Le cuivre : un métal malléable doté d’une excellente conductivité électrique

Comment les entreprises du secteur du cuivre peuvent créer de la valeur dans un contexte d’accélération de la transition énergétique

Cet article a été rédigé par Roberta Miyazaki, associée, Chaîne d’approvisionnement et exploitation, EY Chili

Compte tenu des pressions croissantes en matière d’approvisionnement, les entreprises du secteur du cuivre augmentent leur production, optent pour le développement durable et tirent parti des innovations numériques.


En bref
  • Les entreprises du secteur du cuivre accordent la priorité à l’exploration et à l’expansion pour combler l’écart d’approvisionnement imminent et tirer parti des perspectives haussières de la demande à long terme.
  • Le développement durable et les pratiques minières responsables sont à l’avant‑garde des initiatives stratégiques des sociétés minières.
  • Les entreprises du secteur du cuivre adoptent les principes de l’économie circulaire et tirent parti des innovations numériques pour générer de la valeur à long terme.

Le cuivre, pierre angulaire des infrastructures modernes et moteur clé de la transition énergétique, est au cœur du parcours vers un avenir plus vert. Pour atteindre les objectifs mondiaux en matière d’électrification, il faudra, au cours des 30 prochaines années, extraire une quantité de cuivre supérieure de 115 % à celle qui a été extraite tout au long de l’histoirei. L’importance stratégique du cuivre augmente également en raison de son utilisation dans les centres de données et les systèmes de défense reposant sur l’intelligence artificielle, ce qui a pour effet d’en accroître la demande.

Le marché du cuivre est restreint et les déficits devraient s’aggraver après 2025 en raison de la rareté de la nouvelle production. Les entreprises du secteur du cuivre, des métaux et des minéraux ajustent leurs stratégies en concentrant leurs capitaux dans des régions riches en cuivre comme l’Amérique latine, et en investissant dans des technologies comme l’IA et la lixiviation de sulfures pour stimuler la production. En 2024, les dépenses d’exploration ont atteint un sommet inégalé en dix ans. Toutefois, le secteur fait face à des problèmes d’approvisionnement à long terme en raison du manque de nouvelles découvertes, des délais de mise en valeur plus longs, de la baisse de la qualité du minerai et du coût moyen de la découverte de gisement qui est maintenant quatre fois supérieur à ce qu’il était il y a deux décennies.

Les impératifs de développement durable demeurent au premier plan des priorités des sociétés minières. Depuis les cibles ambitieuses de décarbonation jusqu’à la promotion de la gestion responsable de l’eau, en passant par l’amélioration de la sécurité de la main‑d’œuvre et la promotion de la diversité, les entreprises minières innovent pour répondre aux attentes des parties prenantes. En intégrant les principes de l’économie circulaire et en déployant des technologies de pointe, les entreprises visent à favoriser les découvertes, à améliorer les taux de récupération et à optimiser l’efficacité opérationnelle.

Les budgets consacrés à l’exploration et à l’expansion dans le secteur du cuivre atteignent leur niveau le plus élevé depuis plus de dix ans, l’accent étant mis sur les gisements connus plus anciens.

Les budgets d’exploration pour le cuivre devraient augmenter de 2 % d’un exercice à l’autre, pour atteindre 3,2 G$ US en 2024, un sommet depuis 2013. L’Amérique latine reste la région la plus importante, représentant 44 % du budget mondial, menée par le Chili à hauteur de 20 %, malgré une baisse de 6 % d’un exercice à l’autre. Le budget de l’Argentine devrait presque doubler pour atteindre 200 M$ USii. En Amérique du Nord, le budget d’exploration a bondi : celui des États‑Unis a plus que doublé pour atteindre 456 M$‑US, et celui du Canada a triplé pour atteindre 336 M$ US au cours de la dernière décennie, ce qui témoigne de la forte dynamique régionale.

L’exploration des sites miniers représente 39 % des budgets mondiaux consacrés au cuivre, le Canada et le Chili constituant les principaux pôles d’activité. Cependant, les budgets d’exploration préliminaire ont chuté de 9 % pour s’établir à 786 M$ US, et ne représentent plus qu’un quart des efforts d’exploration du cuivre dans le monde. Cette baisse brutale par rapport aux 40 % de 2015 marque un tournant stratégique vers les réserves prouvées, ce qui pourrait menacer le futur réseau d’approvisionnement en cuivre.

