Homme admirant les rues de Londres par une journée ensoleillée

De la transaction à la transformation : Comment miser sur les gens peut dégager de la valeur de la transaction

Les transactions peuvent devenir transformationnelles lorsque les leaders établissent des conditions précises visant un rendement élevé.


En bref

  • Des transactions basées sur une vision audacieuse et ambitieuse peuvent dynamiser la transformation d’une entreprise.
  • La recherche montre que la principale façon d’augmenter la valeur d’une transaction est de donner la même priorité aux aspects humains de la transaction qu’à ses aspects stratégiques.
  • La mise en place de conditions clés peut aider les dirigeants à mener à bien les transactions et à multiplier par 2,2 leur capacité à mener à bien les transformations futures.

Les transactions, comme les acquisitions et les désinvestissements, sont une composante essentielle des outils de transformation d’une entreprise. Cette année, 96 % des chefs de la direction à l’échelle mondiale qui ont répondu au sondage sur les perspectives des chefs de la direction d’EY‑Parthenons’attendent à conclure une transaction

En d’autres termes, elles constituent un aspect essentiel de la plupart des stratégies d’entreprise. Les entreprises qui réussissent des transformations axées sur les transactions dégageront de la valeur pour leurs actionnaires et se démarqueront positivement de leurs concurrents.

Et bien que les transactions présentent un ensemble unique de défis, elles peuvent également créer une dynamique qui accélère la transformation et modifie la trajectoire d’une entreprise. Une étude d’EY révèle que trois facteurs sont essentiels à la réussite.

Premièrement, l’audace : 59 % des répondants qui ont mentionné les transactions ont indiqué que la capacité d’une organisation à se transformer est extrêmement importante pour son existence future. Plus la vision d’une transaction est transformationnelle, plus la valeur qui peut être créée est importante.

Deuxièmement, les aspects humains d’une transaction sont essentiels pour dégager de la valeur, et non pas seulement les aspects financiers. Les dirigeants doivent créer des conditions propices à l’épanouissement des gens.

Troisièmement, et c’est là le point le plus important, les dirigeants doivent être prêts à composer avec les points de retournement susceptibles de se produire au cours des trois étapes clés d’une transaction : du contrôle préalable à l’annonce de la transaction, de l’annonce à la clôture de la transaction et de la clôture de la transaction à l’après‑clôture.

Lorsque ces trois éléments sont traités avec succès, les défis peuvent être redéfinis comme des possibilités. Les dirigeants et leurs organisations peuvent réaliser des transactions pour se transformer.


Une artiste peint au pistolet sur le mur d’un bâtiment
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Chapitre 1

Les transactions sont transformatrices lorsque les leaders font preuve d’audace

Les dirigeants qui possèdent une vision audacieuse de la transformation de l’entreprise, plutôt que de simplement tenter de conclure une transaction, peuvent dégager une plus grande valeur.

Dans toutes les transformations, les organisations apportent des changements à leurs activités afin d’améliorer le rendement et de favoriser une croissance durable. L’objectif d’une transaction est le même : l’intégration ou la séparation d’organisations est le point de départ qui permet de réaliser le plein potentiel de l’entité, ou des entités, qui en résultent. Toutefois, les transactions doivent relever des défis uniques.
 

Premièrement, elles évoluent à un rythme rapide en raison des échéances serrées, ce qui exerce une pression sur l’exécution à court terme par rapport aux objectifs plus audacieux à long terme.
 

Deuxièmement, les transactions deviennent un événement public dès qu’elles sont annoncées et leur évolution fait l’objet d’un suivi et d’un contrôle externes. Cela engendre beaucoup de confusion, qu’il s’agisse de l’opinion des analystes, de l’opinion du marché ou de celle des employés, et la surveillance peut prendre des proportions considérables. En outre, les dirigeants doivent communiquer aux actionnaires les raisons stratégiques et les avantages financiers de la transaction, ce qui représente une pression supplémentaire alors qu’il faut faire en sorte que la transaction soit mobilisatrice pour le personnel.
 

