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Les chefs de l’exploitation du secteur du commerce de détail sont‑ils pessimistes? Modérément optimistes? Ou sont‑ils simplement réalistes?

Seulement la moitié des chefs de la direction du secteur du commerce de détail se montrent optimistes quant aux perspectives pour 2025. Voient‑ils le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide?


En bref

    • Selon l’indice de confiance des chefs de la direction d’EY, 51 % des chefs de la direction du secteur du commerce de détail sont optimistes quant aux perspectives mondiales pour 2025, contre 69 % des chefs de la direction des autres secteurs.
    • Les leaders du commerce de détail s’attendent à des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, la réglementation et les besoins des clients au cours de la prochaine année.
    • Les détaillants ont de bonnes raisons d’être confiants en l’avenir, alors qu’ils explorent de nouvelles stratégies pour accroître leur marge bénéficiaire et leurs revenus.

    Les leaders du commerce de détail semblent être 20 % moins optimistes quant aux 12 prochains mois que leurs pairs des autres secteurs. Environ la moitié des détaillants se montrent confiants à l’égard de la situation économique mondiale et locale pour l’année à venir, comparativement à près de 70 % des chefs de la direction de tous les secteurs.

    Ce graphique est présenté dans sa langue originale de production.


    Ce résultat pourrait constituer un indicateur préoccupant concernant les perspectives de l’année à venir, d’autant plus que l’indice de confiance des chefs de la direction est lié à la confiance des entreprises quant à leur capacité à réaliser leur mandat. En somme, les leaders qui investissent dans des stratégies audacieuses et proactives tout en recherchant des occasions présentant d’importantes retombées positives favoriseront la croissance et la création de valeur.

    Toutefois, les détaillants ont plusieurs raisons d’être optimistes. La capitalisation boursière des grands détaillants a triplé au cours d’une décennie marquée par la disruption et l’insécurité, la technologie et l’innovation offrant de nouvelles occasions de croissance pour l’avenir. Pour les leaders du commerce de détail, si le verre est à moitié vide, il est aussi à moitié plein.

    1. Le verre à moitié vide

    Les détaillants ont déjà dû s’adapter à la disruption par le passé et ils devront le faire à nouveau. Comparés à leurs pairs d’autres secteurs, les leaders du commerce de détail semblent afficher moins d’optimisme dans plusieurs domaines, notamment les coûts, la rentabilité, la concurrence, les talents et les fusions et acquisitions (F et A), qui apparaissent comme des domaines où l’optimisme est particulièrement faible. Qu’est‑ce qui incite au pessimisme? Tout d’abord, le commerce de détail a durement été touché par de nombreuses crises et perturbations auxquelles l’économie mondiale a fait face au cours des dernières années, notamment les fermetures de magasins pendant la pandémie de COVID‑19, les pénuries de stocks et les hausses de prix découlant des perturbations géopolitiques et de la chaîne d’approvisionnement. On peut comprendre que, pour l’année à venir, les détaillants tempèrent leur optimisme.

    Mais, surtout, le secteur du commerce de détail est particulièrement touché par les enjeux économiques et politiques que le monde doit surmonter. Bien que plusieurs secteurs entrevoient un avenir prometteur, les perspectives macroéconomiques sont indéniablement plus moroses. L’amélioration des conditions financières ne peut faire abstraction de la réalité : la croissance prévue du PIB mondial de 2,7 % sera bien inférieure à celle de 3,1 % atteinte au cours de la décennie qui a précédé 2020.

    Ce graphique est présenté dans sa langue originale de production.


    Au milieu de ce contexte économique surviennent également des bouleversements politiques. Les conflits en Ukraine et au Moyen‑Orient restent une priorité sur le plan géopolitique, et en 2024 des élections nationales ont eu lieu dans des pays qui comptent pour 54 % de la population mondiale et 60 % de son PIB. À mesure que les nouveaux gouvernements prennent leur marque et que les dirigeants en place se retirent, l’élaboration des politiques s’accélérera, les chaînes d’approvisionnement s’adapteront pour répondre aux nouveaux mandats commerciaux, et les consommateurs modifieront leurs comportements en fonction des nouveaux systèmes politiques.

