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Comment la présentation de l’information d’entreprise peut-elle rétablir la confiance dans les questions ESG?

L’étude mondiale d’EY portant sur la présentation de l’information financière des sociétés et menée auprès d’investisseurs institutionnels constate une rupture importante en matière de présentation de l’information ESG entre les entreprises et les investisseurs.


En bref

  • Les entreprises et les investisseurs n’ont pas le même point de vue sur les meilleures façons d’intégrer le développement durable dans la présentation de l’information d’entreprise.
  • Des informations ESG de qualité pour les investisseurs peuvent s’avérer cruciales pour bâtir une compréhension mutuelle, mais les attentes à l’égard de la transparence des parties prenantes ne sont pas satisfaites.
  • Les entreprises doivent clarifier les attentes des investisseurs à long terme à l’égard du développement durable.

Les entreprises continuent d’investir plus de temps, de ressources et d’efforts de leadership dans le développement durable. Il subsiste cependant une rupture importante entre les attentes et les objectifs des entreprises et ceux de leurs investisseurs en ce qui concerne la présentation de l’information d’entreprise et l’information en matière de développement durable – en particulier, les informations ESG qui (avec les états financiers existants) peuvent aider les entreprises et leurs parties prenantes à communiquer et à évaluer la performance relativement aux risques et aux possibilités stratégiques sous de nombreux aspects.

Cette rupture est susceptible de miner le bon fonctionnement des marchés des capitaux, la lutte collective contre des menaces tels les changements climatiques et la confiance si nécessaire entre les entreprises et leurs parties prenantes, notamment leurs clients, leurs employés et la collectivité. L’étude d’EY menée auprès des investisseurs institutionnels (PDF) a permis d’examiner ces enjeux, en s’appuyant sur une solide méthodologie dans le cadre de laquelle ont été sondés 1 040 hauts responsables des finances d’entreprises présentant des informations et 320 investisseurs institutionnels utilisant ces informations. Trois thèmes importants sont ressortis pour l’avenir de la présentation de l’information d’entreprise :

  1. Rupture entre les entreprises et les investisseurs : les entreprises et les investisseurs sont très loin les unes des autres en ce qui concerne la priorité à accorder à la création de valeur à long terme et à la croissance durable, et la nécessité de ne pas s’en tenir à une réflexion à court terme.
  2. Importance d’une présentation efficace de l’information d’entreprise : une présentation efficace de l’information d’entreprise pourrait s’avérer cruciale pour qu’entreprises et investisseurs soient en phase et se comprennent, mais les investisseurs déclarent que les informations ESG actuelles ne répondent pas à leurs exigences ni à leurs attentes.
  3. Comprendre les attentes : pour réduire ce décalage, l’étude donne à penser que les entreprises doivent mieux comprendre les attentes en matière de développement durable des investisseurs à long terme et gagner la confiance de ces derniers en définissant la participation de la fonction finances dans les informations ESG.
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Chapitre 1

Rupture entre le développement durable et la valeur à long terme

Les investisseurs et les entreprises ne partagent pas le même point de vue sur la présentation de l’information ESG.

Pour les entreprises comme pour les investisseurs, une perspective à long terme est indissociable des considérations en matière de développement durable. Toutefois, quand il s’agit du compromis à faire entre les résultats à court terme et la création de valeur à long terme, les investisseurs et les responsables des finances ne s’entendent pas. Les investisseurs sont beaucoup plus enclins à favoriser les décisions qui mènent à une création de valeur durable et à long terme, même aux dépens de manques à gagner à court terme, mais les responsables des finances sont beaucoup moins disposés à faire un tel compromis. L’étude a plus particulièrement révélé que plus des trois quarts des investisseurs pensent que les entreprises doivent faire ce compromis, mais seule la moitié environ des responsables des finances sont prêts à adopter cette position à long terme.

