Questions au sujet des échanges commerciaux et des droits de douane que doivent poser les conseils d’administration

Les 12 questions clés que les conseils d’administration doivent poser dès maintenant au sujet des échanges commerciaux et des droits de douane

Collaboratrice : Helen Mitchell

Les conseils d’administration canadiens qui posent les bonnes questions au sujet des échanges commerciaux et des droits de douane peuvent aider les organisations à s’adapter à la volatilité et à en sortir plus fortes. Prenez connaissance des 12–questions clés à poser dès maintenant.


En bref

  • Alors que les entreprises canadiennes sont confrontées à des difficultés géopolitiques et économiques, les conseils d’administration ont un rôle essentiel à jouer dans l’élaboration des stratégies et le renforcement de la résilience opérationnelle et financière.
  • En posant les bonnes questions, les conseils d’administration peuvent contribuer à accroître l’agilité nécessaire dans un marché où la capacité à rebondir est essentielle à la réussite.

Les organisations canadiennes doivent adopter une approche intégrée pour relever les défis du commerce mondial. Avoir une vue d’ensemble – et évaluer les incidences sur la chaîne d’approvisionnement, les échanges commerciaux et la fiscalité de manière coordonnée  – peut aider les entreprises à mettre en œuvre des stratégies à court et à moyen terme. En cette période d’incertitude et de volatilité, les conseils d’administration doivent aller au‑delà de leur rôle de surveillance et s’impliquer activement. Ils doivent, dans cette période sans précédent, s’entretenir avec la direction des questions clés en matière de stratégie, d’exploitation et d’information financière. 

Quelles difficultés les conseils d’administration canadiens rencontrent‑ils actuellement? 

À l’aube de 2025, l’économie canadienne reprenait de la vigueur, comme en témoignaient le repli de l’inflation, la baisse des taux d’intérêt et les signes de reprise observés notamment dans le secteur de l’habitation. Mais le changement radical dans la politique commerciale américaine et l’imposition rapide de droits de douane entre les États‑Unis et le Canada ont changé la donne. L’incertitude demeure quant à l’ampleur et à la durée des barrières commerciales, ainsi qu’à l’évolution des relations canado‑américaines dans ce nouveau contexte politique. Cette incertitude pèsera sur les décisions d’investissement et de dépenses, et ralentira probablement la croissance économique future. Elle pourrait même mener à une récession. 

D’un point de vue sectoriel, le Canada est, depuis 2023, le plus important partenaire commercial (au chapitre des importations) de 23 États américains. À l’échelle nationale, les secteurs du pétrole et du gaz et de la fabrication sont les plus exposés à l’évolution des tarifs douaniers américains, en raison de leur forte dépendance à l’égard du commerce transfrontalier. Par ailleurs, des dizaines de partenaires commerciaux des États‑Unis sont engagés dans des négociations commerciales bilatérales, y compris le Canada, qui poursuit ses discussions avec son voisin du Sud.

Dans ce contexte de perturbation continue, les conseils d’administration doivent contribuer à l’élaboration d’une approche intégrée combinant des mesures à court et à long terme. Cela permettra aux entreprises de disposer de la flexibilité nécessaire pour demeurer agiles dans le marché actuel, tout en se préparant à un avenir incertain.

Comment les conseils d’administration peuvent‑ils aider les entreprises canadiennes à passer à l’action? 

Il n’existe pas de solution unique pour les entreprises canadiennes qui cherchent à atténuer les risques tout en prospérant dans le contexte actuel. C’est pourquoi une approche intégrée est essentielle. Des évaluations rapides peuvent vous aider à comprendre l’état actuel de votre entreprise, l’incidence des tarifs douaniers sur celle‑ci et sa flexibilité opérationnelle. 