    Dans cette optique, il n’est pas surprenant que les leaders du commerce de détail aient indiqué que les pressions réglementaires (40 %), les pressions sur la chaîne d’approvisionnement (43 %) et l’évolution des attentes des clients (40 %) étaient les trois principales forces disruptives pour l’année à venir. En fait, les leaders du commerce de détail ont une meilleure compréhension des risques géopolitiques que les entreprises d’autres secteurs, 88 % d’entre eux affirmant avoir une excellente compréhension ou une compréhension complète des risques géopolitiques auxquels ils font face (comparativement à 76 % des chefs de la direction de tous les secteurs). C’est peut‑être ce qui explique pourquoi les leaders du commerce de détail n’ont pas l’impression d’avoir une longueur d’avance, seulement 26 % d’entre eux estimant que leur entreprise est prompte à réagir aux perturbations (comparativement à 38 % des chefs de la direction de tous les secteurs). Peut‑être sont‑ils simplement plus conscients de la gravité de la situation. 

    Si les leaders du commerce de détail abordent la question sous l’angle de l’élaboration des politiques, ils ressentent la gravité de la situation encore plus intensément en raison de leurs interactions avec les clients qu’ils servent. Voici quelques‑unes des réponses issues de l’édition de juillet 2024 de l’indice d’EY de l’évolution des habitudes des consommateurs, qui a sondé plus de 23 000 consommateurs dans 30 pays sur leurs sentiments et leurs intentions :

    • À la question concernant la hausse du coût de la vie, 55 % des consommateurs ont indiqué être très inquiets.
    • À la question concernant leur économie nationale, 45 % des consommateurs ont indiqué être très inquiets.
    • À la question concernant les conflits et les guerres à l’étranger, 41 % des consommateurs ont indiqué être très inquiets.
    • À la question concernant l’optimisation des ressources au cours des années à venir, 72 % des consommateurs ont dit qu’ils y accorderaient plus d’attention.

    Seulement 54 % des consommateurs envisagent l’avenir avec confiance et seulement 49 % d’entre eux s’attendent à une reprise de l’économie au cours des 12 prochains mois. Un tel état d’esprit peut laisser sous‑entendre que les leaders du commerce de détail sont plus à l’écoute des attentes de leurs clients que les entreprises d’autres secteurs.

    Une baisse des attentes entraîne une prudence accrue, et, dans le secteur du commerce de détail, un tel contexte influence les choix stratégiques que les leaders prévoient faire au cours de l’année à venir. Par exemple, plutôt que de prendre des risques technologiques, 52 % des leaders du commerce de détail considèrent que l’élaboration rigoureuse d’analyses de rentabilisation et de projections de rendement sur investissement est un élément essentiel de leur stratégie d’investissement en matière de technologies disruptives. Ce résultat contraste nettement avec celui des autres secteurs, où 53 % des leaders considèrent l’adoption rapide et systématique des technologies disruptives comme une priorité.

    Au‑delà de cet écart, l’intérêt pour les F et A dans le secteur du commerce de détail demeure modéré. Seulement 24 % des leaders du commerce de détail prévoient chercher activement des occasions de F et A au cours des 12 prochains mois, contre 37 % des leaders des autres secteurs. Pour les leaders du commerce de détail, la vente d’actifs semble être une priorité beaucoup plus importante, plus de la moitié (51 %) d’entre eux affirmant qu’ils chercheront activement des occasions de désinvestissements et de scissions au cours de l’année à venir, comparativement à 40 % de leurs pairs d’autres secteurs.

    2. Le verre à moitié plein

    Le secteur du commerce de détail a fait preuve de résilience et continuera en ce sens.Si la moitié des leaders du commerce de détail se montrent pessimistes concernant l’année à venir, l’autre moitié est donc optimiste. En fait, un optimisme prudent, fondé sur le pragmatisme, est la perspective la plus juste pour le secteur.