Troisièmement, il existe une longue période d’incertitude entre l’annonce et la clôture d’une transaction. Les dirigeants et les travailleurs peuvent ressentir un sentiment d’insécurité.
 

En raison de ces défis, les organisations se concentrent souvent sur la réalisation de la transaction, plutôt que sur la transformation réelle de l’entreprise. Mais cela réduit la valeur qui pourrait être créée. Près de la moitié des responsables de transactions déclarent qu’il arrive souvent qu’ils ne parviennent pas à dégager la valeur souhaitée, tandis que seulement 46 % des transactions atteignent leurs indicateurs clés de performance en matière d’innovation.

Les dirigeants doivent viser un objectif de transformation dans le cadre de la transaction : ils doivent faire preuve d’une vision et d’une ambition telles qu’elles emportent l’adhésion des personnes concernées. Pour obtenir de meilleurs résultats à long terme, il est préférable d’axer la transaction sur la transformation plutôt que d’en forcer la réalisation.

Le graphique est présenté dans sa langue originale de production


Femme d’affaires travaillant à l’extérieur d’un café
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Chapitre 2

Les leaders doivent créer les conditions nécessaires pour que les gens s’épanouissent

Les conditions clés peuvent créer des environnements hautement performants qui permettent aux employés de surmonter les défis et de favoriser la réussite.

Le fait de placer l’humain au centre d’une transaction, en mettant délibérément l’accent sur les aspects de la transaction axés sur les gens, est plus susceptible de mener à la réussite.

Les études d’EY sur les transformations organisationnelles ont permis de déterminer six conditions qui concrétisent cette façon de faire. Lorsqu’elles sont appliquées adéquatement, elles créent un environnement qui multiplie par 2,6 la probabilité d’un résultat positif.

L’étude a révélé une nouvelle façon de gérer les transformations motivées par la transaction : une façon de se concentrer sur les gens et de soutenir les parcours rationnels et émotionnels.

L’établissement de ces six conditions crée un environnement transactionnel où les gens peuvent s’épanouir :

Condition

Qu’est‑ce que cela signifie pour les transactions?

Vision engagée

Rallier les gens est primordial : les employés doivent croire en une vision convaincante qui va au‑delà des aspects économiques de la transaction.

Leadership adaptatif

Les dirigeants doivent être présents et s’adapter au besoin. Notamment en étant présents et en s’acquittant de tâches difficiles avec les équipes.

Sécurité psychologique

Les transactions créent naturellement un sentiment de précarité de l’emploi, ce qui nuit à la sécurité psychologique des travailleurs. Il est donc essentiel d’être à l’affût des véritables sentiments des travailleurs. Les dirigeants doivent continuellement investir dans les relations avec les équipes pour créer un environnement où l’information circule plus facilement.

Liberté disciplinée

Faire en sorte que la responsabilité et le pouvoir de décision se situent à un échelon aussi bas que possible dans l’organisation, afin de permettre des décisions et des changements rapides en cas de besoin. 

Interdépendance radicale 

La collaboration entre les divers secteurs est la clé de la réussite de la transaction. Au début du cycle de la transaction, les équipes multidisciplinaires doivent se réunir et travailler à un rythme soutenu. À mesure que la transaction évolue vers l’intégration ou la séparation, les équipes doivent travailler ensemble de différentes façons. La collaboration ne peut pas être laissée au hasard; elle doit être structurée et intégrée au programme.

Technologie utile

Utiliser la technologie pour concrétiser rapidement le potentiel de la nouvelle organisation, en montrant aux gens quel sera le pouvoir de la nouvelle entité.

Matinée de week‑end avec soleil à contre jour
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Chapitre 3

Comment surmonter les points de retournement de la transaction et en tirer le plus de valeur possible?

Des mesures décisives sont nécessaires à chacune des trois étapes clés d’une transaction afin de franchir avec succès les points de retournement pour les employés.

