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Comment composer avec les nouvelles réalités ESG dans le secteur de la gestion de patrimoine et d’actifs

Coécrit par :

Tannor Pilatzke, chef d’équipe, Stratégie et transformation des entreprises, EY Canada
Khushboo Amarnani, chef d’équipe, Stratégie et transformation des entreprises, EY Canada
Michelle Levandovsky, conseillère senior, Stratégie et transformation des entreprises, EY Canada
Amisha Khatri, conseillère senior, Stratégie et transformation des entreprises, EY Canada

Les gestionnaires de patrimoine et d’actifs qui appliquent une approche centrée sur l’humain peuvent bénéficier des avantages inattendus découlant des cadres de réglementation ESG


En bref

  • Les investisseurs et les actionnaires s’attendent de plus en plus à ce que les gestionnaires de patrimoine et d’actifs contribuent à l’établissement d’une économie et d’un avenir plus durables. 
  • De nouvelles dispositions réglementaires ont pour effet d’accentuer ces pressions, dictant ultimement le contenu et la forme des rapports de durabilité que les entreprises canadiennes doivent produire.
  • En mettant au point une stratégie environnementale, sociale et de gouvernance (« ESG ») globale qui intègre l’approche centrée sur l’humain, les entreprises peuvent se positionner de façon à respecter des exigences de conformité en pleine évolution, tout en se démarquant auprès des parties prenantes incontournables sur le marché.

Les gestionnaires de patrimoine et d’actifs doivent appliquer en permanence une approche centrée sur l’humain dans le cadre de la stratégie, de la mise en œuvre et de la présentation de l’information et de la gouvernance ESG. Les entreprises qui appliquent une approche centrée sur l’humain peuvent transformer leur processus de présentation de l’information ESG, de sorte qu’il ne s’agisse plus seulement d’une activité de gestion de la conformité, mais bien d’un avantage concurrentiel, surtout dans un contexte de perpétuelle évolution en temps réel du cadre de réglementation canadien. 

Dans quelle mesure les facteurs ESG sont‑ils une source de possibilités pour les gestionnaires de patrimoine et d’actifs canadiens?

Intensification des pressions émanant des investisseurs et des actionnaires

La démonstration de l’application d’une approche uniforme, globale et transparente en matière de durabilité figure parmi les dix principales résolutions prises par les gestionnaires d’actifs qui veulent réussir en 2024. L’intensification des pressions émanant des principales parties prenantes qui s’attendent désormais à ce que les gestionnaires de patrimoine et d’actifs prennent part à l’établissement d’une économie plus durable représente largement une source de motivation à cet égard. 

La grande majorité des gestionnaires de patrimoine canadiens (96 %) affirment que les clients accordent de plus en plus d’importance aux réalisations ESG des entités figurant dans leurs portefeuilles de placements, tandis que 90 % des investisseurs estiment que les entreprises doivent investir beaucoup plus dans les nouvelles technologies pouvant leur permettre de mieux se familiariser avec les risques ESG et les risques climatiques en lien avec leurs portefeuilles1.

Les actionnaires sont en quête de plus de transparence, dans un contexte où les risques d’écoblanchiment ou de politisation les amènent à faire preuve de prudence, s’agissant de facteurs qui peuvent engendrer d’importants déficits de confiance parmi ces décideurs importants. En termes simples, l’adoption des critères ESG est désormais considérée comme un enjeu.

Évolution des exigences réglementaires

Partout dans le monde, les cadres de réglementation évoluent en parallèle. Pour le moment, nous ignorons encore comment évoluera exactement le cadre canadien de présentation de l’information ESG auquel seront assujetties l’ensemble des entreprises, ou plus particulièrement celles qui sont spécialisées dans le secteur des services financiers. Nous pouvons néanmoins affirmer de façon relativement certaine que l’adoption d’un cadre de réglementation des informations en matière de durabilité est imminente et que ce cadre s’apparentera grandement à ceux qui sont en vigueur en Europe, en Asie et aux États‑Unis pour ce qui est de la rapidité et de l’ampleur de son déploiement. 

Plus près de nous, le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a déjà publié une première version de ses normes d’information sur la durabilité, à des fins de consultation publique. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) appuient sans réserve cette première version qui est harmonisée avec les normes du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB). À compter de 2024, les ACVM obligeront les banques, les sociétés d’assurance et les entreprises de services financiers admissibles qui sont sous réglementation fédérale à communiquer leurs informations ESG en lien avec les risques climatiques2.