    Le secteur du commerce de détail s’est déjà retrouvé dans cette situation à maintes reprises. Au cours des dernières décennies, le secteur du commerce de détail a fait face aux crises financières mondiales, à l’essor rapide du commerce électronique, à l’émergence des canaux de ventes directes aux consommateurs et à des allégations répétées qu’il serait bientôt plongé en plein chaos. Malgré un tel contexte, la capitalisation boursière des 20 plus grandes entreprises de détail à l’échelle mondiale est passée de moins de 2 billions de dollars américains il y a dix ans à près de 6 billions de dollars américains en 2024. La part des trois principaux détaillants parmi ces entreprises est passée de 38 % à plus de 50 %. Ce triplement de la valeur est dix fois supérieur au taux de croissance économique et trois fois plus élevé que la croissance de la valeur réalisée par les 20 plus grandes entreprises du secteur des produits de consommation au cours de la même période. Un tel résultat témoigne de la résilience des détaillants dans leur capacité à créer de la valeur à long terme pour leurs parties prenantes.

    Ce graphique est présenté dans sa langue originale de production.


    Cette résilience se reflète parmi les détaillants. Malgré l’incertitude économique, la récession attendue n’a pas eu lieu. Bien que les prix demeurent élevés, l’inflation et les taux d’intérêt ont baissé. Les perspectives de croissance économique sont peut‑être modestes, mais elles se sont stabilisées. Le contexte géopolitique reste une source de préoccupations, mais les détaillants composent progressivement avec ces contraintes. Les progrès réalisés en 2025 pourraient jeter des bases solides en vue de la mise en œuvre de projets plus riches de sens.

    Cette vision de l’avenir est partagée par les leaders du commerce de détail, 37 % d’entre eux estimant qu’il est important de remodeler leur portefeuille pour refléter une compréhension plus approfondie des tendances à long terme (contre 35 % de leurs pairs dans d’autres secteurs). En fait, 28 % des leaders du commerce de détail pensent que les examens de portefeuilles ne sont pas suffisamment rigoureux pour anticiper l’avenir, une opinion que seulement 24 % des autres chefs de la direction partagent. Le commerce de détail vient de traverser une période où le contexte opérationnel a été marqué par la réduction des coûts, la sensibilité aux prix et la gestion trimestrielle des mesures de rendement. En ce qui concerne la prochaine année et celles qui suivront, ces pressions pourraient s’atténuer et dégager de nouvelles façons de créer de la valeur.

    3. Raisons de se réjouir

    Paradoxalement, l’optimisme des leaders du commerce de détail à l’égard de l’avenir pourrait ne pas résider dans les méthodes qu’ils ont employées pour mener leurs affaires pendant une grande partie du siècle dernier. Bien que les perspectives du commerce de détail soient moins instables qu’elles ne l’ont été ces quatre dernières années, les ventes continueront de suivre les tendances observées depuis des décennies concernant les canaux, les catégories et la chaîne d’approvisionnement. Généralement, cela signifie une croissance globale lente, mais constante, jumelée à une transition sous‑jacente vers le numérique et à une révision continue de l’ensemble de produits et des activités. Pour dégager une valeur future, les détaillants doivent générer d’autres occasions. 

    Voici trois solutions que les détaillants peuvent mettre de l’avant en vue d’une réussite à long terme :

    1. Créer de nouvelles capacités de croissance à partir d’actifs existants

    Les leaders du commerce de détail ont consacré beaucoup de temps au cours des dernières années à simplifier leurs activités afin d’optimiser les coûts et d’améliorer l’efficacité. Mais ils ont également eu le temps de réfléchir à de nouvelles façons de créer de la valeur.

    Les données tirées des cartes de fidélisation ont suscité une nouvelle vague d’enthousiasme et des investissements dans les médias pour la vente au détail, mais ce n’est qu’un début pour un secteur ayant une empreinte géographique et numérique aussi importante. Les magasins physiques, les plateformes en ligne et les réseaux de distribution établis représentent tous des actifs que les détaillants peuvent utiliser à de nouvelles fins. Ces actifs contribuent à la croissance d’autres occasions d’affaires interentreprises dans des domaines tels que la logistique, les marchés et les boutiques éphémères de marque.

    La mise en place des stratégies dans ce domaine nécessite un réseau de partenaires. Ainsi, alors que 51 % des leaders du commerce de détail prévoient procéder à des désinvestissements au cours de la prochaine année, 77 % d’entre eux estiment avoir les compétences nécessaires pour créer des écosystèmes numériques qui transformeront leur modèle opérationnel fondé sur la « concurrence » en un modèle fondé sur la « coopétition ». En adoptant une approche collaborative et en favorisant de nouvelles sources de revenus issues de divers services, les détaillants pourraient générer jusqu’à la moitié de leurs profits à partir d’autres sources comme la publicité, au cours des prochaines années.