Le fait que les investisseurs et les responsables des finances ne s’entendent pas sur les compromis à faire sur la valeur à long terme pourrait entraîner des problèmes en matière de performance liée au développement durable et de présentation de l’information d’entreprise. Par exemple :

  • Si les responsables des finances ne partagent pas l’engouement des investisseurs pour les investissements durables à long terme, les informations fournies par une entreprise refléteront-elles ce que les investisseurs considèrent comme des priorités stratégiques? Ou bien, aux yeux des investisseurs, l’information présentée manquera‑t‑elle d’indications claires sur la stratégie de croissance et de protection de la valeur durable à long terme? Est‑ce parce que l’information présentée est perçue comme floue que certaines entreprises n’ont pas l’impression de récolter les fruits de leurs efforts en matière de développement durable à long terme?
  • Dans le même ordre d’idées, si les entreprises sont perçues comme plus réfractaires à ces compromis difficiles, les investisseurs pourraient-ils s’inquiéter du fait que les leaders ne réaliseront pas les investissements nécessaires pour passer des promesses ESG aux actions concrètes?

En fait, l’étude révèle qu’un gouffre sépare les entreprises et les parties prenantes en ce qui concerne la performance en matière de développement durable et la présentation de l’information d’entreprise. Les entreprises s’attardent encore beaucoup à ce qu’elles ressentent comme une pression à court terme de la part de certains investisseurs, tandis que les investisseurs déclarent qu’ils ne reçoivent pas d’informations rigoureuses sur la stratégie des entreprises en matière de croissance à long terme.

Vu la discordance entre l’impression de compromis sur la rentabilité à court terme et la volonté de performance à long terme en matière de développement durable, comment les responsables des finances doivent‑ils agir pour regagner la confiance de leurs parties prenantes et transformer la présentation de l’information pour que les investisseurs et les entreprises soient sur la même longueur d’onde en matière de valeur à long terme?

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Chapitre 2

La clé pour bâtir la confiance

Une présentation de l’information d’entreprise plus transparente pourrait accroître la confiance des actionnaires et des parties prenantes.

L’information en matière de développement durable d’une entreprise est l’une des sources de renseignements importantes utilisées par les investisseurs pour comprendre l’incidence des enjeux de développement durable sur la performance, les risques et les perspectives de croissance à long terme d’une entreprise. Aujourd’hui, 99 % des investisseurs sondés utilisent les informations ESG des entreprises dans le cadre de leurs décisions d’investissement, 74 % d’entre eux ayant recours à une approche rigoureuse et structurée. En comparaison, dans l’étude de 2018 d’EY menée auprès des investisseurs institutionnels, seuls 32 % des investisseurs sondés disaient utiliser une approche rigoureuse.

Cependant, il y a une rupture marquée entre les investisseurs et les entreprises en ce qui concerne les informations en matière de développement durable dans la présentation actuelle de l’information d’entreprise. Les investisseurs sont convaincus qu’ils n’obtiennent pas les données et informations dont ils ont besoin pour guider leurs décisions d’investissement et leur façon d’évaluer la croissance et le profil de risque d’une entreprise. Dans l’étude, 73 % des investisseurs sondés déclarent que les organisations n’ont pas réussi dans l’ensemble à améliorer la présentation de l’information, en intégrant à la fois les informations financières et ESG, ce qui est essentiel pour la prise de leurs décisions.

Cette constatation pourrait témoigner, par exemple, de la volonté des investisseurs d’obtenir de meilleures informations sur la question du climat. Selon le rapport Global Climate Risk Disclosure Barometer d’EY de 2022, une analyse exhaustive des informations fournies par plus de 1 500 entreprises dans 47 pays a montré que, même si davantage d’entreprises présentent des informations sur les risques climatiques, celles-ci ne donnent pas d’indications utiles sur les défis qu’elles doivent relever. Par exemple, plus de la moitié des entreprises sondées (51 %) ne réalisent toujours pas d’analyse de scénarios ou n’en présentent pas les résultats.

Ces défis continus en matière d’informations liées au développement durable pourraient entraîner un déficit de confiance. Certaines entreprises ont le sentiment que les compromis complexes qu’on leur demande parfois de faire ne sont pas toujours reconnus, et l’étude révèle que, de leur côté, les investisseurs sont sceptiques sur les intentions des entreprises.

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Chapitre 3

La voie à suivre

Privilégier deux mesures à prendre peut contribuer à transformer l’avenir de la présentation de l’information et combler le décalage entre les parties prenantes.

Pour les entreprises, la priorité est de s’entendre avec les investisseurs et les parties prenantes sur les informations ESG à fournir. En ce qui concerne les attentes des investisseurs, les principaux éléments qui ressortent dans l’étude sont la nécessité d’un intérêt accru à l’égard des questions ESG, d’une plus grande responsabilité et d’une transparence accrue.