Les gestionnaires de patrimoine et d’actifs qui aspirent à prospérer véritablement dans un environnement aussi peu familier ne pourront pas se contenter de suivre simplement le rythme de l’évolution de ces nouvelles dispositions réglementaires. 

Pour composer efficacement avec un environnement opérationnel aussi complexe, ils devront s’appuyer sur une stratégie convaincante et clairement définie, c’est‑à‑dire une stratégie qui soit étroitement liée à une proposition de valeur centrée sur l’humain, reposant sur des plateformes numériques à l’appui d’une gouvernance solide, sans égard à l’évolution du cadre de présentation de l’information ou aux fluctuations de l’humeur du marché. 

Les gestionnaires de patrimoine et d’actifs peuvent influer considérablement sur les résultats ESG. Cette influence peut se manifester sous diverses formes. Ils peuvent notamment intégrer les risques liés aux clients et les risques environnementaux à l’ensemble des pratiques organisationnelles, de façon à offrir des produits et solutions de placement reposant sur des critères ESG, ou encore incorporer ces critères aux processus de gestion des placements. 

Quelle est la première étape à franchir pour être en mesure de faire face aux nouvelles réalités ESG?

Les gestionnaires de patrimoine et d’actifs qui cherchent à assurer la pérennité de leur entreprise doivent adopter une approche centrée sur l’humain dans le cadre d’un processus de transformation ESG axé sur l’amélioration et la croissance continues. Cette stratégie doit reposer essentiellement sur les personnes mêmes qui comptent le plus sur le plan organisationnel.
 

Les entreprises qui mettent tout particulièrement l’accent sur une série de facteurs humains ont plus de 70 % de chances que leur transformation soit couronnée de succès. Elles ne peuvent pas réussir sans accorder la priorité aux ressources humaines dont elles ont besoin pour mettre en œuvre les changements requis, de même qu’aux attentes des parties prenantes externes qui sont les plus engagées dans la réalisation de progrès.
 

Étant donné ce qui précède, comment pouvez‑vous progresser? Nous vous recommandons d’articuler votre approche ESG centrée sur l’humain autour de quatre axes essentiels : 

1. Mise sur pied d’une stratégie et d’un cadre de gouvernance solides. Les entreprises doivent se doter d’une vision et d’objectifs ESG harmonisés à l’échelle organisationnelle qui soient intégrés aussi bien à leur stratégie qu’à leurs innovations en matière de produits et de services. Faites en sorte que votre stratégie soit centrée sur l’humain, en prenant les mesures suivantes :

  • Veillez à ce que les responsabilités à l’égard de votre stratégie soient véritablement assumées à tous les paliers organisationnels, dans un contexte où les membres de la haute direction et les cadres la diffusent et l’incarnent à l’échelle organisationnelle. Dans le secteur de la gestion de patrimoine et d’actifs, une entreprise qui adopte une excellente vision ESG à l’échelle organisationnelle peut faire figure de leader sur le marché et se démarquer ainsi de ses concurrents qui accusent un retard à cet égard. Pour y parvenir, elle doit d’abord se doter d’une vision collective convaincante qui amène les employés à se mobiliser, à agir différemment et à passer à l’action. 

2Établissement de protocoles efficaces de gestion des risques, des questions réglementaires et de la conformité. Les protocoles de gestion des questions réglementaires et de la conformité représentent un volet essentiel d’une solide stratégie ESG. Pour atténuer les risques potentiels et assurer la conformité aux normes nationales et internationales, il est indispensable de pouvoir s’y retrouver dans un ensemble de réglementations ESG complexes. Faites en sorte que ces protocoles soient centrés sur l’humain, en prenant les mesures suivantes : 

  • Investissez dans des outils numériques qui aident les membres de votre personnel à rester à l’affût de l’évolution continue des cadres de réglementation ESG et procédez à leur déploiement. Au lieu de vous concentrer seulement sur votre pile technologique, engagez‑vous dans un processus de transformation numérique grâce auquel vos employés pourront aider votre entreprise à réaliser désormais des progrès au chapitre des résultats et de la présentation de l’information ESG. 
  • Habilitez vos employés de sorte qu’ils puissent délaisser les tâches routinières ou manuelles liées à la présentation de l’information pour se concentrer plutôt sur des initiatives ESG stratégiques de grande valeur et la rationalisation des protocoles de gestion de la conformité. Pour y arriver, recourez à des technologies numériques permettant d’automatiser l’exécution des tâches de gestion de la conformité, d’obtenir une vue en temps réel des risques liés à la réglementation et, ultimement, de dégager de la capacité parmi vos effectifs. 
  • Offrez à vos équipes les moyens de bien se familiariser avec diverses normes ESG. Prenez en compte les taxonomies établies par le Sustainability Accounting Standards Board (SASB), le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) et l’Union européenne (UE) ou le Règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR). Cela peut aussi aider l’entreprise à s’acquitter de ses obligations d’information et à éviter de lourdes pénalités.

