Métaux recherchés : mesures stratégiques prises par les producteurs d’or, d’argent et de cuivre pour dégager un avantage concurrentiel

Métaux recherchés : mesures stratégiques prises par les producteurs d’or, d’argent et de cuivre pour dégager un avantage concurrentiel

Article initialement publié dans le Canadian Mining Magazine. Lire le numéro de l’automne 2025 

Les sociétés d’exploitation aurifère, argentifère et cuprifère adoptent la technologie, le développement durable et le recyclage pour demeurer concurrentielles dans un marché où les coûts sont élevés et les ressources, limitées.


En bref

  • La hausse des coûts et la rareté des nouveaux gisements aurifères, argentifères ou cuprifères obligent les sociétés minières à miser sur la technologie, l’efficacité et l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement.
  • Les stratégies diffèrent : pour l’or, on met l’accent sur des activités responsables et de nouvelles sources; pour l’argent, on stimule la production au moyen de méthodes numériques; tandis que, pour le cuivre, on priorise l’exploration et le recyclage.
  • Pour répondre aux besoins croissants en métaux de transition, les sociétés minières doivent adapter leur production en plus d’intégrer des normes, des modèles en boucle fermée et des partenariats pour réduire les incidences et demeurer concurrentielles.

Alors que les coûts de production augmentent à l’échelle mondiale et que la possibilité de nouveaux projets s’amenuise, les entreprises du secteur des métaux précieux et des métaux communs cherchent à améliorer leur compétitivité à long terme en investissant dans les pratiques durables, en adoptant des technologies de pointe et en optimisant les chaînes d’approvisionnement. Toutefois, la voie à suivre pour y arriver peut varier selon le sous‑secteur.

 

Les sociétés aurifères ont recours à des pratiques d’exploitation rentables et responsables tout en s’employant de manière proactive à saisir les nouvelles possibilités de croissance. Pour leur part, les sociétés argentifères cherchent à dégager un avantage en misant sur des pratiques minières responsables, jumelées à des procédés d’extraction novateurs et à des technologies numériques. Quant au cuivre, le métal commun « cousin » de l’or et de l’argent, les sociétés qui en exploitent les gisements saisissent les occasions de croissance en priorisant l’exploration, l’expansion et les pratiques durables.
 

Ce besoin accru d’innovation survient alors que le secteur minier se heurte à un enjeu de taille. Au cours des 30 prochaines années, pour répondre à la demande de minéraux critiques sur lesquels repose la transition énergétique, il faudra extraire davantage de minerais que ce qui a été extrait depuis 70 000 ans.
 

Quelle que soit la voie choisie, la réussite dépend d’une approche rigoureuse de la gestion des coûts et d’un accent mis sur l’économie circulaire.
 

Évolution de l’exploitation aurifère grâce à l’innovation

Alors que le cours de l’or atteint des niveaux records, en hausse de plus de 20 % depuis le début de l’année, et que la découverte de nouveaux gisements se raréfie, les sociétés aurifères intègrent de plus en plus de technologies durables dans leurs activités afin de dégager de la valeur à long terme de gisements difficiles. L’adoption de ces technologies de pointe dans l’ensemble de la chaîne de valeur de l’exploitation aurifère vise à réduire les coûts et à améliorer l’efficacité opérationnelle.
 

Point crucial, l’établissement d’un profil durable risque fort d’augmenter l’attrait de l’or comme option de placement, en faisant un actif clé pour les investisseurs. Ces pressions exercées en faveur d’une exploitation minière responsable ont conduit à l’élaboration de normes dans le secteur. Une telle position unifiée sur l’exploitation minière responsable est perçue par les investisseurs comme un pas vers une transparence et une crédibilité accrues du sous‑secteur.
 

Parmi les mesures prises, mentionnons la Consolidated Mining Standard Initiative (CMSI), dont l’objectif est de simplifier les normes d’exploitation minière existantes et de favoriser l’amélioration des pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) tout au long du cycle d’exploitation minière. La CMSI consolide quatre normes établies : The Copper Mark, l’initiative Vers le développement minier durable de l’Association minière du Canada, les Principes permettant une exploitation minière aurifère responsable du World Gold Council et les Principes d’exploitation minière du Conseil international des mines et métaux (ICMM).
 

