Or brut, mine d’or avec pierre précieuse dorée

Comment les sociétés d’exploitation aurifère peuvent‑elles renforcer leur compétitivité à long terme?

En raison de la flambée des prix et des projections relatives à la demande d’or, les sociétés minières cherchent à accroître la production dans une perspective de développement durable.


En bref

  • Les sociétés d’exploitation aurifère investissent dans l’exploration minière, les fusions et acquisitions (F et A) et les initiatives de développement durable.
  • Lorsqu’il s’agit de repenser les modèles d’affaires du secteur des mines, les pratiques responsables en matière d’exploitation aurifère et le financement vert sont des enjeux majeurs.
  • Les sociétés minières se tournent vers la transformation numérique et l’électrification pour accroître leur résilience.

Les pressions inflationnistes croissantes et la hausse des taux d’intérêt dans les principaux marchés sont des facteurs clés de l’augmentation des flux d’investissement dans l’or. La demande de bijoux a augmenté de 67 % sur douze mois et celle de lingots et pièces de monnaie, de 31 %, ce qui s’explique notamment par la reprise de l’économie et le regain d’activité de la vente au détail en 20211. Par ailleurs, la production des sociétés aurifères dont les titres sont détenus dans des fonds négociés en bourse (« FNB »), principalement à des fins de transaction, a chuté de 173 tonnes en 2021, comparativement à un volume entrant record de 874 tonnes enregistré en 2020, attribuable surtout au resserrement des politiques monétaires à l’échelle mondiale, qui a eu une incidence sur le coût de détention de placements aurifères2.

La remontée des prix de l’or en 2020 et 2021, combinée à une demande qui s’annonce forte, a contribué à l’avancement de projets clés. Malgré la correction des prix par rapport à leur niveau record de 2021, ils demeurent supérieurs aux moyennes historiques et devraient stimuler des investissements supplémentaires à court terme. Les projets d’expansion qui ont été reportés en raison de la hausse des coûts d’exploitation et de l’incertitude géopolitique devraient reprendre en 2023 et 2024, les sociétés minières se penchant de nouveau sur l’affectation de capitaux aux projets.

Le développement durable reste la principale priorité des sociétés minières. qui investissent pour atteindre des cibles ESG ambitieuses et se conformer aux dispositions réglementaires contraignantes que leur imposent les gouvernements. Entre 2018 et 2020, la valeur globale des placements détenus dans des actifs sous gestion sur de marchés importants, comme l’Europe, les États‑Unis, le Japon, le Canada, l’Australie et la Nouvelle‑Zélande, s’est accrue de 15 %, pour s’élever à environ 35 T$ US, 82 % de ces portefeuilles étant basés sur les marchés européen et américain3.

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Chapitre 1

Tendances actuelles

L’exploration minière, l’intensification des activités de F et A et les facteurs ESG sont des enjeux majeurs des sociétés aurifères.

Hausse des activités de prospection

Le budget d’exploration aurifère global a atteint 6,2 G$ US en 2021, ce qui représente une hausse de 42 % sur douze mois et la plus forte croissance depuis 20114. Cette tendance s’explique essentiellement par le volume élevé de liquidités dont disposent les sociétés minières, alors que les prix de l’or atteignent des sommets inégalés s’élevant en moyenne à 1 798 $ US l’once en 2021, soit une hausse de 21 % par rapport au prix incitatif habituel de 1 500 $ US l’once pour la nouvelle offre d’or5. Même si les réserves globales n’ont augmenté que de 1,9 %, pour atteindre 54 000 tonnes en 2021, on prévoit que les activités d’exploration accroîtront l’offre au cours des prochaines années6.

Au Canada, les budgets d’exploration ont connu la plus forte croissance, soit 85 % sur douze mois, pour se chiffrer à 1,5 G$ US. Au cours des dernières années, les activités d’exploration se sont concentrées davantage sur les sites miniers et les projets à un stade avancé dans la région. Cependant, en 2021, les dépenses liées à l’exploration de nouvelles mines ont enregistré la plus forte croissance, s’établissant à 341 M$ US, soit une augmentation de 114 % sur douze mois, et devraient permettre l’ajout de nouvelles ressources7.

Intensification des activités de F et A

Les sociétés minières recherchent également des activités de F et A visant des sociétés soutenues par des prix solides et des niveaux d’endettement historiquement bas grâce à des flux de trésorerie plus élevés. Les transactions annoncées en 2021 ont été évaluées à 23,7 G$ US8. Pour ce qui est de la valeur, la fusion de Mines Agnico Eagle et de Kirkland Lake Gold s’est avérée la transaction la plus importante, créant l’un des plus grands producteurs aurifères à l’échelle mondiale9. Le projet d’acquisition de Yamana Gold par Pan American Silver et Agnico est une autre transaction importante qui favorisera la création de valeur à long terme10.