Malgré l’augmentation des investissements, le secteur continue de faire face à une baisse importante des découvertes, puisque seulement 4,2 tonnes métriques (tm) de cuivre ont été trouvées dans quatre grands gisements depuis 2019, ce qui met en relief la nécessité de réaliser des innovations technologiques et d’accélérer les processus de délivrance de permis pour dégager de nouvelles ressources.

Au Chili, la suppression de ces goulots d’étranglement est devenue une priorité. À la suite du dépôt du projet de loi sur les redevances, un groupe de travail a recensé les secteurs où les délais de traitement des permis sont les plus longs et a produit une feuille de route pour accélérer ces processus. Le gouvernement s’est engagé à réduire de 30 % les délais de délivrance des permis, ce qui vise à favoriser un environnement réglementaire plus réactif et à faciliter le développement rapide des projetsiii.

Les fusions et acquisitions se poursuivent alors que les entreprises cherchent à sécuriser leur production de cuivre

En 2024, le nombre de transactions dans le secteur du cuivre a légèrement augmenté pour s’établir à 38, alors qu’il était de 36 en 2023. Toutefois, la valeur totale des transactions a reculé de 34 %, pour s’établir à 7,7 G$ USiv. Malgré ce constat, les F et A continuent de jouer un rôle crucial dans la croissance de la capacité de production, en particulier dans les régions riches en cuivre, alors que les entreprises s’efforcent d’augmenter cette capacité en raison de l’absence de nouvelles grandes découvertes, même si les budgets consacrés à l’exploration sont importants.

 

Les Amériques, en particulier le Chili, le Pérou et le Canada, demeurent un point névralgique en matière de fusions et d’acquisitions dans le secteur du cuivre, en raison de la richesse des gisements minéraux et des possibilités de croissance stratégique. Récemment, trois transactions d’envergure d’une valeur combinée de 3,5 G$ US ont été conclues pour stimuler la production de cuivre, optimiser les infrastructures partagées et réaliser des gains d’efficacité opérationnelle, ce qui a permis de réaliser des économies d’échelle.

 

Les entreprises du secteur du cuivre rationalisent leurs portefeuilles pour se concentrer sur leurs principaux actifs tout en formant des partenariats stratégiques. La vente par Vale d’une participation de 10 % dans sa division « métaux de base » à Manara Minerals met en évidence la tendance du secteur à donner la priorité aux principaux projets d’exploitation du cuivre en vue d’un réinvestissement et d’une croissance à long termev.

 

L’incertitude réglementaire et géopolitique croissante a une incidence sur la dynamique de l’offre, de la demande et des échanges commerciaux

a) Les modifications réglementaires de l’Argentine visent à soutenir la production de cuivre

L’Argentine se positionne comme un acteur important dans le secteur du cuivre grâce aux réformes politiques et aux changements mondiaux. Le pays a levé les restrictions à l’exportation de ferraille et a mis en place le programme Régime d’investissements importants (RIGI), qui offre des incitatifs comme des crédits d’impôt et des droits réduits pour attirer des investissements, visant un potentiel de production de 1,2 tm de cuivre d’ici 2030. Le gouvernement assouplit également les règles environnementales pour stimuler la croissance économique et le commerce.

 

b) Les changements de politique récents aux États‑Unis et au Canada redéfinissent le commerce et les chaînes d’approvisionnement du cuivre

Aux États‑Unis, la nouvelle administration vise à étendre les droits de douane et à relocaliser les chaînes d’approvisionnement et la production manufacturière essentielles. Les tarifs douaniers proposés sur les importations chinoises et un tarif douanier de 25 % sur les importations de cuivre en provenance du Canada et du Mexique pourraient avoir une incidence sur les flux commerciaux, les prix et la disponibilité des métaux, ce qui pourrait entraîner des tarifs douaniers réciproques sur les exportations américainesvi.

 

L’adoption de pratiques comparables à celles du Canada et de l’Australie pourrait simplifier les processus d’autorisation aux États‑Unis auxquels participent plusieurs organismes. La nouvelle administration se voit dans l’obligation d’approuver le projet Resolution Copper en Arizona, qui pourrait être la plus grande mine de cuivre d’Amérique du Nord avec une production annuelle estimée à 0,5 tm.