Même si les organisations nourrissent de grandes ambitions pour une transaction et qu’elles offrent un environnement très performant pour permettre à leurs employés de réussir, il est probable qu’elles feront face à des difficultés. Presque toutes les transactions (98 %) connaissent un point de retournement, à savoir un moment où le projet s’écarte de sa trajectoire et où les dirigeants doivent intervenir. Et alors qu’il en va de même pour les transformations, les points de retournement sont plus susceptibles d’avoir une incidence globale négative sur une transaction, soit 32 %, contre 21 % pour un programme de transformation.

Les transactions, de par leur nature, comportent trois étapes clés, soit l’annonce de la transaction, la clôture de la transaction et l’après‑clôture, au cours desquelles des points de retournement se produisent. En outre, des événements extérieurs, notamment des turbulences économiques et des contrôles antitrust, peuvent perturber le déroulement d’une transaction.

À mesure que la transaction progresse, il y a des moments clés où elle prend de l’ampleur, amenant plus de personnes à participer à la planification, et touchant une plus grande partie de l’organisation et des effectifs. Il convient d’anticiper les points de retournement et d’y faire face en tirant parti des aspects humains décrits au chapitre 2. Lorsque les équipes se réunissent pour résoudre les problèmes, le processus de transformation en est accéléré.

Le sondage d’EY sur les points de retournement, publié l’an dernier, indique qu’une attention particulière portée à quatre des six conditions clés, à savoir la vision engagée, le leadership adaptatif, la liberté disciplinée et la sécurité psychologique, peut modifier la trajectoire d’une transaction et accélérer l’élan vers une transaction transformatrice.

Le graphique est présenté dans sa langue originale de production


Étape 1 : Du contrôle préalable à l’annonce de la transaction

Avez‑vous une vision claire et convaincante de la transaction que les dirigeants peuvent développer?

Causes des points de retournement

Une fois la stratégie de la transaction établie, des défis se posent à toutes les organisations durant l’étape qui sépare le contrôle préalable de l’annonce de la transaction. Comme nous l’a mentionné l’administrateur d’une société mondiale de paiements numériques, les équipes transactionnelles accordent souvent la priorité à l’entreprise ou à la technologie plutôt qu’à la culture ou à l’humain, ce qui entraîne des problèmes d’intégration en aval. Dans le cadre de la diligence raisonnable, il est essentiel de mettre l’accent sur les aspects liés aux ressources humaines, comme la structure organisationnelle, la force des équipes de direction, la culture et les méthodes de travail.

Cet état d’esprit transparaît souvent au moment de l’annonce, alors que les dirigeants expriment la vision de la transaction principalement en termes financiers, sans vision mobilisatrice pour le personnel. Plus d’un quart des répondants ont indiqué qu’une vision imprécise ou peu convaincante avait une incidence sur la performance de la transaction, tandis que 30 % ont indiqué que l’inefficacité du leadership était un problème.

Mesures à prendre pour surmonter les points de retournement

L’organisation doit avoir une vision engagée dès le départ. En outre, les dirigeants doivent adhérer au projet, contribuer à son élaboration et être prêts à le partager avec le personnel le plus tôt possible : il est essentiel, lors de la première rencontre avec les employés, d’exposer une vision persuasive de l’avenir et des possibilités créées par la transaction.

Un ancien cadre d’une entreprise mondiale de télécommunications nous a dit : « Dès le départ, le message doit être axé sur le ʻʻpourquoiʼʼ. L’autre élément clé est une attitude positive. Les gens doivent être portés par la vague de positivisme et d’enthousiasme que suscite le changement, et ce qu’il va signifier pour eux en tant qu’individus, mais aussi pour l’entreprise. Ils ne doivent pas avoir l’impression d’être ballottés par les vagues, sans gouvernail. »

Afin d’inspirer confiance dans la vision et d’accroître la confiance des employés, il est essentiel que les dirigeants montrent qu’ils sont capables de s’adapter et qu’ils sont en phase avec le projet dès l’annonce de la transaction. Le vice‑président d’une multinationale pétrolière et gazière a déclaré qu’il fallait communiquer la vision avec un « grand enthousiasme » lors d’une assemblée publique. Mais cela signifie aussi qu’il faut être présent et accessible aux employés, en ayant des interactions en personne : « Je parcours les étages et m’assure de ne pas toujours être enfermé dans mon bureau. Je ne veux pas que tout ne se déroule que lors d’assemblées générales officielles. J’ai besoin de l’aspect social : c’est à cela que les gens s’attachent. »

Étape 2 : De l’annonce à la clôture de la transaction

Comment préparer les gens au changement?

