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Métamorphose minière : inspirer la prochaine génération

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Cet article a été co‑écrit par Olga Makoyeva, coleader, Centre d’excellence du secteur des mines et métaux, EY Amériques.

Le secteur des mines et métaux est sur le point de vivre un changement profond au niveau de la main‑d’œuvre qui, s’il est pris en compte de façon proactive, peut lui ouvrir la voie au succès.


En bref

  • Alors que près de la moitié de la main‑d’œuvre du secteur des mines et métaux prendra sa retraite dans les dix prochaines années1,2,3, la course est lancée pour attirer la nouvelle génération de recrues.
  • Bien que le changement dépende des initiatives de collaboration de différentes parties prenantes, investir dès aujourd’hui dans la jeunesse est crucial pour répondre aux besoins futurs en personnel.
  • À mesure que la technologie progresse et que la demande de minéraux croît, il devient essentiel de moderniser l’image du secteur pour attirer la prochaine génération.

Le secteur des mines et métaux traverse un moment charnière. On assiste à une hausse de la demande de matières premières et de minéraux critiques qui sous‑tendent presque tous les aspects de la vie moderne. Mais puisqu’une importante part des travailleurs âgés partiront à la retraite dans les dix prochaines années, la course est lancée pour attirer une nouvelle génération de talents uniques à l’affût des nouvelles technologies qui ouvriront la voie vers l’avenir.

Certes, des obstacles se dressent sur le chemin : des perceptions négatives; des préoccupations liées à la sécurité et au mode de vie; des répercussions environnementales; des pénuries de main‑d’œuvre dans l’industrie minière. Même si ces enjeux représentaient autrefois la réalité des travailleurs miniers, le secteur est en train de changer, et ce, plus rapidement que le pensent plusieurs, notamment les jeunes travailleurs explorant des possibilités de carrière.

Au sein d’un marché favorable aux employeurs, où les possibilités de carrière convoitées s’amenuisent avant même l’obtention d’un diplôme de premier cycle, le secteur des mines et métaux se distingue par d’abondantes perspectives d’emploi et voit apparaître de nouveaux rôles et compétences dépassant les besoins traditionnels de l’industrie. La chasse au talent est lancée. Le secteur est à la recherche de travailleurs qualifiés qui maîtrisent l’analyse de données, la robotique, la maintenance des logiciels et des systèmes ainsi que de personnes spécialisées en durabilité et en environnement ou qui s’intéressent aux rôles qui reposent sur les relations avec les communautés.

Une carrière dans le secteur des mines et métaux pourrait représenter la solution idéale pour les jeunes animés par une raison d’être, plutôt que par la rémunération, bien que ce soit aussi important. Pourquoi alors cet éternel manque de main‑d’œuvre s’accentue‑t‑il davantage? Quels sont les facteurs contributifs à la pénurie? Et quelles mesures peuvent être prises pour repositionner le secteur de façon à assurer sa croissance ainsi que lui permettre d’atteindre sa pleine valeur et de respecter ses engagements?

Pour relever le défi, il faut comprendre l’évolution du secteur et les actions à entreprendre afin de le remettre sur la bonne voie.

Aperçu du secteur des mines et métaux

Il est souvent méconnu, particulièrement auprès des jeunes, que le secteur des mines et métaux est l’un des plus importants secteurs économiques ainsi qu’un grand créateur d’emplois. Les Américains utilisant en moyenne 40 000 livres de matériaux nouvellement extraits chaque année, la contribution au produit intérieur brut (PIB) des États‑Unis de l’extraction minière, l’exploitation en carrière et l’extraction de pétrole et de gaz s’est élevée à 460 milliards de dollars en 20224. Au Canada, l’exploitation minière5 représentait 161 milliards de dollars, soit 7,8 % du PIB, dépassant les secteurs de la finance, de la construction, du transport ou du commerce de détail, grâce aux 60 minéraux et métaux produits dans près de 200 mines et 6 500 carrières ainsi que des minéraux évalués à 153 milliards de dollars, soit 21 % des exportations totales6.