 

Le Canada a récemment imposé un tarif douanier de 100 % sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, dans le but de stimuler la demande de cuivre provenant de sources locales afin de soutenir la production de ce type de véhicules. Toutefois, ces politiques présentent également des risques, comme les fluctuations des prix du cuivre et les obstacles aux investissements étrangers dans le secteur minier.

Les entreprises doivent se concentrer sur les initiatives ESG pour réaliser des activités durables

a) Avec un déficit en eau de 40 % prévu d’ici 2030, les entreprises sont à l’avant-garde des efforts d’innovation et de collaboration pour assurer une gestion durable de l’eauvii

Le secteur du cuivre au Chili s’attaque de façon dynamique au problème de la rareté de l’eau, du fait que 93 % de ses mines sont situées dans des régions arides et que l’approvisionnement en eau devrait diminuer de moitié d’ici 2060viii. Les entreprises se tournent vers les technologies de dessalement, de traitement des eaux usées et d’économie d’eau pour réduire leur dépendance à l’eau douce.

Les nouveaux cadres politiques imposent aux investissements publics une gestion responsable de l’eau, ce qui nécessite un engagement transparent auprès des populations autochtones. Les associations autochtones chiliennes mettent actuellement sur pied une unité environnementale formée d’hydrogéologues afin d’évaluer et de traiter légalement les impacts miniers sur les ressources en eauix.

b) Les producteurs de cuivre favorisent la diversité des genres de manière à promouvoir l’excellence opérationnelle et le développement durable

Les entreprises du secteur des métaux et des minéraux reconnaissent la valeur de l’intégration des femmes aux postes de direction et dans les fonctions opérationnelles, en l’associant à des gains de productivité, de sécurité et de développement durable. Les entreprises dont les conseils d’administration comptent un plus grand nombre de femmes ont tendance à obtenir des résultats plus élevés en matière de mesures ESG, à réduire efficacement les émissions, à investir davantage dans les énergies renouvelables et à accorder la priorité à la gestion responsable de l’environnement.

Cependant, les femmes ne représentant que 11,2 % des postes de direction dans le secteur des métaux et des minéraux en Amérique latine, il y a place à l’améliorationx : en établissant des stratégies telles que la lutte contre les disparités salariales, la mise en place de modalités de travail flexibles et en favorisant une formation en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). La prochaine étape pour le secteur du cuivre est d’intégrer les femmes à tous les échelons, en établissant une norme en matière d’inclusion et de progression.

c) L’électrification des activités minières et les stratégies de réduction des émissions des fournisseurs restent un domaine d’intérêt majeur pour les entreprises du secteur du cuivre.

Le secteur du cuivre adopte des stratégies d’électrification et de réduction des émissions centrées sur les fournisseurs conformément aux objectifs mondiaux de décarbonation. La consommation de diesel dans les parcs mobiles représentant plus de 90 % des émissions du champ d’application 1 dans les mines à ciel ouvert, les sociétés minières adoptent activement des solutions innovantes comme des technologies permettant d’électrifier les camions ou d’équiper les locomotives de moteurs à hydrogène afin de réduire les émissions tout en améliorant l’efficacité opérationnelle.

Une surveillance accrue des pratiques en matière de sécurité exige des mesures dynamiques de la part des entreprises du secteur du cuivre

La sécurité opérationnelle demeure une priorité, les blessures et les décès liés aux convoyeurs mettant en évidence la nécessité de maintenance et de surveillance préventivesxi. L’adoption de l’automatisation et des technologies numériques transforme les activités minières, en améliorant l’efficacité et la sécurité. Par exemple, le programme Mine of the Future de Mopani Copper Mines tire parti du suivi en temps réel et de la visualisation 3D pour renforcer les interventions d’urgence et la sensibilisation aux risques de proximité afin de réduire les incidents liés à la sécuritéxii. Ces initiatives sont des investissements essentiels pour réduire les risques liés à la sécurité et optimiser la productivité dans les activités à haut risque.

d) La nouvelle version du guide Risk Readiness Assessment (évaluation de l’état de préparation au risque) de The Copper Mark accélère l’adoption d’une production responsable

The Copper Mark continue de jouer un rôle essentiel dans la promotion du développement durable dans le secteur du cuivre grâce à son cadre de certification, alors qu’elle met l’accent sur des pratiques de production responsables en évaluant les indicateurs de développement durable et les ICP et en présentant les résultats de son évaluation. En 2024, les membres de The Copper Mark ont lancé une nouvelle version du guide Risk Readiness Assessment, qui renferme 33 critères en matière de production, d’approvisionnement, de traitement et de recyclage responsables des métaux et minéraux.

