Deux amies marchent dans la rue et discutent.

Pourquoi l’écart entre les hommes et les femmes dans le commerce international doit‑il être comblé plus rapidement?

Sujets connexes

Bien que certains écarts entre les hommes et les femmes se résorbent, le rythme des progrès est trop lent dans le domaine du commerce. Les responsables des réformes au sein des gouvernements et des entreprises peuvent montrer la voie à suivre.


En bref

  • Selon les estimations, les femmes ne dirigent que 15 % des entreprises engagées dans le commerce international.
  • Au rythme actuel des réformes politiques, il faudra plus d’un siècle pour combler l’écart entre les hommes et les femmes dans le commerce mondial.
  • Combler l’écart entre les hommes et les femmes dans le domaine du commerce profitera aux entreprises et à l’ensemble de l’économie. Les précurseurs avancent à grands pas. D’autres mesures s’imposent.

En 2013, Connie Stacey a eu une idée de projet commercial : créer un substitut propre, vert et silencieux aux générateurs alimentés par des combustibles fossiles. Mme Stacey, 48 ans, avait déjà travaillé dans le domaine des technologies de l’information et pensait pouvoir utiliser la technologie des batteries comme solution de rechange au diesel ou à l’essence. Son modèle serait plus grand que les batteries des téléphones portables, ne nécessiterait pas de techniciens ou d’ingénieurs pour être utilisé et pourrait être modulable à l’infini. Elle a construit un prototype, l’a baptisé Grengine, et a créé une société appelée Growing Greener Innovations pour le fabriquer et le commercialiser.

Puis sont venus les défis, tout d’abord en termes de développement de son produit, puis de sa diffusion sur les marchés mondiaux. Elle a rencontré un obstacle auquel tant de femmes entrepreneures se heurtent : l’obtention d’un financement. En 2022, seuls 2 % du capital de risque à l’échelle mondiale était destiné aux entreprises détenues par des femmes, la plupart de ces décisions de financement étant prises par des hommes1.  Les difficultés de Stacey à obtenir du financement ont également mis en évidence la discrimination subtile à laquelle certaines femmes sont confrontées. « J’avais déjà construit le prototype, et certaines personnes me demandaient qui l’avait vraiment inventé. »

J’avais déjà construit le prototype, et certaines personnes me demandaient qui l’avait vraiment inventé.

Ensuite, il y a eu la question de l’introduction de son produit sur le marché mondial. Seulement 15 % des entreprises engagées dans le commerce international sont dirigées par des femmes, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC)2.

Stacey a finalement connu le succès en 2018, lorsqu’elle a participé à un concours parrainé par le département de la défense des États‑Unis, où les innovations elles‑mêmes étaient au centre de l’attention, plutôt que les fondateurs ou leur collecte de fonds. Stacey a gagné dans la catégorie efficacité énergétique et technologies de réseau, ce qui lui a donné l’élan dont elle avait besoin. De 2018 à 2023, elle a remporté des prix décernés par 14 autres organisations, ainsi que des contrats visant l’approvisionnement en Grengine de clients allant des Forces armées canadiennes à une mine en Saskatchewan et à un terrain de golf au pays de Galles.

Aujourd’hui, Stacey exporte dans six pays, ce qui la place dans la petite minorité d’entreprises dirigées par des femmes engagées dans le commerce international recensées par l’OMC.

Réduire l’écart entre les hommes et les femmes

Selon le Forum économique mondial (FEM), le déséquilibre dans le commerce international est l’une des nombreuses inégalités qui constituent un écart mondial entre les hommes et les femmes, lequel ne sera comblé que dans 131 ans au rythme actuel des réformes politiques.

Les entreprises dirigées par des femmes accusent un retard dans le commerce mondial.
des entreprises qui font du commerce international sont dirigées par des femmes.

Le FEM divise l’écart entre les hommes et les femmes en quatre domaines. Deux domaines sont considérés comme presque totalement fermés : le niveau de scolarité, et la santé et la survie. Les deux autres écarts sont plus persistants : l’autonomisation politique, et la participation et les possibilités économiques3. Le commerce est touché par l’écart de participation et de possibilités économiques. Cet écart a une incidence sur les femmes en tant que consommatrices, travailleuses et entrepreneures.

  • Consommatrices : la « taxe rose » a fait couler beaucoup d’encre, c’est‑à‑dire le supplément de prix que les femmes paient parfois pour acheter un rasoir rose plutôt qu’un rasoir bleu. Mais ce phénomène axé sur le commerce va plus loin. Selon une étude publiée en 2020 dans la revue American Political Science Review et portant sur deux décennies de droits de douane sur les vêtements pour hommes et pour femmes dans 167 pays, les importations de produits féminins ont été taxées 0,7 % de plus que les importations de produits masculins4. Aux États‑Unis, les droits de douane augmentent d’environ 0,75 $ US le coût des sous‑vêtements pour hommes et de 1,10 $ US celui des sous‑vêtements pour femmes5.
  • Travailleuses : dans les pays en développement, les femmes et les hommes rivalisent pour obtenir un emploi officiel auprès d’une entreprise qui est intégrée dans les chaînes de valeur mondiales, car elle offre plus d’avantages et moins de risques que la plupart des autres emplois. Selon la Banque mondiale, les deux tiers de ces postes sont occupés par des hommes6.
  • Entrepreneures : les femmes peinent à obtenir la reconnaissance professionnelle qu’elles méritent. Elles sont également confrontées à des difficultés telles que l’accès au financement, l’équilibre entre les aspirations professionnelles et les responsabilités domestiques, et les demandes de pots‑de‑vin ou les rencontres sexuelles non désirées lorsqu’elles cherchent à obtenir les permis et les documents dont elles ont besoin.