La même année, le secteur employait 420 000 personnes directement et 274 000 personnes indirectement, représentant ainsi un total de 694 000 emplois au nord de la frontière. En outre, 1 Canadien sur 307 travaillait dans le secteur et presque 1,3 million8 occupaient un emploi lié au secteur. Bien que les salaires des travailleurs à temps plein aient augmenté de façon constante, ayant plus que doublé entre 1997 et 2022, le nombre de travailleurs de moins de 25 ans a chuté de 12 % à 5 % tandis que le nombre de travailleurs de plus de 55 ans est passé de 13 % à 18 %9. Ne montrant aucun signe de renversement de tendance depuis 2010, les chiffres sont éloquents et rendent compte des pénuries de main‑d’œuvre observées actuellement dans un secteur prospère.

Près de deux ans plus tard, bon nombre de ces quinquagénaires prendront leur retraite en emportant des connaissances sectorielles, le « tsunami gris » imminent du secteur10, tandis que d’autres auront du mal à s’adapter au virage numérique et à l’automatisation des procédés. Pour répondre aux demandes de production de base au Canada seulement, les recruteurs devront embaucher plus de 200 000 nouveaux talents au cours des dix prochaines années afin de remplacer les retraités et de pourvoir les nouveaux postes, ce qui appelle à une action immédiate.

Déconstruire les stéréotypes : le nouveau visage de l’exploitation minière

 

Pour changer les mentalités, il faut d’abord défaire les mythes souvent associés au secteur des mines et métaux. Plusieurs stéréotypes négatifs et dépassés découlent des pratiques dans les mines de charbon vieilles de plusieurs dizaines d’années, voire de plusieurs centaines d’années, comme le préjugé selon lequel l’exploitation minière est un travail manuel sale et dangereux impliquant de longues heures de travail passées dans l’obscurité, des logements austères, des régions isolées et des conditions difficiles.

 

En réalité, le virage vers l’automatisation, l’IA et l’exploitation à distance ont fait en sorte que de nombreuses tâches autrefois réalisées manuellement sont désormais assumées par les machines. Les mines canadiennes sont réputées pour leurs normes et leurs protocoles en matière de sécurité les plus stricts au monde, diminuant le taux de fréquence des accidents du travail. Le nombre d’accidents est également réduit grâce à la mise en place de nouvelles réglementations et à l’arrivée de nouvelles technologies, comme des dispositifs portables de détection et d’avertissement pour la gestion du risque de collision ainsi que des simulateurs d’engin miniers. En combinant le tout avec l’automatisation et l’IA, les organisations minières réalisent des avancées importantes vers l’atteinte de leur objectif de « zéro incident ».

 

Les médias ont beaucoup parlé des effets négatifs de l’exploitation minière sur l’environnement, plutôt que de souligner les initiatives d’exploitation minière responsable et les efforts de remise en état des sites miniers visant une restitution à la nature. La durabilité étant au cœur des préoccupations pour assurer la prospérité du secteur, les rôles liés à la conformité et aux pratiques durables, comme la surveillance environnementale, l’intendance et la conservation de la biodiversité, seront très sollicités, notamment au regard des impératifs liés aux engagements climatiques.

L’heure est à l’action

Dans les dernières années, les métiers du secteur des mines et métaux figuraient parmi les professions les moins prisées : seulement 34 % des Canadiens sont ouverts à travailler dans le secteur11, 70 % des 15 à 30 ans affirment qu’ils n’y travailleraient certainement ou probablement pas et seuls 4 % déclarent qu’ils y travailleraient certainement12. Vu la chute des inscriptions aux programmes de génie des mines – une baisse pouvant atteindre 41 % de 2015 à 202013 – et le manque général d’initiatives visant à répondre aux besoins de main‑d’œuvre, une refonte du secteur s’impose.