Causes des points de retournement

La transaction a été rendue publique. La transaction passe à un nouveau palier et une équipe transactionnelle plus importante est engagée pour faire avancer les choses. Désormais informé, le personnel doit continuer à produire des résultats malgré un niveau élevé d’incertitude et d’anxiété. Les employés sont moins susceptibles que les dirigeants, soit 34 % contre 47 %, de se sentir en sécurité quant à l’avenir. Les dirigeants, qui vivent également de l’insécurité, doivent donc se ressaisir et communiquer avec les employés pour s’assurer qu’ils ont confiance dans la transaction.

Mais cela se révèle difficile dans un contexte d’incertitude accrue. Une fois l’annonce faite, les organisations font face à des restrictions légales et antitrust, qui peuvent limiter le partage d’informations. Il peut être difficile de rapprocher les dirigeants en place et les nouvelles équipes de transition dont les styles de gestion et les philosophies sont conflictuels.

Le graphique est présenté dans sa langue originale de production


Pendant cette période, l’équipe responsable de la transaction doit travailler rapidement et efficacement pour cerner les problèmes, trouver des solutions et planifier la conclusion d’ententes avec un groupe diversifié d’intervenants. Pourtant, seulement 35 % des répondants ont convenu que le pouvoir décisionnel était délégué d’une manière claire et appropriée. En outre, en cette période de vives émotions, les canaux de rétroaction sont plus susceptibles d’être inexistants : seules 42 % des transactions disposaient de mécanismes officiels permettant de soulever des questions, et seulement 37 % évaluaient systématiquement le niveau de préparation et l’état d’esprit des employés.

Mesures à prendre pour surmonter les points de retournement

Pendant la période allant de l’annonce de la transaction à sa clôture, il est important de constituer rapidement l’équipe responsable de la transaction et de progresser à un rythme soutenu, tout en appuyant les dirigeants et le personnel de l’ensemble de l’organisation. Un bureau de gestion de projet (BGP) solide doit fonctionner avec une liberté disciplinée pour répondre à la fois à l’évolution rationnelle et émotionnelle de la transaction. Une direction, une gouvernance, des calendriers et des méthodes de travail précis doivent être mis en place pour permettre la prise de décisions et accélérer la progression de la transaction. Les personnes interrogées ont déclaré que le recours à des prestataires de services offrant des capacités de leadership, de la technologie, des outils et des données était le moyen le plus efficace d’accélérer la progression des transactions.

Parallèlement, le BGP doit également planifier et surveiller l’évolution émotionnelle du personnel en soutenant les dirigeants, en établissant des mécanismes de rétroaction officiels et en prêtant une attention particulière à la montée des émotions négatives, 30 % des personnes interrogées ayant déclaré que le manque de soutien émotionnel était un problème. En mettant en place des outils de rétroaction, notamment des sondages éclairs, des sondages sur l’engagement et des boîtes aux lettres anonymes, les BGP peuvent détecter une énergie émotionnelle accrue, telle que l’anxiété ou la frustration, et y remédier avant qu’elle ne perturbe l’avancement de la transaction.

Comme la confiance de la main‑d’œuvre est susceptible de s’effriter pendant la période allant de l’annonce à la clôture, les dirigeants doivent également favoriser la sécurité psychologique dans l’ensemble de l’organisation. Une façon est de reconnaître ouvertement les défis et les incertitudes associés à la transaction, ce qui permet une rétroaction plus ouverte et honnête. Les dirigeants qui agissent de la sorte, tout en faisant preuve d’un état d’esprit axé sur la croissance, ont 3,7 fois plus de chances de surmonter avec succès les points de retournement. Certains peuvent raconter leurs propres expériences, allant même jusqu’à exprimer leurs doutes initiaux sur la transaction. En partageant leur propre témoignage, ils autorisent les autres à reconnaître que la transaction est autant une expérience émotionnelle qu’une démarche d’affaires.