Les écarts persistants entre hommes et femmes dans les domaines du commerce, de l’économie et de la politique sont liés : à l’OMC, seuls 36 % des ambassadeurs et 30 % des ministres chargés des affaires de l’OMC sont des femmes7. Pour lever les obstacles au commerce, il faut que les femmes soient plus nombreuses à occuper ces postes de direction.

La réduction de l’écart entre les hommes et les femmes dans le commerce gagne lentement du terrain

 

La bonne nouvelle, c’est que les décideurs politiques commencent à s’intéresser à la correction de l’écart mondial entre les hommes et les femmes dans le domaine du commerce. Toutefois, les fonctions commerciales des entreprises devraient également s’en préoccuper. Une meilleure prise en compte des données relatives au genre dans les stratégies d’entreprise et de commerce permettrait de mieux cerner les obstacles à l’accès des femmes aux marchés. Le fait de porter un regard plus aiguisé sur les questions de genre pourrait également contribuer à faire croître les petites et moyennes entreprises (PME) détenues par des femmes, ajoutant ainsi une valeur à long terme à leurs organisations.

 

Les gouvernements abordent plus fréquemment la question de l’écart entre les hommes et les femmes dans les accords bilatéraux de libre‑échange (ALE), dans un langage qui se situe entre les vœux pieux et la réalisation. En outre, de plus en plus de gouvernements prennent désormais en compte les incidences sur l’égalité des genres de toutes les politiques et de tous les processus, dans le cadre d’une méthodologie appelée « intégration de la dimension de genre ».

 

Les gouvernements ont également constaté que le manque de données constituait un obstacle à la réduction de l’écart entre les hommes et les femmes. Lorsqu’ils recueillent des données sur les entreprises, les statisticiens sont de plus en plus nombreux à poser des questions portant expressément sur le genre, dans l’espoir qu’un plus grand nombre de données permettra d’améliorer les politiques.

 

Alors que de plus en plus d’États envisagent des mesures pratiques pour accélérer le changement, certaines régions ont pris les devants. En Amérique du Nord, en Europe, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu’en Afrique subsaharienne, l’écart global entre les hommes et les femmes devrait se résorber d’ici 100 ans. En Afrique subsaharienne, il faudra 102 ans. Mais au Moyen‑Orient et en Afrique du Nord, en Eurasie et en Asie centrale, en Asie de l’Est et dans le Pacifique, et en Asie du Sud, il faudra entre 115 et 189 ans, selon le FEM8.

 

Ce que tous ces leaders et retardataires ont en commun, cependant, c’est que le rythme du changement est beaucoup trop lent. Si la communauté internationale prend cet objectif au sérieux, la portée de ses actions collectives doit correspondre à l’ampleur du problème.

Well dressed businesswoman text messaging from the back seat of a car
1

Chapitre 1

L’argument économique et commercial en faveur de l’égalité dans le commerce

Si les femmes ont les mêmes possibilités que les hommes, l’écart de richesse pour tous peut se résorber.

Les données sur le genre et le commerce sont précises, tant pour les entreprises individuelles que pour les économies dans leur ensemble.

Sur le plan économique, la réduction de l’écart entre les hommes et les femmes dans les échanges commerciaux créerait jusqu’à 12 billions $ US de PIB d’ici 2025, selon une étude du Center for Strategic and International Studies, établi à Washington DC9. Au Royaume‑Uni, une étude indépendante commandée par le gouvernement, The Alison Rose Review of Female Entrepreneurship, a révélé que si les femmes créaient des petites entreprises au même rythme que les hommes, elles ajouteraient 307,7 milliards $ US à l’économie britannique, soit une hausse de 9,8 % par rapport au PIB de 3,13 billions $ US en 202110.

Le cas des entreprises est également clair. Selon une étude réalisée en 2021 par le Credit Suisse, les entreprises dont le seuil de diversité est supérieur à 20 % ont bénéficié de meilleures marges du BAIIA (plus élevé de 1,6 point de pourcentage) en moyenne depuis 2010, comparativement aux entreprises dont le seuil de diversité est inférieur à 15 %. En outre, les entreprises qui présentent des niveaux de diversité plus élevés, que ce soit au sein de la direction ou du conseil d’administration, ont des rendements sur le cours de l’action plus élevés que les entreprises qui présentent des niveaux de diversité plus faibles. Si l’on compare les entreprises dont la proportion de femmes au sein du conseil et de la direction est supérieure à la moyenne à celles dont la proportion de ces femmes est inférieure à la moyenne (respectivement 9,7 % et 6,8 %), la disparité des rendements est d’environ 300 points de base11.