  • Priorité : Les entreprises doivent répondre aux investisseurs qui adaptent leurs portefeuilles à la carboneutralité, en présentant des informations rigoureuses sur les possibilités et les risques, notamment les risques liés à la transition, les risques climatiques physiques et l’analyse de scénarios de risques climatiques.
  • Responsabilité : Les entreprises doivent satisfaire aux exigences des investisseurs, qui réclament une gouvernance solide et une surveillance du développement durable par le conseil d’administration. Cet élément pourrait avoir de l’importance pour les entreprises qui veulent concrétiser leurs promesses ESG et obtenir des résultats. La gouvernance pourrait également jouer un rôle crucial en réponse à l’intérêt manifesté par les investisseurs à l’égard de la gérance des questions ESG et à l’importance que les investisseurs accordent à leur engagement continu, de concert avec les leaders d’entreprise, en ce qui a trait aux objectifs et aux progrès liés au développement durable.
  • Transparence : Les entreprises doivent répondre aux appels des investisseurs, qui veulent des informations ESG comparables, fiables et plus cohérentes. Les entreprises doivent prendre une longueur d’avance sur les normes mondiales émergentes de présentation de l’information et améliorer la qualité des données ESG afin de mieux répondre au fort désir des investisseurs à l’égard de pareilles normes et d’une certification des informations à fournir en matière de développement durable.

La seconde priorité consiste à définir la participation des responsables des finances pour renforcer la confiance dans l’information d’entreprise et les informations ESG présentées. Le rapport révèle que cette confiance fait défaut aux investisseurs comme aux entreprises. Les investisseurs sont sceptiques sur certains aspects de l’information relative aux enjeux ESG présentée, tandis que ce ne sont pas toutes les entreprises qui se sentent prêtes à accorder leur pleine confiance à l’information présentée dans son état actuel.

Si on décide de faire participer le responsable des finances et son équipe, la fonction finances doit être prête. Or, le sondage montre que seule une minorité des responsables des finances sondés se sentent pleinement aptes quand il s’agit de présentation de l’information relative au développement durable. Pour régler la situation, les responsables des finances doivent établir un lien plus étroit entre le programme ESG et les initiatives plus larges en cours afin de passer à une fonction finances moderne.

Trois qualités pourraient être importantes pour définir l’équipe de la future fonction finances, à savoir une équipe intelligente, collaborative et talentueuse.

  •  Une équipe intelligente : Les entreprises doivent concevoir une stratégie de données reposant sur une compréhension claire des défis liés aux données et des cas d’utilisation importants. Les entreprises doivent aussi se doter d’une fonctionnalité d’analyse de données qui peut donner accès à des sources pertinentes de données en interne et en externe, et fournir de l’information analytique grâce à des outils comme l’intelligence artificielle (IA).
  • Une équipe collaborative : Les entreprises doivent créer un modèle d’exploitation de la fonction finances de prochaine génération. Ce modèle doit aider les gens des finances à collaborer, sans égard aux frontières organisationnelles, pour favoriser l’atteinte des objectifs de l’entreprise dans son ensemble, grâce à un modèle d’exploitation agile qui dépasse le simple cadre de l’entreprise pour que les tâches soient effectuées de façon plus dynamique et que l’organisation puisse s’adapter plus rapidement à la volatilité et aux bouleversements. 
  • Une équipe talentueuse : Les entreprises ne doivent plus s’en tenir à l’ensemble de compétences traditionnel pour la fonction finances et trouver les ressources requises pour répondre à l’évolution de la demande, tout en modifiant également les comportements et les attitudes afin de créer une culture plus novatrice et axée sur les valeurs.

Résumé

Les investisseurs sont des parties prenantes importantes qui s’attendent à ce que les informations ESG présentées par une entreprise dans ses rapports soient normalisées, comparables et uniformes. Il faut non seulement prendre tout un éventail de mesures, mais aussi changer les mentalités. Les entreprises qui font preuve de transparence ‑ en montrant notamment de l’ouverture lorsque les initiatives ne se déroulent pas comme prévu ‑ seront plus susceptibles de gagner la confiance de leurs actionnaires et parties prenantes.


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14 juill. 2022 EY Canada + 1
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