Les cadres intermédiaires sont également essentiels, car ils peuvent permettre aux employés de s’exprimer sans crainte et seront probablement les premiers à déceler les problèmes éventuels. Un engagement efficace de la part des cadres intermédiaires aide les dirigeants à détecter les signaux d’alarme et à élaborer des solutions plus tôt.

La transparence dans la façon dont les décisions sont prises est importante à tous les échelons. Autrement, il est difficile de gérer les tensions structurelles. « Si vous communiquez sans faire preuve de transparence, la méfiance à l’égard de la direction va se manifester », nous a déclaré un cadre des ressources humaines (RH) d’une multinationale de covoiturage. Pour favoriser la confiance, les dirigeants doivent donner aux cadres intermédiaires les moyens de répondre aux questions sur la manière dont les décisions ont été prises par la direction.

Bon nombre des facteurs ci‑dessus peuvent être pris en compte et recensés grâce à ce que le cadre des RH a qualifié de « contrôle préalable culturel ». « Des facteurs comme votre style de leadership et de prise de décisions, votre culture du travail, votre mode de communication et l’engagement de vos employés, tout cela doit être pris en compte. » Cela exige de l’humilité de la part des dirigeants, qui devront probablement reconnaître que le statu quo ne sera pas envisageable dans la nouvelle structure. « Ces facteurs doivent être traités le plus tôt possible, a déclaré le cadre, parce que, dès que l’on atteint l’étape des activités post‑transactionnelles, il est trop tard. »

Enfin, à l’approche de la clôture, qui s’accompagne de nouveaux défis à relever, il est essentiel de clarifier la conception de l’organisation future et les rôles des dirigeants. Cela permettra d’assurer la confiance dans le futur modèle de gouvernance et d’installer les dirigeants dans leurs postes. Le directeur d’une société de paiements numériques a raconté comment il avait cherché, et échoué, à nouer le dialogue avec la directrice des ressources humaines d’une société en cours d’acquisition : « Elle était incroyablement réticente parce qu’elle pensait qu’elle allait être congédiée. » En revanche, lorsque les dirigeants sont en place tôt, non seulement l’organisation dispose‑t‑elle d’une structure concrète, mais les dirigeants ne sont plus aussi préoccupés par leur situation personnelle. Ils sont en mesure de mener à bien la prochaine étape et les suivantes.

Étape 3 : L’après‑clôture

Comment créer les conditions propices à la transformation?

Causes des points de retournement

La transaction est légalement clôturée, mais la plus grande erreur que les leaders puissent faire est de présumer que le travail est terminé. La nouvelle équipe de direction doit harmoniser et intensifier les activités organisationnelles afin d’atteindre les objectifs de la transaction. Les points de retournement importants dans les transactions sont souvent déclenchés par des problèmes liés au modèle opérationnel, le plus souvent une structure organisationnelle inefficace, laquelle est citée dans 31 % des transactions.

À ce stade, les gens de l’ensemble de l’organisation sont également susceptibles d’être épuisés. Un manque de soutien émotionnel pour les effectifs est mentionné dans près d’un tiers des transactions et, même parmi les transactions réussies, seulement 40 % des personnes ressentent des émotions positives après la clôture.

Les gens peuvent également avoir du mal à adopter une nouvelle identité, surtout ceux qui avaient un lien fort avec l’entreprise avant la transaction. Parmi les travailleurs, 31 % ont déclaré que la culture et les nouvelles méthodes de travail constituaient un défi important, contre 19 % chez les dirigeants. Changer les anciennes méthodes de travail ou pratiques commerciales peut donc représenter un défi. Le risque d’une mauvaise collaboration interfonctionnelle persiste également, les différentes équipes pouvant résister au partage de l’information dans un contexte d’incertitude quant aux rôles et aux responsabilités. Et, plus important encore, les lacunes en matière de capacités parmi les travailleurs doivent être identifiées et corrigées rapidement afin de maintenir l’élan créé par la transaction.