La diversité améliore la performance

Le manque de diversité parmi les bailleurs de fonds de capital de risque explique également pourquoi les femmes entrepreneures sont laissées pour compte. Selon le rapport Rose Review, moins de 1 % du financement du capital de risque au Royaume‑Uni est versé à des équipes d’entrepreneures entièrement féminines. Ce résultat est semblable au total mondial, qui oscille entre 2 % et 3 % depuis quelques années12. Aux États‑Unis, les femmes ne représentent que 5,7 % des partenaires de capital de risque13. Ces résultats différenciés selon le genre en matière de capital de risque persistent en dépit d’un nombre croissant de preuves que les femmes sont d’excellentes dirigeantes d’entreprises en phase de démarrage : par exemple, les entreprises technologiques financées par le capital de risque et dirigées par des femmes génèrent des revenus plus élevés et un meilleur rendement des capitaux propres14.

Flux de capital de risque
de l’ensemble du capital de risque au Royaume‑Uni est investi dans des équipes d’entrepreneures entièrement composées de femmes, selon le rapport Rose. À l’échelle mondiale, ce chiffre est de 2 % à 3 %

Ces enseignements sont essentiels pour les entreprises internationales qui cherchent à soutenir les efforts visant à combler le fossé commercial entre les hommes et les femmes en s’assurant qu’elles disposent d’une représentation inclusive dans leurs propres fonctions commerciales.

« Toute forme de diversité améliore votre rendement, affirme Rocio Mejia, leader, Commerce mondial et taxes indirectes, Nord de l’Amérique latine, EY. La présence de femmes à des postes de direction offre différents points de vue. Les entreprises ont toujours tendance à adopter un ensemble d’idées. Il est donc préférable d’en avoir plus que moins ». Les entreprises inclusives sont 1,7 fois plus susceptibles d’être des chefs de file de l’innovation.

African and African American businesswomen in financial district
2

Chapitre 2

Accords de libre‑échange : du geste symbolique au changement réel

Les négociateurs commerciaux de certains pays mènent les réformes, mais les mesures volontaires doivent être contraignantes.

En mai 2022, le Royaume‑Uni et le Mexique ont entamé des négociations sur un accord de libre‑échange bilatéral. La cérémonie de signature a eu lieu dans le quartier Soho de Londres, au nouveau siège de Diageo Plc. Le plus important distillateur de whisky écossais est également un important producteur de tequila et a récemment annoncé un investissement de 500 millions $ US dans de nouvelles installations de production à Jalisco, l’État mexicain où se trouve l’agave bleu utilisé pour fabriquer la boisson15.

Lorsque le moment est venu pour les ministres du Commerce des deux pays de se serrer la main et de sourire devant les caméras, ce sont deux femmes qui étaient présentes : Tatiana Clouthier, alors secrétaire d’État à l’économie du Mexique, et Anne‑Marie Trevelyan, alors secrétaire d’État au commerce international du Royaume Uni.

Le fait que deux femmes interagissent dans le cadre d’une négociation aussi médiatisée est inhabituel, car peu de femmes occupent des postes de direction dans le domaine du commerce international. Au 1er janvier 2023, les femmes ne représentaient que 22,8 % des ministres gouvernementaux16, et elles dirigeaient généralement des ministères autres que les ministères les plus en vue qui supervisent les politiques commerciales, comme le ministère des Finances, le ministère du Commerce et de l’Investissement, le ministère du Développement économique ou le ministère des Affaires étrangères. Les cinq rôles les plus couramment occupés par les femmes ministres sont axés sur les questions touchant la famille, les enfants, les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées.

« Lorsqu’il y a plus de femmes à ces postes de pouvoir, l’accent est davantage mis sur les questions relatives aux femmes, et la compréhension des défis auxquels elles sont confrontées s’en trouve naturellement renforcée », explique Ian Craig, leader, Commerce international, Sud de l’Amérique latine, EY.

Lorsqu’il y a plus de femmes à ces postes de pouvoir, l’accent est davantage mis sur les questions relatives aux femmes, et la compréhension des défis auxquels elles sont confrontées est plus naturelle.

Le Chili joue un rôle de premier plan

Lorsque Michelle Bachelet a remporté un deuxième mandat à la présidence du Chili en 2014, elle a mis l’accent sur les inégalités entre les hommes et les femmes17. Les ALE mentionnaient rarement le genre comme un enjeu, et lorsqu’ils le faisaient, cela représentait généralement une aspiration dans un texte d’introduction plutôt que dans le libellé contraignant du corps du document. Mais les négociateurs commerciaux de Mme Bachelet s’étaient déjà associés à des pairs partageant les mêmes préoccupations pour faire tomber cette barrière. En 2016, le Chili et l’Uruguay ont mis en place le premier ALE comportant un chapitre sur les questions d’égalité entre les hommes et les femmes. Il contenait des passages généraux déclarant l’importance de mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes, appelant à prendre en compte la dimension de genre dans la politique commerciale et soulignant que le commerce est un moyen d’égaliser les chances.