La modélisation de scénarios est un excellent moyen d’évaluer les options liées à la chaîne d’approvisionnement et à la fiscalité qui peuvent contribuer à atténuer l’incidence des droits de douane. Elle permet de cibler les aspects pouvant faire l’objet d’ajustements à court terme, plutôt que de changements stratégiques majeurs. Ces analyses peuvent permettre à votre entreprise – et à son conseil d’administration – de mettre en œuvre des changements à court terme pouvant induire des avantages immédiats – par exemple la réduction des coûts liés aux droits de douane et à la chaîne d’approvisionnement, tout en limitant au minimum les perturbations sur le plan des activités et de la répartition des coûts. Elles peuvent aussi éclairer les décisions stratégiques à long terme visant à améliorer la résilience, à réduire le risque de perturbation mondiale et à éviter de générer des profits difficilement soutenables. 

Pour aider votre organisation à traverser cette période difficile, votre conseil d’administration doit jouer un rôle actif et poser les bonnes questions :

  1. Devons‑nous revoir certains aspects de notre stratégie ou de nos investissements clés à la lumière des risques et incertitudes actuels? Y a‑t‑il des hypothèses fondamentales inhérentes à notre stratégie que nous devrions réexaminer?
  2. Avons‑nous réalisé une évaluation de l’état actuel des incidences des tarifs douaniers et de la flexibilité opérationnelle, y compris en ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement, les échanges commerciaux et la fiscalité? Avons‑nous la capacité de modéliser les changements dans le contexte commercial instable touchant l’établissement des prix ou d’y réagir rapidement?
  3. Quels scénarios utilisons‑nous dans notre planification et quelles pourraient être les incidences des résultats potentiels sur l’entreprise? À quelle fréquence ces hypothèses sont‑elles réévaluées et abordées avec le conseil d’administration?
  4. L’entreprise dispose‑t‑elle d’une équipe de gestion agile, possédant l’expérience et les compétences nécessaires pour travailler efficacement dans cet environnement en rapide évolution?
  5. Comment gérons‑nous les tensions au sein de notre main‑d’œuvre transfrontalière et comment maintenons‑nous la cohésion et l’engagement de nos équipes? 
  6. Au‑delà des incidences commerciales actuelles, sommes‑nous prêts à faire face à une probable récession économique? Quel suivi est effectué pour que les premiers signes de ralentissement soient pris en compte dans nos décisions de l’entreprise?
  7. Y a‑t‑il des possibilités d’investissement que nous devrions envisager pour tirer parti de l’incertitude actuelle ou des changements de politiques sans précédent? 
  8. Avons‑nous remis en question la philosophie de gouvernance du conseil d’administration dans l’environnement actuel? Consacrons‑nous suffisamment de temps à des discussions significatives sur l’incertitude géopolitique actuelle? 
  9. Comment interagissons‑nous avec nos clients et nos fournisseurs pour comprendre l’incidence potentielle des tarifs douaniers sur l’entreprise? Que disent‑ils?
  10. Quelles mesures prenons‑nous pour évaluer l’incidence des tarifs douaniers sur nos états financiers (p. ex. dépréciation des actifs, évaluations de la juste valeur, évaluation des stocks, pertes de crédit attendues, contrats déficitaires, etc.)? 
  11. Quelle incidence les tarifs douaniers ont‑ils sur notre plan financier et, le cas échéant, sur nos prévisions du marché? Quelles informations supplémentaires fournissons‑nous dans notre rapport de gestion pour répondre aux nouveaux risques et incertitudes?
  12. Quels scénarios de prévision sont utilisés pour préparer les évaluations aux fins de l’information financière (comme les prévisions de flux de trésorerie pour un test de dépréciation du goodwill ou pour la modélisation des pertes de crédit) et prévoyons‑nous devoir faire appel à des conseillers?

La conclusion

En posant dès maintenant les bonnes questions, les conseils d’administration peuvent aider les organisations canadiennes à élaborer des stratégies efficaces pour lutter contre l’incertitude géopolitique et économique.

Résumé

Ces discussions essentielles peuvent avoir une incidence positive et durable, peu importe votre secteur d’activité.

À propos de cet article