La rareté de nouvelles mines et la protection des marges ont entraîné le plafonnement de la croissance de la production ainsi que le déclin des réserves au cours des dix dernières années. Au cours de la dernière décennie, seules 25 nouvelles mines d’or ont été découvertes, soit 7 % des découvertes d’or depuis 199011. En raison de la rareté des actifs et de l’épuisement des réserves, les sociétés minières devront investir davantage pour accroître leur capacité de production.

Priorité aux initiatives ESG

Selon le rapport d’EY sur les risques d’entreprise publié en 2021, les sociétés minières considèrent les facteurs ESG et la décarbonation comme les deux principaux risques auxquels elles font face. Plusieurs grandes sociétés minières se sont fixé des objectifs ambitieux en vue d’atteindre la carboneutralité et déploient des efforts dans divers secteurs pour y parvenir. L’analyse portant sur le développement durable des grandes sociétés minières au cours de la dernière année révèle que celles‑ci ont mis l’accent sur les changements climatiques et le développement durable ainsi que sur le développement des collectivités.

Le recyclage gagne en popularité

Malgré la reprise de l’économie, l’offre d’or recyclé a chuté de 11 % sur douze mois, pour s’établir à 1 150 tonnes en 2021, enregistrant des volumes de recyclage plus faibles dans les deux principales régions : la Chine et l’Inde12. La demande devrait toutefois se redresser, étant donné que les prix demeurent élevés et que l’approvisionnement minier augmente graduellement.

Compte tenu de la croissance soutenue de la demande, les entreprises cherchent à maximiser la valeur qu’apportent les nouvelles techniques de recyclage. Royal Mint, par exemple, société de production de pièces de monnaie du Royaume‑Uni, prévoit bâtir une usine d’extraction d’or à l’aide d’une technologie qui récupère 99 % des métaux précieux retrouvés dans les déchets électroniques13.
 

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Chapitre 2

Prochaines étapes

Les sociétés minières redéfinissent les cadres de développement durable en se préparant à l’avenir du secteur de l’or.

Redéfinir les modèles d’affaires et privilégier les activités de financement vert

Les principales sociétés minières ont collaboré avec le World Gold Council pour élaborer des principes ESG pour guider l’exploitation responsable des mines d’or (les principes d’exploitation minière aurifère responsable) qui couvrent les points suivants :

  1. Environnement : gérance de l’environnement, biodiversité, changements climatiques, énergie, utilisation du territoire, utilisation de l’eau et fermeture des mines
  2. Social : santé et sécurité, droits de la personne et conflits, droits des travailleurs et collaboration avec les collectivités
  3. Gouvernance : conduite éthique et compréhension de l’incidence des mines d’or et de la chaîne d’approvisionnement

Publiés en 2019, les principes créés en collaboration avec la plupart des principales sociétés minières sont accompagnés de lignes directrices qui permettent aux sociétés d’exploitation aurifère de déterminer si elles respectent ces principes dans chacun de ces secteurs clés.

Les principes d’exploitation minière aurifère responsable visent à favoriser le développement durable de l’exploitation minière

Planète

Bénéfices

Gens

  • Comportements éthiques et conformité
  • Gérance de l’environnement
  • Préservation de la biodiversité
  • Sociétés minières
  • Partenaires de la chaîne d’approvisionnement
  • Investisseurs
  • Consommateurs finaux
  • Santé et sécurité
  • Droits de la personne et conflits
  • Droits des travailleurs
  • Engagement dans la collectivité

Source : World Gold Council, Analyse d’EY Knowledge

L’augmentation des investissements et de la vente de bijoux soutient la demande à long terme

Les investisseurs recherchant des placements relativement plus sûrs dans un environnement macroéconomique incertain, l’or occupe une place de plus en plus importante dans les portefeuilles de placements sous la forme de FNB et d’actifs corporels. Même si les placements dans les FNB ont diminué de 173 tonnes en 2021, les placements globaux demeurent supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie. La demande de bijoux a augmenté de la part des consommateurs, en particulier en Inde et en Chine, du fait de la reprise de l’économie et de la levée des restrictions. La demande sectorielle a également augmenté de 9 % sur douze mois, pour atteindre 330 tonnes, et devrait continuer à croître en raison des possibilités d’application technologique dans l’électronique automobile, les infrastructures de communication et les systèmes autonomes14.

Demande des banques centrales

Entre 2010 et 2021, la Chine et la Russie ont considérablement augmenté leurs réserves, affichant une croissance respective de 85 % et 192 % pour s’établir respectivement à 1 948 tonnes et 2 302 tonnes. L’incertitude géopolitique actuelle a fait grimper la demande des pays émergents, avec des achats importants de la Thaïlande (90,2 tonnes), du Japon (80,76 tonnes) et de l’Inde (77,45 tonnes)15. La demande des banques centrales pourrait continuer à augmenter, puisque les pays prennent des mesures pour gérer les fluctuations des taux de change et se protéger contre les incertitudes macroéconomiques.

