Eldorado Gold est présente dans plusieurs pays. Dans quelle mesure l’étendue des activités de l’entreprise a‑t‑elle influé sur sa gestion de la pandémie de COVID‑19?
Nous avons mis en œuvre un plan de gestion de crise dès les premiers signes d’éclosion de la pandémie. Dès lors, la santé et la sécurité de nos employés ont figuré à l’avant‑plan de nos priorités, prenant le pas sur la santé financière de l’entreprise. Comme nous avons ainsi démontré à nos employés que nous nous soucions d’eux, nous avons pu plus facilement conquérir leur cœur et leur esprit. Cela a donné le ton à l’échelle organisationnelle.
Nous avons entrepris alors de mettre en place des contrôles axés sur la réduction de la propagation de la COVID‑19. Nous avons notamment pris des mesures de prévention types, telles que la distanciation physique. Nous avons adopté des mesures de traçage et de suivi permettant de repérer les personnes susceptibles d’être entrées en contact avec des employés ayant obtenu un résultat positif à un test de dépistage, de limiter la propagation de la maladie et de protéger notre personnel. Nous avons également adapté nos modalités de changement de quarts de travail, de façon à réduire les interactions au minimum. Dès le début, tous les employés réputés être à haut risque selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé ont été soustraits à l’obligation de se présenter au travail, sans avoir à en subir les conséquences sur le plan de la rémunération pendant cette période.
Je crois que toutes ces mesures ont réellement permis d’envoyer un message positif à l’ensemble de notre main d’œuvre, tout en favorisant un haut taux d’adhésion à l’échelle organisationnelle et la poursuite de nos activités avec un minimum de perturbations.
Passant du sujet de la pandémie aux questions de sécurité en général, je vous invite à nous présenter votre point de vue sur l’adoption des technologies. Comment Eldorado Gold exploite t elle les technologies de façon à rendre les mines à la fois plus sécuritaires et plus productives?
Eldorado Gold sait tirer parti des technologies de diverses manières. Le traçage électronique dans les mines souterraines en est un exemple. Cette technologie nous permet essentiellement de suivre à la trace l’ensemble de nos employés et de nos pièces d’équipement. Grâce aux données recueillies, nous disposons d’énormément d’informations sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour réduire les risques à la sécurité de nos employés. Nous pouvons aussi manœuvrer notre équipement à distance, en actionnant de la surface des foreuses et des racloirs. C’est ainsi que nous pouvons maintenir le déroulement du cycle d’exploitation minière pendant les changements de quarts de travail ou les opérations d’élimination des gaz explosifs présents sous terre. Nous n’avons plus à suspendre les travaux en cours.
J’ai un autre exemple : dans une mine à ciel ouvert que nous exploitons en Turquie, nous avons recours à une technologie qui nous permet d’observer constamment les yeux des opérateurs de machinerie. Nous pouvons ainsi rester à l’affût d’éventuels signes de fatigue. Si le logiciel détecte de tels signes chez un opérateur, son siège se met à vibrer pour l’avertir de rester alerte. Notre répartiteur reçoit aussi un message qui l’amène à interagir avec l’opérateur. C’est vraiment important. Lorsque l’on considère les accidents dans les exploitations minières, on constate que la machinerie lourde peut‑être la cause de graves problèmes. Nous parvenons à atténuer ces risques depuis quelques années, en tirant parti de cette technologie qui s’avère très efficace.
Nous utilisons aussi une technologie qui permet d’éviter les collisions. Cela nous ramène aux mesures de traçage et de suivi des employés et de l’équipement. Les opérateurs peuvent repérer les personnes et les autres pièces d’équipement qui se trouvent à proximité; c’est un autre moyen d’éviter les collisions.
Il y a aussi une technologie qui nous aide à prêter davantage attention à la protection de l’environnement. Nous travaillons à mettre au point un système appelé ECOMUD. Dans nos activités de prospection, nous forons dans le sol pour prélever des échantillons qui nous indiquent où se trouvent les gisements de minerai. Ce système facilite la collecte d’informations sur la métallurgie et le traitement. Pour les forages, nous avons évidemment besoin d’eau pour refroidir le matériel et faire monter les carottes d’échantillons à la surface. Le système ECOMUD permet de prélever de l’eau pour le lavage des échantillons, tout en évitant la surchauffe du matériel de forage, de façon à le garder productif. Nous travaillons avec des partenaires locaux pour recycler cette eau, en faire une utilisation minimale et réduire le plus possible les répercussions environnementales associées aux forages.
Ce ne sont là que quelques exemples des applications technologiques qui nous aident à améliorer l’exploitation de notre entreprise, dans un environnement plus sécuritaire.
Selon vous, quelles sont les retombées globales de l’accélération des progrès technologiques dans le secteur minier?
Grâce aux avancées technologiques, nos mines sont maintenant plus sécuritaires. Toutefois, de tels progrès ont aussi eu pour effet de modifier la nature de notre travail. Comparativement à l’époque où mes grands‑pères travaillaient sous terre, le travail des mineurs d’aujourd’hui est beaucoup moins physique. Selon moi, ce changement contribue véritablement à ce que le marché de l’emploi dans le secteur soit globalement ouvert à une population de travailleurs plus diversifiée. Ce sera désormais un facteur important. Nous devons pouvoir compter sur une main‑d’œuvre masculine et féminine des plus brillantes pour le déploiement, le perfectionnement et la maintenance de ces technologies. Dans le contexte actuel, pratiquement n’importe qui peut travailler dans le secteur minier. À de nombreux égards, les impératifs d’inclusion et de diversité vont gagner en importance dans notre secteur, à mesure que le déploiement des technologies se poursuivra.