Les deux parties ont également déclaré leur intention de coopérer dans le cadre de programmes visant à aider les femmes à acquérir des compétences et à créer des réseaux, ainsi qu’à mettre en place des conditions de travail qui encouragent la participation des femmes au marché de l’emploi. De plus, ils ont mis en place un comité sur l’égalité des genres pour faciliter la réalisation de ces objectifs. Toutefois, ces mesures en faveur de l’égalité sont volontaires. Le texte précise que le mécanisme de règlement des différends ne s’applique pas au chapitre sur le genre.

La génération suivante d’ALE au Chili est allée plus loin, dans le cadre de deux traités entrés en vigueur en 2019 avec le Canada et l’Argentine. Les négociateurs chiliens et canadiens ont inclus dans leur ALE bilatéral des rappels d’autres accords internationaux signés par les deux pays, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) de 1979. L’accord Argentine‑Chili fait référence à la CEDEF ainsi qu’à plusieurs conventions de l’Organisation internationale du travail, qui prévoient l’égalité des rémunérations et des chances et traitent de la discrimination et d’autres questions liées au genre sur le lieu de travail18.

Le Canada vise plus haut

Un ALE entre le Canada et Israël, annoncé en 2019, a encore relevé ce seuil. Le Canada et Israël ont négocié une mise à jour de leur ALE existant et ont précisé dans le chapitre sur l’égalité des genres que son contenu est assujetti à la méthode de règlement exécutoire de l’ALE. De plus, au lieu de limiter les questions de genre au chapitre sur les genres, elles sont également traitées dans le préambule de l’ALE et dans son chapitre portant sur le travail.

Par ailleurs, il est intéressant de noter que les ministres des Finances, du Commerce international et des Affaires étrangères du Canada sont toutes des femmes à l’heure actuelle.

Il est encore trop tôt pour mesurer les progrès accomplis

En décembre 2020, une évaluation approfondie et actualisée de 577 accords commerciaux régionaux (ACR) a révélé que 83 d’entre eux avaient au moins une disposition faisant directement référence au genre ou aux femmes. Cela comprend 305 accords qui sont maintenant en vigueur et qui ont été communiqués à l’OMC. Si l’on inclut les dispositions faisant référence à des questions inhérentes au genre, telles que les droits de la personne, la dimension sociale du développement durable et les groupes vulnérables, le nombre total d’accords s’élève à 257.

Bien que cela puisse être perçu comme un progrès, il est trop tôt pour s’attendre à des avantages mesurables, explique Kareena Teh, associée chez LC Lawyers LLP (membre du réseau mondial EY), établie à Hong Kong, qui s’occupe des litiges. « Le mécanisme de règlement des différends de l’ALE Canada‑Israël n’a pas encore été mis à l’épreuve dans le cadre d’une affaire portant sur les questions de genre. Et les mécanismes de règlement des différends liés aux ALE ne sont qu’un moyen de réduire l’écart entre les genres », affirme Mme Teh.

Mention du genre
des 292 accords commerciaux en vigueur d’ici 2020 comportent au moins une disposition qui mentionne le genre.

« Si nous adoptons l’approche des mesures incitatives et des mesures dissuasives, les mécanismes de règlement des différends sont les mesures dissuasives, explique Mme Teh. Mais les ALE pourraient également inclure des mesures incitatives pour atteindre certaines cibles liées au genre, ce qui pourrait être un moyen plus facile d’atteindre le même objectif. » Les mécanismes de règlement des litiges pourraient être difficiles à appliquer parce qu’ils sont souvent fondés sur des paiements financiers en guise de règlement et qu’il est difficile de quantifier les dommages‑intérêts à verser en cas de plaintes fondées sur le genre.

Nous avons besoin de données ventilées par genre pour savoir comment les différentes politiques ont une incidence différente sur les hommes et sur les femmes.

Les négociateurs commerciaux pourraient également améliorer les accords de libre‑échange grâce à un processus appelé « intégration de la dimension de genre ». En matière de politiques publiques, cette approche s’applique à l’ensemble du gouvernement et la responsabilité de considérer, d’analyser et de traiter les questions d’égalité entre les femmes et les hommes n’incombe pas uniquement aux spécialistes de la question. Toutes les activités, y compris les lois, les règlements, les programmes gouvernementaux et la recherche, doivent être examinées sous l’angle de leur incidence sur l’égalité entre les femmes et les hommes avant d’être mises en œuvre. Pour les ALE, l’intégration de la dimension de genre signifierait l’abandon de l’approche consistant à rassembler les questions et stipulations liées au genre dans un chapitre sur le genre, et plutôt veiller à ce que les considérations liées au genre soient prises en compte dans chaque chapitre. Selon Mme Teh, cette approche laisserait de la place à la fois aux mesures incitatives et aux mesures dissuasives.

