvelles ou à venir relatives à des questions ESG telles que la lutte contre le travail forcé, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) et la réglementation contre la déforestation rendront encore plus nécessaires le resserrement et le renforcement des efforts de collaboration continue entre les fonctions.
2. Mise en valeur interne de l’image de marque
De tout temps, la fonction commerce international a été considérée comme un outil de soutien à la conformité. Les entreprises reconnaissent toutefois désormais qu’elle est en mesure de générer de la valeur à l’échelle organisationnelle en intervenant notamment dans la prise de décisions relatives à la détermination des sources d’approvisionnement, dans la planification des sites et dans la refonte des processus de production ou de fabrication.
3. Des ressources adéquates et une main-d’œuvre mobilisée
Depuis toujours, il est important de pouvoir s’appuyer sur une main‑d’œuvre, des processus et des technologies qui conviennent. Au cours des dernières années, c’est surtout à la main‑d’œuvre que les responsables de la fonction commerce international ont accordé la priorité. Dans le contexte de la course permanente aux talents et de la grande démission, les fonctions commerce international ont élargi leur champ d’intervention de façon à déterminer non seulement comment faire pour attirer les meilleurs talents, mais également comment procéder pour les former et les fidéliser, celles faisant figure de leaders allant jusqu’à intégrer la planification de la relève.
4. Agilité
Depuis toujours, les professionnels du commerce international doivent faire preuve d’agilité. Nous observons néanmoins que les fonctions commerce international qui ont le plus de succès et qui sont parvenues à un niveau supérieur de maturité ont sciemment intégré l’agilité à leur modèle organisationnel, considérant qu’il s’agit d’un élément de conception proactif. C’est un progrès par rapport aux années précédentes, alors que l’agilité était davantage considérée comme une exigence réactive.