Les options de financement vert gagnent du terrain

Les émissions d’obligations vertes, sociales, durables et liées au développement durable à l’échelle mondiale ont augmenté de 85 % sur douze mois, pour s’établir à 1,1 T$ US en 202116. Les sociétés minières tirent également parti des obligations liées au développement durable et des FNB axés sur les facteurs ESG sur le marché pour financer des projets spécifiques ou toute activité d’entreprises cherchant à atteindre des objectifs ambitieux en matière d’émissions. Par exemple, Newmont a introduit la première obligation liée au développement durable du secteur des mines, avec un produit net de 992 M$ US, dont l’objectif est de limiter les émissions de carbone et d’atteindre la parité dans les postes de directions17. Le financement vert devrait gagner du terrain dans les prochaines années, alors que les sociétés minières continuent de rechercher des possibilités de financement pour réaliser leurs initiatives de développement durable.

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Chapitre 3

Qu’est‑ce qui déterminera la résilience des entreprises?

Les sociétés minières se tournent vers la transformation numérique et l’électrification comme inducteurs de leurs activités futures.

Pour améliorer leurs résultats, les sociétés minières se tournent dorénavant vers les innovations numériques et électriques

Alors que la demande d’or s’intensifie, les développements technologiques devraient accroître l’efficacité des exploitations minières. L’innovation est essentielle pour permettre l’extraction de minerais complexes, de qualité inférieure et déjà connus, de manière économiquement et écologiquement durable.

La numérisation a le potentiel de dégager une plus grande valeur à long terme dans les exploitations minières, en améliorant l’efficience, la prise de décisions et la sécurité des activités. Les sociétés minières collaborent de plus en plus avec les entreprises d’équipements, de technologies et de services miniers dans la mise au point de solutions intégrées et automatisées dans le but de résoudre les enjeux présents de la construction aux dépenses d’investissement. Par exemple, Newcrest travaille avec Epiroc à l’automatisation de la mine souterraine de Cadia East afin de réduire l’exposition aux dangers, qui est plus grande dans le cas d’opérateurs manuels18.

L’électrification permet de passer à l’énergie verte

Les sociétés minières optent pour des sources d’énergie moins polluantes dans leurs parcs de véhicules et intègrent des technologies renouvelables pour alimenter les exploitations minières. D’ici 2028, la valeur marchande des véhicules électriques en service dans les exploitations minières devrait atteindre 9 G$ US à l’échelle mondiale19.En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’électrification est essentielle à l’amélioration de la sécurité des employés en éliminant le bruit, les vibrations, la chaleur excessive et les gaz d’échappement, ce qui est synonyme de meilleures conditions de travail sur les sites miniers.

Les incertitudes géopolitiques et les exploitations minières illégales ont une incidence sur la production en Afrique et en Amérique latine

L’Afrique et l’Amérique latine représentent collectivement 42 % de la production mondiale d’or, ce qui signifie que la perturbation des activités peut avoir une incidence considérable sur la compétitivité de l’or. Il se pourrait, par exemple, que les modifications fiscales et les manifestations des collectivités locales au Pérou aient une incidence sur le portefeuille de nouveaux projets au cours des prochaines années.

En outre, les exploitations minières illégales en Amérique latine et en Afrique, menées principalement par des sociétés d’exploitation aurifères artisanales à petite échelle, continuent de peser sur la rentabilité des sociétés minières. En 2016, on estimait que, sur la production totale d’or, l’exploitation illégale atteignait 28 % au Pérou, 31 % en Bolivie, 77 % en Équateur, 80 % en Colombie et 91 % au Venezuela, proportions qui n’ont cessé d’augmenter avec la hausse des prix20. Outre l’incidence sur les marges, les activités illégales se répercutent également sur les ressources, la santé et la sécurité des employés étant donné que les conditions d’exploitation ne sont pas normalisées. Par exemple, au Ghana, 60 % des plans d’eau sont pollués en grande partie à cause des activités illégales des sociétés minières à petite échelle21.
 



Résumé

Le marché de l’or devrait demeurer robuste, car il continue de s’imposer comme un instrument de couverture financière contre les incertitudes macroéconomiques. Au cours du premier semestre de 2022, la demande d’or, soutenue principalement par les FNB, a augmenté de 12 % sur douze mois, pour atteindre 2 189 tonnes, et devrait demeurer ferme puisque les taux d’inflation se maintiennent au‑dessus des moyennes historiques malgré le resserrement des politiques monétaires. En outre, compte tenu de l’incertitude géopolitique croissante attribuable à la guerre en Ukraine, les placements aurifères devraient augmenter à court et moyen termes.

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