Businesswomen in discussion at workstation in office
3

Chapitre 3

Mesures pratiques pour accélérer le changement

Plusieurs parties prenantes doivent travailler ensemble pour que les considérations liées à l’égalité des genres deviennent normales et non plus inédites.

Les ALE constituent logiquement une priorité pour les gouvernements qui souhaitent combler l’écart entre les hommes et les femmes dans le domaine du commerce. Mais la politique commerciale n’est pas la seule voie vers le progrès. Les réponses pratiques au problème peuvent provenir de lois et de règlements nationaux, d’organisations internationales, du secteur privé ou de la société civile. Elles comprennent des approches telles que l’établissement de normes minimales, une approche intégrée de l’égalité entre les hommes et les femmes, des programmes de formation et de surveillance, et des programmes incitatifs.

Bon nombre des programmes auxquels les femmes peuvent avoir accès visent à relever trois grands défis auxquels elles font face en tant qu’entrepreneures : l’accès au financement, la mobilité et l’information.

Pour l’OMC, l’organisme international le plus concerné par ce défi, la pression en faveur du changement s’est concrétisée lors de la 11e conférence ministérielle qui s’est tenue à Buenos Aires en 2017. Ces discussions ont abouti à la signature par 127 pays de la Déclaration de Buenos Aires sur le commerce et l’autonomisation économique des femmes, qui vise à renforcer la participation des femmes au commerce et à faire en sorte qu’elles bénéficient de cette activité19. Cette déclaration a donné naissance à un groupe de travail informel de l’OMC qui se réunit régulièrement (cinq réunions sont prévues en 2023), ainsi qu’à un centre de recherche sur le genre qui recueille depuis lors des données sur les questions commerciales liées au genre et accueille le Congrès mondial du commerce sur le genre tous les deux ans, à Genève. Leur plus récent rapport, publié en 2022, portait sur le commerce transfrontalier dans le contexte prépandémique et postpandémique.

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) propose quant à elle une boîte à outils sur le commerce et le genre, que les décideurs nationaux peuvent utiliser pour prévoir l’incidence sur les femmes des nouvelles propositions de politiques commerciales.

L’ONU et l’OMC collaborent également par l’intermédiaire du Centre du commerce international. Son programme SheTrades offre une plateforme aux femmes d’affaires pour réseauter et s’entraider, et aux acheteurs pour trouver des produits et des services offerts par des femmes. L’Arrangement mondial sur le commerce et le genre (GTAGA) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) engage les pays signataires à promouvoir des politiques commerciales qui renforcent l’autonomie des femmes et suppriment les obstacles auxquels elles sont confrontées. À la Banque mondiale, les programmes comprennent l’initiative « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit », qui évalue les lois et les règlements des pays dans l’espoir de déclencher des discussions politiques conduisant à la suppression des restrictions légales imposées aux femmes qui souhaitent exporter et importer.

La Banque mondiale et d’autres banques de développement multilatérales ou bilatérales et organismes d’aide peuvent jouer un double rôle. Outre l’élaboration de programmes visant à promouvoir des normes minimales ou la réalisation de travaux de recherche, ils peuvent contribuer à combler l’écart entre les hommes et les femmes dans le secteur du commerce grâce à leurs propres processus de décision concernant les prêts et les subventions qu’ils accordent. La plupart d’entre eux exigent déjà des études d’impact environnemental et social et des plans de gestion environnementale et sociale pour les projets qu’ils financent. La CNUCED recommande 12 composantes principales pour un plan de gestion, dont l’une concerne les questions liées au genre dans le domaine du travail20.

Les gouvernements devraient saisir les occasions d’améliorer l’accès des femmes à la finance, à la mobilité et à l’information

Outre les accords commerciaux, les gouvernements peuvent tirer parti de plusieurs possibilités pour améliorer l’accès des femmes au financement, à la mobilité et à l’information.

