Le numérique amène avec lui une pluralité de dimensions à considérer (sociale, économique, environnementale, géographique) afin de ne pas léser un pan de la problématique au profit d’un autre.
Pour répondre aux limites matérielles du numérique, la durée du cycle de vie d’un matériel informatique peut être mise en cause. Par exemple, l’obsolescence programmée (matérielle ou logicielle) diminue la durée de vie des matériels informatiques et favorise un remplacement plus rapide. En plus d’exacerber la fracture numérique matérielle, leur remplacement augmente mécaniquement l’impact environnemental associé sachant que la phase de fabrication des terminaux informatiques est responsable de 60% à 80% de leur empreinte carbone.
L’obsolescence programmée amène donc un triple enjeu : écologique (impact environnemental augmenté), économique (remplacement récurrent de matériel et coûts associés) et social (éloignement progressif des usagers en retrait face aux modalités de mise à jour de leurs outils).
C’est pourquoi il est impératif de raisonner de manière systémique (en considérant les trois dimensions écologique, économique et sociale) pour pallier une problématique liée aux fractures numériques.
De même, pour l’illectronisme, une réponse mutualisée est nécessaire sur le volet social (formation au numérique comme le préconise le rapport traitant de l’illectronisme du Sénat), environnemental (sensibilisation aux bonnes pratiques Green IT pour permettre au nouvel usager d’être plus sobre dans ses usages) et économique (capacité à se doter d’un équipement – donation matérielle ou acquisition de seconde main par exemple).
Premier élément de réponse gouvernementale : la loi. En généralisant l’intégration d’un cours d’écoconception dans les cursus d’ingénieur, en sensibilisant aux impacts environnementaux des outils numériques dès le collège et en élargissant le délit d’obsolescence programmée à l’obsolescence logicielle, la récente loi REEN du 15 novembre 2021 porte en son sein une réponse systémique à la prise de conscience de l’empreinte du numérique : elle encadre et facilite l’accès à la connaissance numérique gratuitement (volet social et économique), elle forme les sachants et éveille les consciences sur les impacts du numérique, la création et le déploiement d’outils numériques sobres autant qu’elle encadre les mises à jour logicielles afin d’anticiper l’obsolescence du matériel considéré (volet environnemental).