Il s’agit d’une excellente transition vers la mise en œuvre des priorités environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans le secteur minier. Quel regard portez‑vous sur les questions ESG?
Le World Gold Council veille à la mise en application des principes ESG dans l’exploitation des mines d’or, tandis que l’Association minière du Canada a mis en œuvre l’initiative Vers le développement minier durable. Nous adhérons au Code international de gestion du cyanure, de même qu’aux Principes volontaires sur la sécurité et les droits de la personne. Les questions ESG constituent une dimension essentielle des activités et des valeurs d’Eldorado Gold. Nous adhérons à toutes ces normes sur une base volontaire.
Le développement du Système de gestion intégrée du développement durable, appelé SIMS, est une autre dimension essentielle de l’environnement ESG de notre entreprise. Grâce au SIMS, nous pouvons effectuer la gestion intégrée de tous les engagements que nous avons pris, en assurant ainsi la conformité de notre main‑d’œuvre, de nos politiques et de nos procédures opérationnelles à ces engagements. Ce système nous aide à respecter nos promesses à l’égard de la société.
Notre équipe de direction et notre conseil d’administration adhèrent entièrement aux principes ESG. Nous avons réalisé des progrès considérables au cours des dernières années. Le SIMS continuera de rendre de fiers services à notre entreprise, en nous soutenant dans nos efforts pour nous conformer à nos engagements. Il facilitera l’instauration d’un environnement de travail sécuritaire et inclusif. Il nous importe d’évoluer au sein de collectivités engagées et prospères.
Nous voulons produire de façon responsable. Nous voulons mener nos activités dans des environnements sains et laisser ceux‑ci dans un bon état de conservation lorsque nous serons amenés à y mettre fin. Le SIMS joue donc un rôle important dans le cadre de tous ces efforts.
Quant à nos émissions de gaz à effet de serre, nous avons établi des cibles de réduction de notre incidence sur les changements climatiques qui sont réalistes. Nous nous concentrons sur la décarbonisation de nos activités, mais nous progressons une étape à la fois, en veillant à disposer de plans grâce auxquels nous parviendrons ultimement à nos fins. Nous nous sommes dotés d’un objectif flexible, mais pratique, que nous sommes en mesure d’atteindre. Je crois que nous avons ainsi envoyé au marché le message que nous sommes déterminés à réduire notre empreinte carbone et à atteindre des cibles spécifiques mesurables.
Notre conseil d’administration et notre équipe de direction ont pris des engagements ESG très fermes. Le développement durable est un facteur de réussite pour notre entreprise.
Sur le plan macroéconomique, le secteur des mines et métaux a traversé de nombreux cycles inflationnistes. Quel conseil pouvez‑vous donner, particulièrement aux entreprises aurifères, quant à la façon de composer avec les pressions inflationnistes dans le secteur?
Je dirais d’abord que les pressions inflationnistes se font sentir actuellement dans l’ensemble du marché. La guerre en Ukraine a véritablement entraîné une aggravation des enjeux mondiaux, surtout dans notre secteur d’activité, dans un contexte de volatilité des marchés de l’électricité, des carburants et des réactifs. J’aimerais aussi ajouter que, dans le contexte particulier actuel, des facteurs d’atténuation nous sont favorables.
La plus grande partie de nos ventes d’or et de sous-produits de métaux de base sont réglées en dollars américains. Même le produit des ventes en lires turques que nous réalisons en Turquie est converti immédiatement en dollars américains. Une grande partie de nos dépenses sont effectuées dans une devise locale. En Grèce et en Turquie, en plus des fortes poussées inflationnistes occasionnées par de tels enjeux mondiaux et par des problèmes propres à ces pays, nous avons observé une assez forte appréciation du dollar américain par rapport aux monnaies locales. De façon générale, cela a permis de compenser quelque peu l’augmentation de nos coûts. Nous n’avons pas d’activités aux États‑Unis, et une grande partie des coûts que nous engageons dans les trois régions où nous menons des activités sont dans une autre devise, dont la conversion en dollar américain nous est favorable. Cela nous a aidés un peu.
Comme toute autre entreprise, nous déployons tous les efforts possibles pour rationaliser les aspects sur lesquels nous pouvons exercer un contrôle, dans une optique d’amélioration continue. De toute évidence, dans le secteur aurifère, la tarification du métal est le nerf de la guerre. Comme vous l’avez dit, le secteur minier est cyclique, et nous avons fait en sorte que notre entreprise soit résiliente face à des conjonctures difficiles.
Pour terminer, y a‑t‑il des réflexions dont vous souhaitez nous faire part ou des points que vous aimeriez que nous retenions?
Je suis un ingénieur minier. Je travaille dans le secteur minier depuis une trentaine d’années. J’ai mené une carrière fantastique. J’ai pu me rendre dans la plupart des régions de la planète et échanger avec des gens d’horizons divers de partout dans le monde. Ma carrière est une grande source de gratification. Je veux que les jeunes hommes et les jeunes femmes sachent que nous avons besoin des meilleurs et des plus brillants d’entre eux dans ce secteur.
Fondamentalement, toutes les activités humaines reposent sur le secteur minier. Ce qui n’est pas produit dans un champ est tiré d’une mine. Les technologies, les réseaux de transport et le secteur énergétique sont tous tributaires du secteur minier. Notre industrie évolue. Nous continuerons de travailler à l’amélioration de nos activités, et je crois que cela est important pour la société. Tout ce dont il a été question aujourd’hui est important pour la société. J’encourage les gens à envisager la possibilité de faire carrière dans le secteur minier.