Dans les faits, l’attention croissante portée à la gérance de l’environnement et au développement durable se traduit par une incitation accrue à faire appel à des processus de récupération de l’or responsables et économiquement viables. Des sociétés minières, comme la canadienne Barrick Mining Corp., s’associent à des instituts de recherche pour mettre au point des méthodes de traitement de l’or sans cyanure et réduire au minimum la dépendance au cyanure, utilisé dans plus de 90 % de la production mondiale d’or, dans le but d’extraire plus de valeur des ressources tout en réduisant au minimum l’incidence sur l’environnement.
 

Les procédés d’exploration traditionnels demeurent un défi pour les sociétés d’exploitation aurifère, car, selon le World Gold Council, moins de 0,1 % des sites prospectés deviennent des mines d’or productives. Ces sociétés cherchent donc à adopter des technologies d’exploration novatrices qui contribueront à dégager de la valeur jusqu’alors inaccessible de gisements éloignés, à réduire les risques liés à l’exploration et à atteindre des objectifs plus généraux de développement durable.
 

La société aurifère Gold Fields Ltd. combine ces efforts en ayant recours à la technologie ExoSphere de Fleet Space Technologies pour sa mine éloignée Salares Norte au Chili. Cette technologie fait appel à un réseau de satellites et à des capteurs sismiques intelligents pour créer une image tridimensionnelle du sous‑sol et fournir des informations exploitables, réduisant ainsi au minimum l’impact environnemental.
 

Néanmoins, les sociétés aurifères lorgnent également des sources non traditionnelles pour l’extraction de métaux précieux, y compris la récupération à partir de déchets électroniques. Le recyclage d’un million de téléphones mobiles devrait permettre de récupérer environ 34 kg d’or, ce qui accroît d’environ 10 % la contribution actuelle du recyclage industriel à la quantité globale d’or recyclé.
 

La demande d’argent stimule l’exploitation minière intelligente

Le cours de l’argent a également bondi. En 2024, le cours était, en moyenne, 44 % supérieur à celui de la dernière décennie. La hausse de la demande mondiale de ce métal brillant se poursuit donc, soutenue par une utilisation industrielle et un achat de valeurs refuges accru dans un contexte de tensions géopolitiques. Rien qu’en 2024, la demande mondiale d’argent a augmenté d’environ 2 % pour atteindre 1 219 millions d’onces.
 

Toutefois, alors que les pressions sur l’offre se resserrent face à une demande croissante, les producteurs d’argent s’efforcent de stimuler la production en gardant le développement durable à l’esprit. En effet, les sociétés argentifères envisagent de plus en plus les pratiques d’exploitation minière responsables, les procédés d’extraction novateurs et les technologies numériques pour stimuler leur compétitivité à long terme.
 

C’est notamment le cas de la société minière Hecla qui intègre de nouvelles méthodes d’extraction afin d’améliorer son efficacité opérationnelle. Dans sa mine Lucky Friday en Idaho, Hecla a mis en œuvre la méthode d’extraction par gradins droits avec berne fermée (Underhand Closed Bench – UCB), qui utilise des techniques de forage et de dynamitage de pointe, améliorant ainsi le contrôle en cas de ruptures de failles sismiques. Cette méthode a aussi permis de renforcer la sécurité et de produire plus d’argent en sept mois que ce que la mine produit habituellement en un an.
 

L’adoption de la technologie numérique et de méthodes géophysiques contribue également à réduire les risques liés à l’investissement et à accélérer l’exploration dans le secteur, et donc à créer une valeur durable.
 

La société Aya Or & Argent a mené à bien le programme d’exploration à sa mine d’argent de Zgounder et le projet Boumadine au Maroc en utilisant l’imagerie spectrale haute résolution et la technologie géophysique. En parallèle, d’autres sociétés ont recours à des véhicules autonomes pour améliorer la sécurité et sabrer les coûts.
 

À l’instar de leurs homologues aurifères, les sociétés argentifères adoptent des pratiques d’exploitation minière durable sous la pression pour une extraction responsable des ressources. Sept des dix plus grandes sociétés argentifères, soucieuses de réduire au minimum l’incidence sur l’environnement, de relever les défis sociaux et communautaires et d’assurer la viabilité à long terme du secteur, ont adopté les pratiques minières responsables du Silver Institute. En outre, la norme que la CMSI unifie parmi divers secteurs devrait améliorer la transparence et la crédibilité de l’exploitation minière argentifère.
 

Par ailleurs, les sociétés argentifères priorisent la décarbonation en intégrant des sources d’énergie renouvelable, notamment le solaire et l’éolien, ainsi que des systèmes de stockage d’énergie et des carburants de remplacement. À cette fin, la société First Majestic Silver, qui souhaite aussi réduire les émissions de carbone de sa mine San Dimas à Durango, au Mexique, dans une proportion allant jusqu’à 25 %, envisage de remplacer les génératrices diesel utilisées comme source d’alimentation de secours par du gaz naturel liquéfié.
 