  • Faire respecter les normes. Les gouvernements peuvent faire respecter les normes par leurs processus d’approvisionnement. Les lois et les règles peuvent établir que les bénéficiaires de contrats gouvernementaux doivent s’engager à respecter des conditions précises, comme offrir des possibilités à des sous‑traitants qualifiés dirigés par des femmes. Selon un rapport de la Banque mondiale, à l’heure actuelle, les évaluations d’impact et les règles d’approvisionnement sont souvent traitées comme des exercices de validation dans lesquels les investisseurs font le strict minimum pour obtenir l’approbation.
  • Adapter les ressources de formation et de soutien aux femmes. Les programmes de formation et de soutien se concentrent souvent sur les principaux défis auxquels les femmes sont confrontées en tant qu’entrepreneures. Ils sont disponibles auprès d’agences de promotion des exportations du pays, de banques de développement, d’agences gouvernementales ou de groupes de la société civile. Adapter ces ressources aux femmes en particulier et les offrir dans un cadre réservé aux femmes peut contribuer à éliminer la possibilité de discrimination, car dans bien des cas, les personnes qui gèrent ces programmes sont des hommes.
  • Tenir compte de la culture et des normes locales lors de la conception de solutions de mobilité. Selon Taramani Agarwal, directrice de l’élaboration des politiques publiques à Dehli au sein du groupe Prestation de services mondiaux (PSM) d’EY India LLP, le problème de mobilité est souvent lié aux conditions et aux cultures locales. Dans de nombreuses régions du monde, les femmes ne peuvent pas simplement emballer leurs marchandises et voyager dans un autre pays pour les vendre ou prendre des dispositions pour les expédier. Les personnes vivant en région éloignée peuvent manquer de moyens de transport abordables. Les maris préféreraient peut‑être que leur femme reste près de la maison pour s’occuper des enfants. Les femmes peuvent être victimes de discrimination ou d’avances sexuelles non désirées à n’importe quel moment d’un voyage d’affaires : au marché, chez un fournisseur, dans une banque ou à un point d’expédition. Utiliser des plateformes numériques pourrait être une solution dans l’avenir, car le travail peut être effectué à domicile, mais les recherches menées jusqu’à présent sur leur incidence sur la parité hommes‑femmes ne sont pas claires. Dans le nord‑est de l’Inde, une solution locale a consisté à créer de petits marchés basés sur des étals à proximité des frontières internationales de l’Inde, explique Mme Agarwal. Ce modèle de marché d’« étals frontaliers » n’est pas réservé aux femmes. Toutefois, grâce aux conditions propices au commerce des produits dans les marchés frontaliers, les femmes locales sont en mesure de gagner de l’argent pour assurer leur subsistance de manière durable. « Nous avons constaté que les douaniers et les responsables du commerce devaient être sensibles à la question du genre pour que cela fonctionne », explique Mme Agarwal, qui était alors employée par une organisation non gouvernementale travaillant à la facilitation du commerce. Son équipe a recommandé de dispenser une formation sur l’égalité des genres aux fonctionnaires des douanes, aux transitaires et aux autres personnes concernées par le processus, et de s’attaquer au problème dans ce contexte. Le concept d’« étal frontalier » présente un avantage pour les autorités fiscales : il réduit le commerce informel et offre la possibilité d’entrer en contact avec les entrepreneurs et de les encourager à enregistrer leurs entreprises et à payer des impôts. Offrir des possibilités d’accès à l’information exclusives aux femmes. Jesmina Zeliang, originaire de l’État indien reculé du Nagaland et fondatrice d’une entreprise de décoration d’intérieur et de textiles qui vend des produits à des détaillants internationaux tels que Crate & Barrel et Christian Louboutin, a réalisé qu’elle avait besoin d’aide lorsque la croissance a ralenti et que les acheteurs ont cessé de l’appeler. Mme Zeliang a commencé par participer à des programmes destinés aux entrepreneurs des pays en développement, proposés par le Conseil de promotion des exportations pour l’artisanat, établi à Delhi, et par la Banque néerlandaise de développement de l’entreprise. Elle a évalué les forces, les faiblesses, les possibilités et les menaces propres à son entreprise et a étudié la commercialisation des exportations. Elle a appris à cibler les marchés en comprenant les choix de couleurs courants pour la décoration intérieure dans différents pays et en développant un argumentaire plus sophistiqué que le fait de transporter des échantillons et de frapper aux portes. Elle a ajouté des contacts internationaux à son réseau professionnel et a rapidement transformé ces relations en contrats. Elle siège désormais au conseil d’administration du Conseil de promotion des exportations dont elle est la seule femme membre. Mme Zeliang a tiré parti des mêmes types de soutien que les hommes trouvent également utiles : formation, réseautage et adhésion à des associations professionnelles ou à des chambres de commerce locales. Les groupes et les programmes auxquels Mme Zeliang a eu recours n’étaient pas spécialement conçus pour les femmes. Toutefois, les programmes réservés aux femmes peuvent avoir une certaine valeur.
  • Élaborer des modèles qui s’adressent aux femmes. Vicki Saunders dirige une plateforme de financement participatif à but non lucratif appelée Coralus International. Elle recueille des fonds pour les femmes entrepreneures en utilisant une approche axée sur les valeurs. Ces donateurs sont ensuite autorisés à voter sur les propositions des femmes entrepreneures, et les gagnantes reçoivent un prêt de cinq ans d’une valeur de 100 000 $ US en monnaie locale, sans intérêt. Coralus exerce ses activités au Canada, aux États‑Unis, en Nouvelle‑Zélande, en Australie et au Royaume‑Uni. Jusqu’à présent, elle a mobilisé environ 14 millions $ US et financé 146 entreprises. « Notre modèle comporte peu d’éléments spécifiques aux femmes, si ce n’est qu’il faut en être une pour participer », explique Mme Saunders. La plateforme de Mme Saunders s’intéresse également à la manière dont les femmes travaillent en réseau et interagissent au sein des communautés professionnelles, ainsi qu’aux écarts en matière de finances. Les entrepreneures qu’elle soutient participent à des sessions régulières, généralement par l’intermédiaire de plateformes vidéo. « Les gens parlent à tour de rôle de leurs produits et services, explique Mme Saunders. Souvent, elles n’avaient pas envisagé d’exporter, mais soudain, elles sont en mesure d’accéder aux marchés internationaux parce que quelqu’un d’autre connaît un distributeur local. Il est difficile de créer une entreprise seule, mais cela devient tellement plus facile lorsque l’on réunit des gens dans la même pièce. Nous nous concentrons sur les relations et non sur les transactions. »
A multi-ethnic family of three are walking hand-in-hand outdoors with their adorable mixed-race son in the middle.
4