Valoriser le secteur comme moteur d’innovation contribuant de manière importante aux efforts essentiels de transition énergétique peut aider à façonner son avenir en tant qu’employeur attirant les jeunes à la recherche de carrières accueillantes, stimulantes et gratifiantes.

Lors de la mise en œuvre d’un plan d’action, les cinq stratégies suivantes, si déployées de manière efficace, témoignent de notre engagement continu à assurer un avenir durable pour l’exploitation minière, renforcent notre image en tant que chef de file mondial dans le secteur et le placent en bonne position pour croître considérablement au cours des prochaines années.

  1. Redorer l’image du secteur des mines et métaux. Outre la remise en question des stéréotypes, transformer l’image du secteur passe par la valorisation de son rôle clé dans l’économie verte et dans l’approvisionnement en minéraux essentiels pour assurer un avenir prometteur. Mettre de l’avant l’excellence du secteur en matière de sécurité, de performance et de pratiques durables et responsables – des enjeux sociétaux pertinents – permet d’attirer les talents qui cherchent à rendre le monde meilleur. Les organisations du secteur des mines et métaux génèrent des retombées positives dans les collectivités : leurs partenariats et leurs dons permettent de construire des écoles, d’améliorer les soins de santé et de développer des infrastructures. Contribuer à la protection de l’environnement, par exemple grâce à des initiatives de restauration, de remise en état des terrains et de conservation de la biodiversité, permet de laisser un héritage positif non seulement pendant la durée des activités dans une région, mais aussi pour les années qui suivent.

  2. Investir dans l’enseignement et la formation. Un programme éducatif sur les mines et métaux dans les écoles peut intéresser les élèves du primaire, commençant à explorer leurs intérêts, tout comme les diplômés du secondaire, choisissant leur voie de spécialisation. Des bassins de talents peuvent être alimentés grâce à des activités de sensibilisation ciblées, des tours guidés interactifs et des initiatives pour faire connaître les avantages d’une carrière dans le secteur, du remboursement des frais de scolarité aux salaires de base élevés en passant par des primes à la signature. La mise en place de programmes de perfectionnement coordonnés, de formations de courte durée, de microcertificats et de stages offerts en partenariat avec des universités, des écoles techniques et des organismes communautaires locaux permet d’enrichir l’offre de formations et accélérer l’accès aux carrières dans le secteur des mines et métaux. Par exemple, des programmes comme Équiper la relève du Conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHIM) harmonisent la formation professionnelle des étudiants de niveau postsecondaire avec les exigences du secteur des mines et métaux en subventionnant des possibilités d’apprentissage intégré au travail (AIT), qu’il s’agisse de stages coopératifs ou de stages pratiques. Encore, l’adoption de lois, telle la Mining Schools Act of 2025 aux États‑Unis, contribue à remédier au déclin de la main‑d’œuvre américaine du secteur des mines grâce à un programme de subventions visant à recruter des étudiants et à encourager la recherche sur la production de minéraux.

  3. Promouvoir la diversité et l’inclusion. Ces dernières années, le secteur des mines et métaux a redoublé d’efforts en matière de diversité, tant pour attirer que pour retenir les meilleurs talents. Il mise sur l’éducation internationale, les compétences transférables et la main‑d’œuvre qualifiée des nouveaux immigrants ainsi que des peuples autochtones au Canada, dont il est le plus grand employeur du secteur privé. Des programmes spécifiquement destinés aux communautés autochtones et nordiques, souvent situées à proximité des exploitations minières et entretenant des liens étroits avec la terre, leur ouvrent des portes et font bénéficier le secteur de leurs points de vue. Parmi les autres exemples pertinents, on peut citer des formations préemploi, comme les programmes L’essentiel des mines du RHIM et de l’Assemblée des Premières Nations, axés sur les compétences, les connaissances et la sensibilisation culturelle, ou encore le programme de développement de la main‑d’œuvre autochtone lancé par un producteur d’or et évalué à 1,9 million de dollars, financé par le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences en partenariat avec les communautés des Premières Nations. De même, des initiatives telles que la campagne Parité d’ici 30 du gouvernement fédéral, qui encourage l’égalité des sexes et les possibilités de carrière pour les femmes dans le secteur minier, peuvent contribuer à élargir le bassin de talents et à favoriser une approche plus diversifiée en matière d’embauche.