Critères d’évaluation du niveau de préparation au risque de The Copper Mark

Graphique de la préparation au risque de The Copper Mark

Source : EY Americas - The Copper Mark


The Copper Mark a présenté une mise à jour de la théorie du changement à la suite d’une vaste consultation auprès des parties prenantes, en intégrant les enjeux critiques liés au cuivre relevés par le Impact Working Group. Les domaines d’intervention nouvellement intégrés comprennent l’engagement des collectivités locales, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la biodiversité et la gestion responsable de l’eauxiii.

À l’heure actuelle, plus du tiers du cuivre extrait dans le monde provient de sites qui sont certifiés par The Copper Mark.

Qu’est‑ce qui favorise le renforcement de la résilience des entreprises à long terme?

L’intégration du recyclage dans le modèle d’exploitation minière permettra d’ouvrir la voie à une économie circulaire

Le cuivre a l’un des taux de recyclage les plus élevés par rapport aux autres métaux, le cuivre recyclé représentant 32 % (8,7 tonnes métriques [tm] par année) de l’approvisionnement mondial en cuivre en 2023. Le potentiel de recyclage important réside dans les déchets électroniques qui constituent le flux de déchets qui croît le plus rapidement à l’échelle mondiale, à hauteur de 62 tm par année. Les sociétés minières collaborent de plus en plus avec des entreprises de technologies propres pour utiliser du cuivre de haute qualité, qui est extrait et traité à partir de rebuts électroniques recyclés en vue de favoriser la circularité du cuivre.

Le retraitement des résidus et la mise en place de systèmes en circuit fermé gagnent en popularité, permettant l’extraction de ressources précieuses tout en réduisant au minimum les déchets et les émissions. Par exemple, le centre d’innovation sur les matériaux critiques de la Colorado School of Mines se concentre sur l’amélioration du traitement et de la récupération des minéraux primaires, ainsi que sur la récupération secondaire par le recyclage des déchets de fabrication et des produits en fin de viexv.

Les technologies numériques innovantes contribuent à la découverte de cuivre et à l’amélioration des taux de récupération

L’avenir de l’exploration du cuivre repose sur l’utilisation de technologies numériques de pointe, de techniques géophysiques et de la saisie de données en temps réel pour réduire les risques liés aux investissements et accélérer la découverte. Les entreprises tirent parti de l’IA et de la technologie satellitaire, comme celle du projet Silver Mountain d’Eagle Mountain Mining qui permet la cartographie souterraine en 3D jusqu’à 2,5 km de profondeurxvi. Cette approche s’attaque aux limites des méthodes géophysiques traditionnelles afin de repérer les systèmes minéralisés inexploités, en mettant en évidence les possibilités qu’offrent les percées dans le domaine de l’exploration fondée sur les données.

Le traitement avancé des minéraux peut optimiser la récupération et améliorer la productivité. La technologie de lixiviation s’est révélée bénéfique pour la récupération des métaux à partir de minerais pauvres. Les entreprises du secteur du cuivre qui utilisent le procédé de biolixiviation pour extraire le cuivre des minerais de sulfures primaires atteignent des taux de récupération remarquables pouvant atteindre 85 %, ce qui ouvre la voie à une production de cuivre plus durable et à rendement élevé.


Résumé

À mesure que la transition énergétique s’accélère, les entreprises du secteur du cuivre sont bien placées pour saisir les occasions de croissance en accordant la priorité à l’exploration, à l’expansion et aux pratiques durables. L’importance stratégique du cuivre est mise en évidence par son rôle essentiel dans les énergies renouvelables, les véhicules électriques et les infrastructures. Le développement durable reste au centre des préoccupations, les initiatives prises dans l’ensemble des exploitations minières contribuant à la création de valeur à long terme. La résilience du secteur repose sur sa capacité à s’adapter aux changements réglementaires, à optimiser la gestion des ressources et à maintenir son engagement à l’égard d’une production responsable. Grâce à une approche orientée vers l’avenir qui intègre les principes de l’économie circulaire et tire parti des avancées numériques, le secteur du cuivre est prêt à ouvrir la voie vers un avenir plus vert et plus inclusif.

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