Chapitre 4

Combler le déficit de données

De meilleures statistiques pourraient aider les décideurs à trouver les bonnes réformes pour éliminer les obstacles au commerce qui sont fondés sur le genre.

Alors que le commerce était autrefois considéré comme une activité non genrée, on comprend aujourd’hui que ses répercussions le sont. La déclaration de Buenos Aires de 2017 considère l’amélioration de la collecte de données comme un moyen de remédier à cette situation.

« Nous avons besoin de données ventilées par genre pour savoir comment les différentes politiques ont une incidence différente sur les hommes et les femmes », affirme Mme Teh.

Selon l’OCDE, les décideurs politiques devraient recueillir des données pour des indicateurs tels que le ratio du revenu des femmes par rapport à celui des hommes dans des secteurs économiques ou des chaînes de valeur comparables fondés sur le commerce, le pourcentage de femmes occupant des postes mieux rémunérés dans l’ensemble des secteurs ou des segments de la chaîne de valeur, le pourcentage de femmes et d’hommes inscrits à des programmes de formation axés sur le renforcement des capacités propres au commerce et le nombre de contrats d’approvisionnement attribués à la suite d’une certification accrue d’entreprises détenues par des femmes22.

Selon le FEM, une approche centrée sur les données a permis de mesurer et de combler d’autres types d’écarts entre les hommes et les femmes. Depuis 2006, par exemple, le rapport mesure le ratio hommes/femmes inscrits à l’enseignement secondaire. La diffusion de ces données a conduit 184 pays à adopter un cadre de suivi pour garantir l’inclusion, et l’éducation est devenue l’un des deux principaux écarts entre les genres que le FEM considère comme presque entièrement comblés23.

Selon la CNUCED, il peut être difficile de tirer des conclusions entre les pays sur les effets de la politique commerciale sur les femmes, car les pays recueillent ces données de différentes manières. Une meilleure harmonisation des méthodes utilisées par les gouvernements pour mener des enquêtes et d’autres activités de collecte de données, afin de faciliter la comparaison des données entre les pays, serait un moyen d’y remédier24.

La ventilation des données entre hommes et femmes a également permis au secteur privé de mieux comprendre la manière dont les femmes perçoivent les biens et les services qu’il propose. Dans l’industrie automobile, les données sur les accidents de véhicules en fonction du genre ont révélé que les femmes ont 47 % plus de risques d’être blessées et 17 % plus de risques de mourir que les hommes du fait que les mannequins utilisés pour les essais de collision imitent le corps d’hommes uniquement et non celui des deux genres. Dans le domaine des services financiers, des données ont montré que les femmes sont plus susceptibles de chercher un nouveau conseiller en placement lorsque leur conjoint décède, parce que les conseillers s’efforçaient dans le passé de n’établir une relation qu’avec le mari25.

Bien que les gouvernements soient le point de départ logique de l’amélioration des données mises à la disposition des décideurs politiques, ils ne peuvent y parvenir seuls, en particulier dans les pays les plus vastes, où les agences compétentes n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour recueillir des échantillons de données statistiquement significatifs, en particulier dans les régions reculées.

Les organisations internationales jouent également un rôle dans la collecte et l’analyse de données. Ces dernières années, plusieurs organisations ont étudié les plateformes de commerce électronique et la manière dont leur incidence diffère sur les hommes et les femmes entrepreneures, mais les résultats sont mitigés. En Indonésie, une étude des Nations Unies a révélé que 54 % des microentreprises détenues par des femmes utilisent Internet pour vendre leurs produits, par rapport à 39 % de celles détenues par des hommes. Selon les données d’un sondage réalisé par le gouvernement indonésien, environ 40 % des microentreprises et des petites entreprises dirigées par des femmes ont eu recours à des plateformes numériques pour prendre de l’expansion, comparativement à environ 10 % de moins pour celles dirigées par des hommes26. Toutefois, aux Philippines, la Banque asiatique de développement a constaté que les femmes sont plus susceptibles d’utiliser les plateformes, mais que les hommes qui utilisent les plateformes numériques de la même manière sont plus susceptibles de percevoir des revenus plus élevés27.

Le SheTrades Outlook mis au point par le Centre du commerce international est une autre solution pour combler le manque de données, mais aussi pour montrer où les obstacles structurels au commerce persistent pour les femmes. Cet outil politique fondé sur des données probantes permet de recenser les politiques, les lois ou les programmes qui favorisent ou empêchent la participation des femmes à l’économie et au commerce. Le SheTrades Outlook couvre 55 indicateurs regroupés en six piliers interdépendants. Il possède également un répertoire de plus de 100 bonnes pratiques sur l’autonomisation économique des femmes dans le monde.