3. Établissement de rôles de gestion et de gouvernance des données ESG bien définis. Les entreprises qui ne peuvent pas s’appuyer sur des informations exactes et fiables peuvent avoir du mal à présenter les informations ESG de façon uniforme à l’échelle organisationnelle. Faites en sorte que vos protocoles soient centrés sur l’humain, en prenant les mesures suivantes : 

  • Désignez des champions de la gestion et de la gouvernance des données ESG qui ont la responsabilité de mettre au point une méthode exhaustive d’acquisition de données et dont le rôle est clairement défini. Les entreprises doivent aussi se doter de processus d’harmonisation des données bien définis permettant de standardiser la collecte, le stockage, le nettoyage, la gestion, l’utilisation et l’élimination de celles‑ci, de même que d’une architecture de données ESG centralisée. 
  • Procédez dès maintenant à la modernisation de vos capacités de données, de sorte que vos employés puissent plus facilement prendre en compte les facteurs ESG, et ce, dans les meilleurs délais. Vos équipes ne peuvent pas évaluer les données à l’égard desquelles elles ne sont pas à même d’effectuer un suivi efficace. En s’appuyant sur des données claires, elles seront plus en mesure d’appliquer à grande échelle une approche ESG systématique et rigoureuse. 

4. Promotion d’une culture organisationnelle durable reposant sur les principes ESG L’instauration d’une culture organisationnelle durable revêt une importance primordiale dans la mise en œuvre des principes ESG. La façon dont une entreprise se comporte – notamment sur le plan des valeurs, de l’éthique et des normes – a une incidence considérable sur son image de marque ESG.Faites en sorte que votre culture organisationnelle soit centrée sur l’humain, en prenant les mesures suivantes :

  • Faites la promotion des idées et pratiques durables dans le cadre de toutes vos activités. 
  • Assurez‑vous que vos employés peuvent gérer les changements qui découlent de l’évolution des cadres de réglementation ESG et des exigences du marché, en implantant des plateformes numériques à l’appui des activités d’apprentissage et de formation continus sur les questions ESG. C’est ainsi que vos employés de divers échelons seront habilités à établir une corrélation entre les effets de leurs actions et les objectifs ESG de l’entreprise.
  • Utilisez des outils de communication et de collaboration numériques dans la promotion d’un dialogue ouvert et du partage des connaissances en ce qui a trait à la stratégie, aux attentes et aux réalisations de l’entreprise à l’égard des questions ESG.
  • Vous devez recueillir de la rétroaction constructive auprès des employés, tout en démontrant la volonté de l’entreprise de se familiariser avec les points de vue et perspectives des employés sur ses activités ESG. 
  • Intégrez les objectifs ESG aux indicateurs clés de performance (ICP) des employés et des membres de la direction, tout en tirant parti d’outils d’analyse évolués permettant d’en faire le suivi et de produire des rapports à cet égard. L’établissement de corrélations entre les ICP et les objectifs peut mener à un changement culturel global qui, au fil du temps, finira par refléter réellement la vision ESG. 

Que faut‑il en conclure? 

Les cadres de mise en œuvre et de gouvernance ESG en vigueur au Canada sont en pleine évolution. La meilleure façon de s’adapter à cet environnement consiste à adopter une stratégie ESG flexible qui permet de faire face à la conjoncture globale du marché et qui repose sur une approche centrée sur les ressources humaines, lesquelles peuvent ainsi s’appuyer sur des informations claires, des outils numériques et une culture centrée sur les facteurs ESG, de sorte que toutes les composantes organisationnelles puissent évoluer de concert.


Résumé 

Au Canada, les gestionnaires de patrimoine et d’actifs font face à des pressions de plus en plus intenses visant à les amener à accorder la priorité aux facteurs ESG. L’adoption d’une approche ESG centrée sur l’humain peut permettre de transformer la conformité en un avantage concurrentiel. Les entreprises doivent faire face à l’évolution des cadres de réglementation en se dotant d’une stratégie bien définie, ainsi que d’un cadre de gouvernance et d’outils numériques d’excellence, tout en accordant la priorité à leurs ressources humaines. Les entreprises qui appliquent une approche globale dans l’exécution de leur stratégie ESG peuvent influer positivement sur leurs résultats ESG, stimuler l’innovation et se démarquer sur le marché.

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