  4. Optimiser les technologies pour innover. De plus en plus axé sur la technologie et l’innovation, le secteur propose des carrières modernes qui sont particulièrement intéressantes pour les professionnels souhaitant travailler avec des technologies de pointe. Drones, robots, IA, camions autonomes et appareils de forage télécommandés : l’innovation réduit la dépendance au travail manuel au profit d’une demande accrue pour des professionnels spécialisés en technologies et en automatisation. La modulation actuelle des compétences implique le recrutement de travailleurs qui maîtrisent l’analyse de données, la robotique, la maintenance des logiciels et des systèmes, en plus de posséder des connaissances traditionnelles liées au domaine des métaux et des minéraux. L’exploitation de minéraux critiques exige des connaissances technologiques et environnementales, ce qui réduit l’écart entre les jeunes travailleurs technophiles et les travailleurs plus âgés qui, par exemple, se perfectionnent et se recyclent au sein d’une grande société minière de cuivre et de zinc, favorisant ainsi un environnement de travail inclusif pour tous.

  5. Améliorer l’équilibre travail‑vie personnelle. De nos jours, de nombreux postes dans l’industrie minière sont gérés à distance depuis des systèmes centralisés, tandis que d’autres offrent des modalités de travail flexibles. Par exemple, le personnel affecté au Nunavut et dans les Territoires du Nord‑Ouest travaille selon des horaires en rotation adaptés à leurs déplacements, conformément aux exigences de leur travail. En travaillant moins longtemps sur les exploitations minières, le personnel peut vivre où il le souhaite, tout en profitant des avantages du travail par navette, tels que des primes financières, des congés prolongés et des occasions de voyager. En outre, les entreprises du secteur des mines et métaux lancent de plus en plus d’initiatives en matière de santé mentale pour aider leur main‑d’œuvre, reconnaissant l’incidence de la nature du travail sur tous les aspects de la vie. Parmi les exemples de telles initiatives, on trouve le programme d’éducation en santé mentale du centre NORCAT, conçu pour accroître la formation et la sensibilisation des membres du personnel en matière de santé mentale, et d’autres ressources comme les programmes d’aide aux employés, les lignes d’assistance téléphonique, les services de soutien en tout temps et les groupes d’aide dirigés par des employés.

À mesure que le secteur évolue, les attentes élevées généreront des enjeux élevés nécessitant une collaboration continue entre les parties prenantes pour favoriser la croissance du secteur des mines et métaux, plutôt que de ralentir son élan. L’augmentation des investissements gouvernementaux dans l’éducation en matière d’exploitation minière, tels que les 10 millions de dollars américains investis par un programme de formation instauré par la Mining Schools Act of 2023 aux États‑Unis, ainsi que les politiques réglementaires visant à promouvoir l’innovation et le développement de la main‑d’œuvre peuvent favoriser une approche orientée vers l’avenir.


Résumé

Étant donné l’importance du secteur dans les années à venir, il est crucial de procéder à une refonte audacieuse de l’image du secteur tout en encourageant l’innovation et l’intégration de nouvelles technologies. Le changement des perceptions du secteur des mines et métaux, en le présentant comme un moteur dynamique façonnant l’avenir plutôt qu’une industrie dépassée, contribuera à attirer de jeunes talents qui possèdent les compétences essentielles à la transition vers une économie verte.

Ce changement exige des investissements ainsi que des efforts de collaboration et de partenariat pour charmer la prochaine génération, générer de la valeur à long terme et favoriser la croissance du secteur. La transition vers un secteur plus vert, plus intelligent et plus inclusif est non seulement envisageable, mais elle prend déjà forme. Inspirer et mobiliser les jeunes d’aujourd’hui contribuera à façonner l’avenir.

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