Il est encore tôt pour comprendre les répercussions durables des plateformes numériques, tout comme il est trop tôt pour évaluer l’efficacité des dispositions relatives à l’égalité entre les hommes et les femmes dans les ALE. La recherche de données se poursuivra. « Si vous voulez des données qui tiennent compte des disparités entre les hommes et les femmes, vous devez poser des questions qui tiennent compte de ces disparités », prévient Mme Teh.

Ainsi, la collecte de statistiques s’apparente aux ALE, à la représentation dans les postes gouvernementaux supérieurs et aux obstacles à l’accès. Pour améliorer les résultats sans discrimination de genre, tous les acteurs concernés doivent donner aux femmes la possibilité de participer, de diriger et d’influencer le processus.

Deux femmes discutent de leur travail en marchant le long d’une passerelle au milieu de machines de grande taille dans une imprimerie.
5

Chapitre 5

Transformer la rhétorique d’affaires en mesures concrètes

Trois façons pour les organisations d’accélérer la parité hommes-femmes dans le commerce.

La parité hommes‑femmes est au cœur des conversations des entreprises qui se concentrent de plus en plus sur les questions sociales et environnementales. Toutefois, les entreprises doivent transformer les discours sur le progrès en actions concrètes ayant une incidence durable.

Pour les organisations qui prennent au sérieux la parité hommes‑femmes dans le commerce mondial, voici trois façons de contribuer à combler l’écart entre les genres.

  1. Exercer des pressions sur les gouvernements pour qu’ils tissent des liens plus étroits entre les objectifs politiques, commerciaux et stratégiques nationaux. Les organisations peuvent faire pression sur les gouvernements non seulement pour qu’ils reconnaissent l’importance d’intégrer une perspective de genre dans les objectifs stratégiques liés à la croissance économique inclusive, mais aussi pour qu’ils élaborent et mettent en œuvre des politiques significatives qui imposent des actions, en utilisant des mesures incitatives ou des mesures dissuasives, ou les deux.
  2. Prêcher par l’exemple en plaçant davantage de femmes dans des postes clés de prise de décision. Comme nous l’avons souligné, les données montrent clairement que les gouvernements élaborent de meilleures politiques pour combler l’écart entre les hommes et les femmes lorsque ces dernières occupent des postes de haute direction. Et les entreprises sont plus rentables. Les organisations qui donnent la priorité à la diversité dans leur conseil d’administration et leurs postes de direction, et en particulier dans les postes qui ont une incidence sur le commerce international, peuvent faire plus qu’améliorer leurs résultats. En prêchant par l’exemple, elles peuvent démontrer aux gouvernements et aux décideurs politiques qu’un plus grand nombre de femmes dans des rôles susceptibles d’accélérer la réduction de l’écart entre les hommes et les femmes dans le domaine du commerce est bénéfique pour tout le monde.
  3. Créer une fonction commerciale au sein de votre organisation qui reconnaisse la valeur que les entreprises dirigées par des femmes peuvent apporter aux marchés mondiaux. Dans un contexte de commerce international plus perturbé, les organisations gagneraient à mettre en place une fonction commerce. En plus d’explorer de nouveaux marchés, de trouver des partenaires appropriés et d’élaborer un cadre de conformité commerciale dans les territoires où vous exercez vos activités, cette fonction commerciale peut établir des politiques qui accordent la priorité aux partenariats et aux alliances avec des entreprises dirigées par des femmes. De telles politiques renforceraient votre écosystème et aideraient les entreprises dirigées par des femmes à maximiser leur potentiel sur les marchés mondiaux.

Combler le fossé entre les hommes et les femmes dans le commerce international ne devrait pas s’étaler sur 131 ans. Si les gouvernements, les décideurs politiques, les organisations non gouvernementales et les entreprises travaillaient ensemble à l’élimination des obstacles auxquels sont confrontées les entreprises dirigées par des femmes, la parité hommes‑femmes dans le commerce international pourrait devenir une réalité au cours de la prochaine décennie. C’est un objectif qui mérite d’être atteint.


Résumé

Les entreprises dirigées par des femmes ne représentent que 15 % du commerce international, ce qui contribue largement à creuser le fossé entre les hommes et les femmes au niveau mondial. Selon le Forum économique mondial, il faudra plus d’un siècle pour combler ce fossé au rythme actuel des réformes politiques. La réduction de cet écart commercial devrait améliorer la prospérité pour tous. Certains pays, en particulier ceux d’Amérique du Sud, prennent les devants, et les accords de libre‑échange contiennent de plus en plus souvent des dispositions relatives à l’égalité entre les hommes et les femmes. Bien que les avancées soient inégales, la tendance est claire et les fonctions commerce voudront s’assurer que leurs entreprises saisissent la valeur et les possibilités qu’offre le changement.

À propos de cet article

Contenu connexe