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Que peuvent faire les sociétés d’exploitation aurifère pour favoriser leur compétitivité à long terme?

Les sociétés d’exploitation aurifère tirent parti des prix élevés de l’or pour étendre leurs activités, favoriser le développement durable et l’innovation, et devenir plus attrayantes pour les investisseurs.


En bref
  • Les sociétés minières préconisent une exploitation durable, l’élaboration de normes sectorielles exhaustives et la transparence de la chaîne d’approvisionnement.
  • En tirant parti des possibilités de l’économie circulaire et en faisant progresser les technologies d’exploration, les sociétés minières pourront dégager de la valeur à long terme des gisements difficiles d’accès. 

En 2024, les prix de l’or plus élevés que d’habitude ont incité les sociétés minières à diversifier leurs activités et à acquérir des ressources de qualité. La baisse de l’inflation s’est traduite par une légère diminution des coûts, ce qui a encore réduit les marges des sociétés minières dans un contexte de prix élevés.

 

Dans l’ensemble, la demande annuelle (compte non tenu de la demande de gré à gré) d’or a reculé de 3 % d’un exercice à l’autre, pour s’établir à 3 259 tonnes pour les neuf premiers mois de 2024, les prix élevés ayant entraîné un ralentissement des achats de bijoux et des achats par les banques centrales. La tendance positive de la demande d’or en tant qu’actif de placement, conjuguée à l’incertitude géopolitique et aux baisses de taux, a contrebalancé en partie la diminution de la demande globale d’or1.

 

L’adoption de technologies de pointe dans l’ensemble de la chaîne de valeur de l’exploitation aurifère permettra de réduire les coûts et d’améliorer l’efficacité opérationnelle. Parallèlement, l’établissement d’un profil durable renforcera le pouvoir d’attraction de l’or en tant qu’option de placement, renforçant du même coup sa valeur en tant qu’actif sûr pour les investisseurs.

 

Priorité actuelle des sociétés minières

 

L’or domine dans les budgets d’exploration, avec une part de 44 %, même si la part allouée aux minerais pour batteries augmente.

 

Le budget mondial d’exploration aurifère est estimé à 5,6 G$ US en 2024, en baisse de 7 % d’un exercice à l’autre, mais représente 44 % du budget global d’exploration2. L’exploration des sites miniers continue d’accaparer la plus grande part du budget, soit 46 %, ce qui est conforme à la moyenne de 42 % pour la période de 2019 à 2023, comparativement à la part de 35 % du budget qui est affectée aux projets en phase avancée et de faisabilité, et à celle de 19 % qui est affectée aux projets en phase de démarrage3. La préférence pour les projets de sites miniers s’explique par la volonté d’accroître les ressources existantes dans un contexte de baisse des taux de découverte de nouveaux gisements aurifères.

 

La part du budget revenant aux petites sociétés minières aurifères en 2024 a diminué de 13 % par rapport au budget moyen de 2,1 G$ US pour la période de 2019 à 2023, en raison des difficultés rencontrées pour obtenir des fonds. La part du budget global revenant aux grandes sociétés d’exploitation aurifère a augmenté de 14 % par rapport au budget moyen de 2,7 G$ US de 2019 à 20234.

 

Sur le plan régional, le Canada devrait avoir droit à la part la plus importante du budget d’exploration aurifère en 2024 (soit 23 %), en raison de ses efforts soutenus en matière d’exploration, suivi de l’Amérique latine et de l’Australie (respectivement 19 % et 16 %)5.

 

La hausse du prix de l’or a permis de protéger les marges dans un contexte de coûts plus faibles, mais tout de même élevés.

 

Bien que le coût total au comptant de l’or ait diminué d’environ 3 % d’un exercice à l’autre en 2024 en raison du recul de l’inflation, les coûts demeurent supérieurs d’environ 33 % à ceux qui prévalaient en 2019, avant la pandémie6.  Le coût élevé de la main‑d’œuvre et des consommables, conjugué au raffermissement des monnaies locales par rapport au dollar américain, a contrebalancé l’incidence de la réduction de l’inflation sur les coûts d’exploitation7.

 

Toutefois, comme le prix de l’or a augmenté de 23 % d’un exercice à l’autre pour s’établir à 2 386 $ US l’once en 2024, le contexte de prix élevés et la baisse graduelle des coûts ont atténué les pressions exercées sur les marges des sociétés aurifères et réduit la nécessité pour les mines dont les coûts sont élevés de fermer temporairement ou de réduire leurs cadences de production8.

La demande mondiale d’or, compte non tenu de la demande de gré à gré, a reculé de 3 % d’un exercice à l’autre pour s’établir à 3 259 tonnes pour les neuf premiers mois de 2024, en raison des prix élevés qui ont ralenti les achats de bijoux et les achats par les banques centrales.

La consommation de bijoux a diminué de 11 % d’un exercice à l’autre pour atteindre 1 328 tonnes au cours des neuf premiers mois de 2024, la hausse des prix de l’or ayant fait en sorte que les bijoux sont devenus moins abordables pour les consommateurs.