Combler l’écart au chapitre de l’offre en cuivre

Les sociétés cuprifères devront livrer une dure bataille. Tandis qu’en 2024 les dépenses d’exploration ont atteint 3,2 milliards de dollars américains, un sommet inégalé en 10 ans, le secteur se heurte à des problèmes d’approvisionnement à long terme en raison du manque de nouvelles découvertes, des délais de mise en valeur plus longs, de la baisse de la qualité du minerai et de la montée en flèche des coûts de découverte de gisement, lesquels sont désormais quatre fois supérieur à ce qu’ils étaient voilà 20 ans.
 

Le nombre de découvertes de gisements de cuivre est passé de 15 en 2007 à une seule en 2021, et aucune n’a été enregistrée en 2022 et 2023.
 

Pour compenser ce fait, les sociétés cuprifères stimulent la production, adoptent le développement durable et tirent parti d’innovations numériques tout en adoptant les principes de l’économie circulaire pour générer de la valeur à long terme et combler l’écart attendu au chapitre de l’offre.
 

Pour rendre l’exploration plus fructueuse, les sociétés sont à l’affût de technologies numériques de pointe, de techniques géophysiques et de saisie de données en temps réel qui permettraient de réduire les risques liés aux investissements et d’accélérer les découvertes.
 

Grâce notamment à l’intelligence artificielle et à la technologie satellitaire, des groupes comme Eagle Mountain Mining, avec son projet Silver Mountain, sondent plus profondément la surface de la Terre afin de repérer des systèmes minéraux inexploités.
 

Le recours à un traitement avancé des minéraux optimise aussi la récupération et améliore la productivité grâce à une technologie de lixiviation qui se révèle particulièrement bénéfique pour la récupération des métaux à partir de minerais pauvres. Les sociétés cuprifères atteignent des taux de récupération pouvant atteindre 85 % en utilisant des procédés de biolixiviation pour extraire le cuivre des sulfures primaires. Le retraitement des résidus et la mise en place de systèmes en circuit fermé gagnent aussi en popularité, permettant l’extraction de ressources précieuses tout en réduisant au minimum les déchets et les émissions.
 

Les sociétés cuprifères travaillent également avec ce qu’elles ont déjà en intégrant le recyclage à leurs modèles d’exploitation. Comme le cuivre a l’un des taux de recyclage les plus élevés de tous les métaux, le cuivre recyclé représentant 32 % (8,7 tonnes métriques par année) de la réserve mondiale de cuivre en 2023, les sociétés optimisent le potentiel de recyclage des déchets électroniques. À cette fin, les sociétés minières collaborent de plus en plus avec les entreprises de technologies propres pour donner un nouveau souffle aux minéraux provenant du recyclage des déchets afin de constituer des réserves de cuivre plus durables.
 

Une autre façon de livrer concurrence

Les sociétés d’exploitation aurifère, argentifère ou cuprifère se trouvent à un moment critique où leur compétitivité à long terme dépend de leur capacité à innover, à adopter des pratiques durables et à optimiser leurs activités dans un contexte de coûts accrus et de possibilités de projets limitées. Bien que chaque sous‑secteur s’engage sur sa propre voie, que ce soit au moyen de technologies de pointe, de normes d’exploitation minière responsables ou d’efforts de recyclage accrus, tous partagent un objectif commun : s’efforcer de répondre à la demande mondiale croissante pour les métaux essentiels tout en réduisant au minimum l’incidence sur l’environnement et en maximisant la valeur.
 

Pour façonner l’avenir, les producteurs de ces sous‑secteurs doivent agir de toute urgence, réinventer les modèles d’affaires, adopter l’innovation et établir des partenariats stratégiques. Les entreprises faisant preuve d’agilité et de collaboration généreront de la valeur, acquerront un avantage concurrentiel et se positionneront pour répondre à la demande croissante.

Résumé

Les producteurs d’or, d’argent et de cuivre doivent composer avec des coûts accrus et de nouveaux gisements limités en misant sur l’innovation et le développement durable. Des technologies d’exploration de pointe aux normes d’exploitation minière responsable, en passant par le recyclage et les modèles d’économie circulaire, chaque sous‑secteur s’engage sur sa propre voie pour répondre à la demande croissante de métaux de transition tout en réduisant son impact environnemental.

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