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Vu le projet de graphite au Québec, peux‑tu expliquer l'importance des politiques qui appuient le développement de ce type de gisement dans la province?
Le rôle du gouvernement est considérable pour plusieurs raisons, et je crois que sa stratégie est bien établie. Le Québec a été la première province à le faire pour les secteurs des batteries et des minéraux critiques. Et c'est l'une des principales raisons qui m'ont amenée ici.
Mais il importe de communiquer la stratégie aux gens – pas seulement à d'autres pays, mais aux autres Canadiens aussi. Pour ce qui est de l'accessibilité de projets comme le nôtre au Québec, il existe un besoin d'expliquer leur importance pour l'avenir de l'économie, pour l'emploi. Une fois la production lancée, notre projet pourra injecter plus de 100 M$ en salaires dans la province. Ce type de développement harmonieux doit être mieux compris, au sein de la collectivité, de notre organisation, du gouvernement. Cela apporte un soutien à notre participation aux États‑Unis et nous permet de faire progresser de nouveaux projets en développement.
En plus de ce que fait le Québec pour l'industrie des minéraux critiques, peux‑tu en dire plus sur vos interactions avec le gouvernement fédéral et sur des investissements récents?
Actuellement, le gouvernement fédéral y accorde une très grande importance. Les ressources minières et naturelles ont toujours été au cœur de l'économie. Et notre avenir repose sur les technologies propres et l'énergie renouvelable, ce qui nous place à l'avant‑plan.
L'investissement de 4,9 M$ appuie le pilotage d'études métallurgiques sur le graphite menées au Québec et ailleurs au Canada. Notre capacité d'innover s'en trouve accrue. Nous devons communiquer l'importance de l'industrie minière et de la transformation des minéraux critiques ici au Canada. Selon Bloomberg, le Canada est le chef de file mondial en matière d’énergie renouvelable et dans le secteur des batteries, ce que nous devons mettre de l'avant dans nos communications.
À ce titre, avez‑vous eu de la difficulté à mobiliser du financement pour votre projet? Et que disent vos homologues du secteur des minéraux critiques sur les défis liés à la mobilisation de capitaux?
Je prends exemple des calendriers, il faut regarder derrière et vers l'avant. Pour utiliser une analogie du hockey : où va la rondelle? Nous avons inversé notre stratégie d’entreprise pour déterminer où nous voulions être dans cinq ans, mais les investisseurs examinent les résultats des dix dernières années afin de réaliser les rendements du capital investi ajustés en fonction des risques souhaités.
Nous parlons ici d'une industrie qui peut prendre de 10 à 15 ans pour passer de l’exploration à l’exploitation. L'équipe de direction peut avoir changé trois ou quatre fois pendant cette période. Même si certains catalyseurs peuvent avoir permis de créer de la valeur, certains minéraux critiques, le graphite tout particulièrement, ne sont pas facilement exploitables, rendant inutiles les anciens modèles. Il faut passer en revue de nouveaux modèles de mobilisation de capitaux afin, faire comprendre aux investisseurs que nous pourrons commencer l’exploitation dans cinq ans et que c’est cette équipe de direction en particulier qui le fera. Comment pouvons‑nous obtenir du capital de risque, qui est également du capital patient, qui peut être déployé immédiatement?
De nouveaux défis exigent de nouveaux outils. Les caisses de retraite, par exemple, disposent de ressources importantes et peuvent jouer un rôle important créant des fonds de R&D, le tout avec un montant égal offert par le gouvernement. Ce modèle n’existe pas encore, mais il faudrait le créer dès que possible, pour être plus agiles en matière de capital.
Récemment, des poids lourds du secteur ont demandé au gouvernement canadien de forcer les caisses de retraite canadiennes à investir dans le secteur des minéraux, qui est une partie de notre identité en tant que pays. Que penses‑tu de cette nouvelle solution, qui pourrait changer la donne et faire en sorte que nous dépendons plus des caisses de retraite ou d’autres fonds à l'extérieur du Canada?
C’est un très bon point. Nous avons même approché des caisses de retraite, mais en raison de leur structure – elles ne s'intéressent qu'aux très grandes transactions – et seulement quelques‑unes se concrétisent. La croissance du secteur repose sur la capacité des petites entreprises de devenir de grandes entreprises, et les caisses de retraite n'ont pas la structure d'y investir.