Bien que les achats massifs par les banques centrales des marchés émergents se soient poursuivis au premier trimestre de 2024, la demande a chuté de 17 % d’un exercice à l’autre pour s’établir à 694 tonnes pour les neuf premiers mois de 2024, les banques se concentrant sur les achats stratégiques dans un contexte de hausse du prix de l’or.

La demande d’or pour le secteur les technologies a augmenté de 9 % d’un exercice à l’autre pour atteindre 244 tonnes pour les neuf premiers mois de 2024, en raison de l’adoption croissante de nouvelles technologies dans le secteur de l’électronique.

Dans l’ensemble, la demande d’or en tant qu’actif de placement a augmenté de 22 % d’un exercice à l’autre pour s’établir à 834 tonnes, tandis que les volumes sortants des fonds négociés en Bourse (FNB) aurifères correspondaient à 25 tonnes pour les neuf premiers mois de 2024, comparativement à 189 tonnes pour les neuf premiers mois de 2023. En outre, la tendance en matière de volumes sortants des FNB aurifères au cours des neuf derniers trimestres s’est inversée et des volumes entrants de 95 tonnes d’or ont été enregistrés au troisième trimestre de 2024, principalement attribuables aux investisseurs occidentaux9.

Les activités de F et A se sont poursuivies, alors que les prix de l’or ont atteint des sommets inégalés en raison des baisses de taux et de l’incertitude économique.

Alors que le nombre de transactions visant des entreprises d’exploitation aurifère a augmenté, passant de 118 en 2023 à 124 en 2024, la valeur globale des transactions a diminué de 57 % pour atteindre 15 G$ US en 202410. La baisse de la valeur des transactions est attribuable à l’acquisition de Newcrest par Newmont pour un montant de 16,8 G$ US en novembre 2023, la plus importante transaction dans le secteur de l’exploitation aurifère11.

Les prix de l’or ayant atteint des sommets en 2024 et le taux de nouvelles découvertes étant en baisse, les sociétés minières ont conclu de nouvelles transactions pour reconstituer leurs réserves et assurer leur production future, tout en faisant preuve de rigueur en matière de capital. Parmi les principales transactions visant des sociétés aurifères en 2024, mentionnons l’acquisition d’Osisko Mining par Gold Field en contrepartie de 1,6 G$ US, afin d’accroître sa présence géographique et d’explorer le potentiel de projets de mise en valeur de gisements aurifères de qualité12.

Prochaines étapes de la transition pour les sociétés minières

Mise en œuvre d’une norme minière responsable unifiée couvrant un vaste éventail d’indicateurs de performance

Au cours des dernières années, les pressions exercées en faveur d’une exploitation minière responsable ont conduit à l’élaboration de nombreuses normes. De nombreuses entreprises mettent en œuvre ces normes, mais dans des mesures différentes, les petites sociétés minières font face à des défis en raison du chevauchement des exigences.

La Consolidated Mining Standard Initiative (CMSI) vise à unifier les normes existantes, à répondre aux préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) grâce à un cadre complet, et à réduire les obstacles à l’adoption pour les sociétés minières. Elle regroupe les domaines d’intérêt de quatre normes bien établies : The Copper Mark, l’initiative Vers le développement minier durable (VDMD) de l’Association minière du Canada (AMC), les Principes d’exploitation minière aurifère responsable du World Gold Council et les Principes d’exploitation minière de l’ICMM13.

Consolidated Mining Standard Initiative

Source 14 : Analyse d’EY des données de The Copper Mark, de l’Association minière du Canada, du World Gold Council, de l’International Council on Mining and Metals et de la Consolidated Mining Standard Initiative.


Cinq des 15 principales sociétés d’exploitation aurifère en fonction de la capitalisation boursière sont établies aux États‑Unis et au Canada, tandis que deux des cinq principales sociétés d’extraction de l’or et de métaux précieux en fonction de la capitalisation boursière sont établies en Afrique du Sud et font partie du groupe consultatif sectoriel de l’initiative CMSI. Par conséquent, la norme devrait tenir compte des particularités de la chaîne de valeur aurifère15. L’adoption d’une norme minière responsable unifiée améliorera la transparence et la crédibilité des sociétés d’exploitation aurifère auprès des investisseurs internationaux16.

Adopter des méthodes d’extraction innovantes pour assurer une reprise commerciale durable

Au fil des ans, le procédé de cyanuration est demeuré la méthode privilégiée d’extraction économique de l’or, le cyanure étant utilisé dans plus de 90 % de la production mondiale d’or17. Cependant, la manipulation et l’élimination du cyanure peuvent présenter des défis qui nécessitent une gestion prudente et des contrôles rigoureux pour atténuer les risques éventuels. Compte tenu de l’attention croissante portée à la gérance de l’environnement et, plus généralement, au développement durable, il est de plus en plus nécessaire de faire appel à des processus de récupération de l’or responsables et économiquement viables.