C’est à ce moment‑là qu’une véritable transformation peut être réalisée. Il est essentiel de créer les conditions propices à la réussite de la prochaine étape.

Mesures à prendre pour surmonter les points de retournement

Tout d’abord, il est essentiel que la nouvelle équipe dirigeante adhère à la vision de la transformation et élabore de nouvelles méthodes de travail. Le cadre des RH de l’entreprise de covoiturage a déclaré que cela était essentiel à une intégration culturelle réussie, car cela permet d’assurer la cohérence des messages et des mesures, de la direction de l’entreprise à l’ensemble de la main‑d’œuvre. « Ils doivent joindre le geste à la parole. Et dans la mesure où la direction est en phase avec les objectifs, cela se répercute chez les employés. »

En outre, les programmes d’apprentissage et de perfectionnement peuvent aider à l’intégration des cultures. Ils peuvent ainsi familiariser les employés avec les nouvelles méthodes de travail, les nouvelles valeurs et les nouveaux styles de leadership. Les organisations qui ajustent leurs processus pour encourager l’apprentissage, ainsi que l’expérimentation et l’innovation, sont près de trois fois plus susceptibles de réussir à surmonter un point de retournement, surtout si les nouveaux apprentissages et les nouvelles possibilités sont liés à l’entité émergente et transformée.

Parallèlement, une étude d’EY (sur EY.com UK) a révélé qu’en moyenne 75 % des personnes occupant des postes clés quittent leur emploi dans les trois ans suivant la clôture d’une transaction. Pour réduire au minimum les départs et maximiser la confiance dans la nouvelle organisation, les dirigeants doivent maintenir un environnement psychologiquement sûr. Dans le cas des acquisitions, une partie de ce processus consiste à ne pas présumer que les gens de la société acquise sont heureux de se joindre à l’acquéreur. Les dirigeants doivent donc « recruter de nouveau » les effectifs, en mobilisant les employés et en leur faisant connaître les possibilités qu’offre une organisation fusionnée. C’est alors qu’un programme de transformation peut être lancé pour redynamiser et galvaniser les équipes avec une nouvelle stratégie et une nouvelle orientation.

Enfin, il est nécessaire que la vision engagée amorcée par les dirigeants prenne vie une fois la transaction clôturée. Célébrer les premiers succès de la nouvelle entité est un facteur important, mais souvent négligé. Si l’une des initiatives stratégiques de la transaction consistait à combiner deux entreprises pour accroître l’empreinte géographique, ou à lancer un produit dans une nouvelle région, les dirigeants doivent célébrer la livraison réussie de la première expédition ou de l’achat effectué dans le nouveau pays. Cela permet de montrer aux employés que la nouvelle organisation a franchi une étape, progressive mais importante, vers la réussite de la fusion.

Résumé

Les transactions peuvent être un outil incroyablement puissant pour changer la trajectoire d’une entreprise. La façon dont les leaders aborderont la transaction déterminera la valeur qu’ils en dégageront. En aspirant à une transformation audacieuse et en créant l’espace nécessaire à l’épanouissement des employés, ils seront en mesure de relever les défis et de générer une performance optimale. L’organisation sera aussi mieux préparée pour les transactions et transformations futures.

Christopher Laux, associé, Ernst & Young s.r.l./S.E.N.C.R.L., David Werner, associé, Ernst & Young s.r.l./S.E.N.C.R.L., Elizabeth Kaske, principal, Ernst & Young LLP, Daniel Riegler, associé, Ernst & Young s.r.l./S.E.N.C.R.L., Rafael Nowak, directeur, Ernst & Young s.r.l./S.E.N.C.R.L., AnnMarie Pino, codirectrice, Leadership éclairé d’EY, Ernst & Young s.r.l./S.E.N.C.R.L. et Monica D Elizondo, chef d’équipe, Ernst & Young s.r.l./S.E.N.C.R.L. ont contribué à la rédaction de cet article.


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