    2. Élargir la portée et l’ampleur de la marque privée

    La transition vers les marques privées est désormais un choix délibéré des consommateurs, plutôt qu’une simple nécessité, et les détaillants n’ont pas tardé à en tirer parti. Selon un récent sondage mené par Nielsen IQ, 54 % des détaillants s’attendent à ce que les marques privées soient leur principal moteur de croissance en 2024, et cette tendance devrait se poursuivre en 2025. Selon les données de l’indice de l’évolution des habitudes des consommateurs, 48 % des consommateurs estiment que les marques ne jouent plus un rôle déterminant dans leurs décisions d’achat, et 66 % d’entre eux considèrent que les marques privées répondent tout aussi bien à leurs besoins. Un tel contexte permet aux détaillants d’élargir leurs gammes de marques privées en vue d’inclure des catégories plus haut de gamme, et, surtout, de concevoir des produits de marque privée qui facilitent la mise en place d’ensembles de produits plus flexibles.

    Selon l’indice de confiance des chefs de la direction, 45 % des leaders du secteur des produits de consommation évaluent leur portefeuille chaque trimestre ou chaque mois. En revanche, ce taux atteint 66 % parmi les leaders du commerce de détail. Cette capacité à revoir et à restructurer les ensembles de produits avec des fournisseurs de marques privées plus agiles peut conférer aux leaders du commerce de détail une longueur d’avance dans le développement et le lancement de nouveaux produits compétitifs en matière de prix, d’innovation, de durabilité et de qualité.

    3. Obtenir une valeur réelle de l’IA

    Alors que seulement 42 % des leaders du commerce de détail considèrent qu’il est prioritaire de réaliser des investissements audacieux et stratégiques dans les occasions liées aux technologies disruptives, une proportion beaucoup plus élevée (63 %) d’entre eux estime que leur organisation est déjà compétente dans ce domaine. Une série d’exemples sur le marché illustrent la rapidité avec laquelle les détaillants ont mis à l’essai et déployé l’IA générative dans différents aspects de leur entreprise, qu’il s’agisse des robots conversationnels du service à la clientèle (comme ceux mis en place par Carrefour), des initiatives de conception cocréative avec les clients (comme les outils de conception de mode reposant sur l’IA d’Ablo) ou des gains d’efficacité commerciale dans des domaines comme l’approvisionnement et les contrats juridiques (comme le moteur d’approvisionnement d’Alibaba). Les détaillants qui adoptent rapidement les nouveaux outils d’IA seront en mesure d’accroître l’efficacité et la rapidité de leurs activités au cours de la prochaine année, de générer une croissance des marges et d’améliorer les mesures relatives à l’expérience et au service. Bien que les technologies émergentes, notamment l’IA, ne constituent pas une priorité urgente, plus d’un tiers (34 %) des chefs de la direction du secteur du commerce de détail considèrent qu’elles seront une force perturbatrice importante de leur secteur au cours de l’année à venir.

     

    Les leaders du commerce de détail pourraient connaître une année difficile s’ils continuent d’utiliser des méthodes traditionnelles pour évaluer leur succès. Cependant, en explorant de nouvelles sources de revenus et en intégrant des technologies afin d’optimiser leurs activités commerciales en pleine expansion et de gérer efficacement leur chaîne d’approvisionnement, ils peuvent envisager un avenir plus prometteur.

    Résumé 

    L’indice de confiance mondial des chefs de la direction d’EY révèle que les leaders du commerce de détail sont plus réservés et moins optimistes dans leurs perspectives que ceux des autres secteurs, y compris leurs pairs du secteur des produits de consommation. Ces résultats reflètent la situation économique actuelle des économies nationales et celle des consommateurs. Toutefois, les détaillants ont aussi plusieurs raisons d’être optimistes et peuvent explorer de nouvelles possibilités de croissance en exploitant leurs actifs différemment, en développant leur marque privée et en investissant dans de nouvelles technologies disruptives comme l’intelligence artificielle (IA).

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