Quelques sociétés minières collaborent activement avec des instituts de recherche pour mettre au point des méthodes de traitement de l’or sans cyanure. Par exemple, la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organization (CSIRO) et la Société aurifère Barrick ont collaboré pour utiliser le thiosulfate comme solution de rechange commerciale au cyanure dans l’extraction de l’or à la mine Goldhit, au Nevada18. Ces technologies durables et novatrices reflètent un virage transformateur dans le secteur de l’exploitation aurifère, qui permet aux entreprises d’extraire une plus grande valeur des ressources, tout en réduisant au minimum l’incidence sur l’environnement.

Participer à l’écosystème numérique de l’or obtenu de manière responsable 

Les pratiques minières illégales, la circulation de lingots d’or contrefaits et les cas de violation des droits de la personne posent des problèmes de crédibilité au secteur de l’exploitation aurifère. Alors que la demande de matériaux écologiques augmente et que l’or devient une catégorie d’actifs de placement plus recherchée, il est de plus en plus important d’établir des références solides en matière d’approvisionnement. La mise en œuvre d’une technologie de chaîne de blocs unifiée propre au secteur améliorera la transparence et la traçabilité de la mine au marché et simplifiera les processus à l’échelle des producteurs, des raffineurs et des consommateurs.

La London Bullion Market Association (LBMA) et le World Gold Council (WGC) ont lancé un projet pilote, le programme Gold Bar Integrity (GBI), qui utilise une technologie de registre distribué et offre une fonctionnalité de sécurité qui permet d’authentifier les lingots d’or et de les relier à la base de données du GBI19. Cette initiative est largement acceptée par les membres actuels du WGC20. Les sociétés d’exploitation aurifère évaluent de plus en plus les avantages stratégiques à long terme de la production responsable d’or, dans un contexte de pressions croissantes exercées par les consommateurs et les investisseurs.

Qu’est‑ce qui déterminera la résilience des entreprises dans l’avenir? 

Augmentation des applications technologiques aurifères en vue d’accroître le champ d’application du recyclage des déchets électroniques dans les années à venir 

Le lancement de nouveaux produits électroniques et le réapprovisionnement de produits existants ainsi que l’adoption croissante de technologies informatiques à haut rendement, ont augmenté la demande de technologies aurifères de 9 % d’un exercice à l’autre qui a atteint 244 tonnes au cours des neuf premiers mois de 202421. La conductivité supérieure, la résistance à la corrosion et la durabilité de l’or en font un matériau idéal pour le matériel de pointe comme les processeurs, les puces de mémoire et les capteurs pour les dispositifs reposant sur l’IA.22

L’utilisation croissante de l’or dans la modernisation des infrastructures technologiques ouvrira probablement la voie au recyclage des déchets électroniques, à mesure que les vieux équipements seront mis hors service au cours des prochaines années. Il existe un potentiel important de récupération des métaux précieux contenus dans les déchets électroniques; par exemple, le recyclage d’un million de téléphones cellulaires devrait permettre de récupérer environ 34 kilos d’or23. Cela permettrait d’augmenter la contribution actuelle du recyclage de l’or industriel, qui est actuellement d’environ 10 %, à l’ensemble de l’offre de produits recyclés24.

Les entreprises de recyclage de métaux envisagent de façon proactive d’extraire les métaux précieux contenus dans les rebuts électroniques. Par exemple, l’entreprise en démarrage néo‑zélandaise Mint Innovation a mis au point une méthode de récupération à faible coût axée sur la biotechnologie pour recycler les métaux précieux contenus dans les déchets électroniques25.

Technologies d’exploration aurifère efficaces des gisements éloignés et difficiles d’accès

Le processus d’exploration aurifère demeure un défi pour les sociétés minières, puisque moins de 0,1 % des sites explorés deviendront des mines d’or productives26. L’adoption de technologies d’exploration novatrices peut aider les sociétés d’exploitation aurifère à tirer de la valeur jusqu’alors inaccessible de gisements éloignés, à réduire les risques liés à l’exploration et à s’aligner sur des objectifs de développement durable plus larges.

L’utilisation de technologies d’exploration spatiale gagne du terrain dans le secteur de l’exploitation aurifère. Par exemple, Gold Fields a utilisé la technologie ExoSphere de Fleet Space Technologies à la mine Salares Norte, située dans une zone éloignée et difficile d’accès. Cette technologie tire parti d’un réseau de satellites et de capteurs sismiques intelligents qui génèrent une imagerie 3D du sous‑sol et fournissent des informations exploitables aux équipes sur place, tout en ayant un impact environnemental quasi nul27.


Résumé 

Les éventuels changements aux politiques des gouvernements à l’échelle mondiale ainsi que l’incertitude géopolitique et l’assouplissement monétaire en cours dans l’ensemble des économies devraient influer sur les perspectives à court terme pour l’or.

Le prix élevé de l’or a permis aux sociétés minières de conclure des transactions stratégiques et d’intégrer des technologies durables. En ayant recours à des pratiques d’exploitation rentables et responsables, et en déployant de manière proactive des initiatives visant à saisir les nouvelles possibilités de croissance, les sociétés aurifères pourront stimuler la compétitivité à long terme.

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