Nous sommes conscients qu’elles ont le devoir de générer de bons rendements pour les retraités et les gens qu’elles représentent, mais c’est une vision à court terme, parce que, au bout du compte, ce sont les Canadiens qui bâtiront l’avenir de ce pays. Investissez dans l’éventail d’entreprises qui ont déployé des efforts concertés pour valoriser de manière responsable les minéraux critiques et obtenir une subvention équivalente à ce financement. Je pense qu’il s’agit d’une occasion fantastique pour un investisseur, notamment pour une caisse de retraite non seulement d’investir, mais également de contribuer à l’économie canadienne et d’accroître la productivité.
La productivité a été au cœur des débats au cours des derniers mois. Il faut plus d'innovation. Je sais que Lomiko, sous ta direction, a des idées qui pourraient révolutionner l'industrie. Peux‑tu nous parler de ces innovations?
Selon moi, l’innovation, c’est avant tout un état d’esprit qui consiste à ne pas avoir peur de parler aux collectivités des questions qui les concernent et de leurs enjeux et de tenir compte de ces questions et de ces enjeux dans les études que nous réaliserons. Je suis donc très fière des subventions que nous avons reçues : toutes pour la R&D.
Les 8 M$ US ne représentent que la moitié de ce dont nous avons besoin. Donc, des fonds d’une valeur de 16 M$ US pour faire de la R&D pour innover et appliquer les meilleures pratiques dans les études. De même pour la subvention du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Canada, qui permettra à des scientifiques et à des laboratoires canadiens de développer des solutions pour purifier le graphite et le transformer en graphite enrobé sphérique purifié. Ce sont là des méthodes utilisées en Chine mais voir ce qui nous convient le mieux. Grâce à cet état d’esprit novateur qui tire parti de l’ensemble des études réalisées, nous tenons toujours compte de questions comme la gestion de l’eau, les connaissances autochtones, les utilisations traditionnelles ou l’engagement communautaire et nous les intégrons à notre stratégie.
Nous devons innover dans notre façon de travailler avec les collectivités, de nous présenter à elles, d’aborder la décarbonation et de réaliser un projet carboneutre dont nous serons tous responsables, que nous pourrons comprendre. Pour moi, l’innovation, c’est ça.
Tu as doté Lomiko d’une certaine vision et d’un certain type de leadership. De nombreux participants au secteur, moi y compris, considèrent que ton leadership est unique. Peux‑tu nous faire part de ta perception du leadership et de la manière dont il t’inspire et en inspire d’autres?
Il ne faut jamais perdre de vue que tout est possible. Il est essentiel que nous ayons la capacité de poursuivre nos rêves plutôt que de poursuivre un objectif. C'est ce que je cherchais en venant chez Lomiko, et parce que notre rêve est que l’Amérique du Nord puisse être autonome sur le plan de la chaîne d’approvisionnement en énergie, et que les gens et la collectivité croient en ce projet, et y participent et y contribuent.
Cet état d’esprit m’aide chaque jour à prendre les bonnes décisions. Mon leadership se fonde sur un caractère positif. Depuis quelques années, nous avons été témoins d’énormément de cynisme à l’égard du leadership et de l’art du possible. Mais il est important. Pourquoi est-ce si important?
Je sais aussi que c’est que lorsque des gens se regroupent autour d’une vision commune, mais également autour de valeurs communes, de grandes choses peuvent se produire. Nous choisissons de faire preuve d'excellence au travail et de mener avec intégrité et respect pour les autres, peu importe si les autres sont d'accord ou non avec vous. Nous tous, Gordana Slepcev, Vince Osbourne, moi‑même et, maintenant Cindy, sommes des partenaires en entreprise. Nous ne disposons pas de décennies pour apporter des changements, mais de quelques années, il faut donc en profiter. Si je ne peux pas réaliser quelque chose aujourd'hui et que Gordana le peut, elle a le champ libre. C’est le genre de leadership que je veux exercer et qui, je l’espère, saura être rassembleur.
Ce fut une conversation très éclairante. Merci.
Merci Theo, J'ai été ravie de te parler. Ce fut un plaisir.